Coronavirus : quand les experts américains en sécurité biologique alertaient sur les risques posés par le laboratoire chinois ultra sensible de… Wuhan<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
coronavirus (image microscopique)
coronavirus (image microscopique)
©DR

Le fugitif

Alors que le coronavirus, d'abord cantonnée à l'Asie, s'est depuis propagé dans plusieurs pays, notamment la France, les théories les plus folles au sujet de son origine circulent sur internet. L'une d'entre elles, précise qu'il aurait pu s'échapper d'un laboratoire situé dans la vile Wuhan.

Natalie Maroun

Natalie Maroun

Natalie Maroun est directrice-conseil et analyste chez Heiderich Consultants, spécialisée dans la gestion et la communication de crise. Elle travaille également pour l'Observatoire international des crises (OIC). 

Voir la bio »

Alors que le coronavirus, d'abord cantonnée à l'Asie, s'est depuis propagé dans plusieurs pays, notamment la France, les théories les plus folles au sujet de son origine circulent sur internet. L'une d'entre elles, précise qu'il aurait pu s'échapper d'un laboratoire situé dans la vile Wuhan.

Atlantico : Si dans les faits cela est plausible, il convient quand même de se pencher davantage sur l'information. Alors, info ou intox ?

Natalie Maroun : Il faut sans doute rappeler qu'un virus ne s'échappe pas d'un laboratoire tout seul. Si la souche est issue d'un laboratoire confiné, il convient de comprendre comment le virus a pu se trouver à l'extérieur puis en contact avec ses hôtes. Les process de biosureté et de biosécurité en laboratoire sont là pour garantir qu'à toutes les étapes de la manipulation, l'agent pathogène ne puisse pas contaminer les opérateurs, les contenants etc, à travers différentes étapes y compris son transport ou celui des déchets contaminés. Deux hypothèses permettent d'expliquer une potentielle contamination ayant un laboratoire pour origine, la piste accidentelle (l'erreur humaine, la négligence) ou la piste délibérée. Pour l'heure il est impossible de savoir si la souche provient d'un laboratoire ou d'un réservoir naturel (chauve-souris, serpent, etc).

Atlantico : En 2017, un article de Nature exposait les craintes de divers spécialistes, lesquels alertaient sur la possible fuite d'agents pathogènes d'un laboratoire situés à Wuhan, ville d"origine de l'actuelle épidémie de corona virus. Ce scénario est-il crédible ? De manière générale, un virus peut-il s'échapper d'un laboratoire bien qu'il bénéficie du niveau de sécurité "BSL-4" soit le niveau de confinement biologique le plus élevé du pays ?

Natalie Maroun : Un laboratoire de niveau de sécurité BSL-4 (en français P4) est susceptible de stocker un certain nombre de virus extrêmement pathogènes. Les règles déontologique de biosécurité stipulent cependant que les chercheurs ne fabriquent pas de nouveaux virus comme le feraient des apprentis sorciers.  Or, le nCov-2019 présente un certain nombre de mutations qui privilégient la thèse du réservoir naturel.

Atlantico : Des articles pointent du doigt la proximité entre le laboratoire et l'un des marchés de poisson de la ville dont serait originaire l'épidémie. Cette théorie est-elle crédible ? Ne se base-t-elle pas sur une coïncidence qui paraît un peu trop grosse ?

Natalie Maroun : Cette théorie ferait le scénario d'un bon film de science-fiction. Je laisse les lecteurs regarder l'environnement  autour du laboratoire P4 à Lyon à proximité immédiate du stade de Gerland pour comprendre que ce n'est pas une exception.  En tout état de cause, si ce scénario se développe ce jour, c'est que la communication des autorités chinoises peine rassurer sur l'état de l'épidémie, ses causes et sa prise en charge. Or, en communication du risque sanitaire, nous savons que les fake news naissent des doutes et des craintes des populations incapables de prendre en charge leur propre sécurité. 

Atlantico : Si un scénario tel que celui-ci est probable comment s'assurer de la sécurité des laboratoires ? N'est-ce pas là une théorie qui risquent de créer une certaine paranoïa ?

Natalie Maroun : Les premiers exposés dans un laboratoire sont les opérateurs eux-mêmes, or aujourd'hui, ils sont les principaux acteurs en capacité de contenir le risque biologique dans les laboratoires en se basant sur les directives de l'OMS, les bonnes pratiques en matière de biosécurité.  Cela est complété par des formations régulières, des audits constants afin de garantir la sécurité des installations et des personnes qui y travaillent. L'hypothèse d'un scénario délibéré en revanche ne peut jamais être écarté d'emblée car il est envisageable à des fins de bioterrorisme.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !