Macron veut rassurer les agences de notation en demandant aux ministres un plan de réduction des dépenses publiques<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse.
Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse.
©Ludovic MARIN / AFP

Atlantico Business

Faute de pouvoir rassurer les marchés par une réforme des retraites qui est menacée, Emmanuel Macron a demandé à Matignon d’envoyer une lettre de cadrage aux ministres pour qu’ils s’engagent à réduire les dépenses publiques de fonctionnement.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Ça ressemble à une décision darrêter officiellement le « quoi quil en coute ». En demandant aux ministres, de façon très officielle, puisquil sagit dune lettre de cadrage, de proposer urgemment des réductions de dépenses publiques, l'Élysée voudrait de façon urgente rassurer les agences de notation qui vont toutes travailler sur les comptes de la France et rendre leur conclusion en septembre. Cest très important parce quaujourdhui, si la France peut encore emprunter à des taux supportables (moins de 3% par an), cest bien parce que les analystes financiers ont encore confiance dans la qualité de la gestion de l’Etat français et cest aussi surtout que les agences avaient la conviction quEmmanuel Macron réussirait à redresser des comptes du budget social, et notamment de la retraite.

Or désormais, les acteurs du marché qui mesurent la crédibilité de la France sont beaucoup moins sûr de la capacité dun redressement.

Lannée dernière, les perspectives budgétaires françaises n’étaient pas fameuses mais les marchés avaient considéré que la France sortait dune campagne présidentielle un peu tendue avec des promesses un peu illusoires, dautant que la guerre en Ukraine a bouleversé les conditions macro-économiques et notamment explosé les prix de l’énergie et des matières premières agricoles.

A l’époque, les marchés de la dette publique pensaient même que lactivité piquerait du nez et tarirait les rentrées fiscales. Le mal nest pas venu de la croissance ou de lemploi, mais de linflation.  Peu importe. Les marchés ont reporté leur inquiétude sur 2023/2024, notamment pour les pays qui s’étaient beaucoup endettés. Dont la France.

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Ils avaient raison, les taux de largent ont évidemment augmenté pour cause de changement des politique monétaire afin de corriger l’inflation mais certains pays ont pris plus de risques que dautres.  Cest le cas de la France qui, en Europe, a sans doute le plus subventionner les prix à la consommation pour limiter limpact social de linflation.  

Doù la promesse qui avait été faite de contenir lobjectif de déficit budgétaire à moins de 3% cette année. Ceût été réalisable avec une réforme des retraites qui aurait donné un signal très apprécié des marchés.

Mais sans réforme particulière sur la retraite, Bercy aura beau persister sur son engagement, personne ne trouvera Paris crédible. Personne en Europe ne se précipitera pour nous aider - ni les allemands , ni les hollandais , ni les italiens viendront nous faire des cadeaux. Les uns comme les autres ont dautres problèmes à régler.

En plus nos amis européens nauront pas très envie de venir soutenir une France qui ne sest pas privée de leur donner des leçons, que ce soit pendant le Covid ou pendant cette première année de la guerre en Ukraine.

La gouvernance française va donc se retrouver seule avec sa dette.  Plus de 3000 milliards deuros dont il faudra bien financer le coût.

La seule solution pour contenir les taux dintérêt dans une limite supportable va être de convaincre l’épargne internationale, doù lopération spéciale  qui va démarrer cette semaine pour faire le ménage dans les comptes publics.

A priori, et à la demande de l’Élysée, la Première ministre va engager une première négociation avec les membres de son gouvernement et ce qui lui reste de majorité

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1er point , elle va confirmer et décréter la fin du « quoi qu’il en coute… »  possible? pas sûr puisque le gouvernement a déjà annoncé qu’il maintiendrait le plafonnement des prix de l’électricité.

2e point , elle va envoyer les lettres de cadrage qui vont confirmer la revue de détail des dépenses publiques, les audits engagés dans les administrations avec plus ou moins laide promise de la Cour des comptes, mais il va surtout falloir que chaque ministre trouve des économies ou des pistes. Avec comme objectif de faire systématiquement 5% d’économie partout et dire précisément où ? A l’éducation nationale ou à la santé, les deux ministères qui emploient le plus de fonctionnaires, on risque de sarracher les cheveux .

3e point , elle pourrait ne pas suspendre les projets de baisse dimpôts prévus parce que ces projets relèvent plus dune décision politique du président de la République, qui avait promis ce reflux fiscal. Mais le prochain budget pourrait revenir sur la liste et les montants des subventions et des aides à la production. Mais là encore, ça devrait crier.

En dehors de ces actions très techniques et comptables, il faudra bien toucher aux dépenses structurelles si on veut réduire de façon significative les engagements de l’Etat.  Et pour réduire durablement les engagements de l’État, il ny a que deux moyens  :

-ou bien on accroit son efficacité, cest-à-dire sa productivité.  Mais ça risque d’être compliqué  ; il faudrait forcément sceller un accord avec les syndicats. Or la relation avec les syndicats nest pas fameuse.

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-ou bien on réduit le périmètre de l’Etat, on délègue et on privatise tout ce qui pourrait être privatisé, mais là, il faudrait sceller un accord avec une majorité politique que le gouvernement na pas.

Enfin, il faudra bien régler la question des lois de programmation.  La France a cette manie de prendre des engagements de dépenses pluriannuelles  (la dernière en date étant la loi de programmation militaire de plus de 400 milliards sur 7 ans). Les lois de programmation nont que des avantages, sauf que leur activation hypothèque le montant des dépenses de fonctionnement annuel. Et la baisse des dépenses de fonctionnement annuel est loin d’être actée.

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