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COP 25 :  l’heure est-elle venue de changer totalement de méthode politique pour casser notre impuissance à réduire les émissions carbones ?
©DON EMMERT / AFP

Environnement

Les Nations Unies, via le PNUE, viennent de publier un rapport sur les émissions de gaz à effet de serre. Afin de maintenir la hausse de la température moyenne globale en dessous de 1,5 degré d'ici 2100, les Etats devront se fixer des ambitions cinq fois supérieures.

Rémy Prud'homme

Rémy Prud'homme

Rémy Prud'homme est professeur émérite à l'Université de Paris XII, il a fait ses études à HEC, à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de l'Université de Paris, à l'Université Harvard, ainsi qu'à l'Institut d'Etudes Politique de Paris. 

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Vous ne connaissez peut être pas le PNUE, le programme des Nations-Unies pour l’Environnement, qui vit heureux et caché à Nairobi, et qui vient de sortir un rapport. Sur le climat bien sûr. En première page, la photo d’un paysage lunaire dévasté par des dizaines d’éoliennes avec comme légende : « En Roumanie des éoliennes qui produisent de l’énergie durable (sic)». Vous l’avez déjà lu cent fois, ce rapport: tout va mal, très mal, il ne nous reste plus que quelques jours pour empêcher la fin du monde, aux larmes citoyens ! qu’un CO2 impur abreuve nos sillons.

C’est qu’il résiste, cet ennemi public n° 1. Bien loin de diminuer drastiquement, comme on nous l’a triomphalement promis, juré, à la COP de Paris en 2015, les rejets de CO2 continuent d’augmenter. Ils augmentent même plus vite qu’avant 2015. De près de 1200 millions de tonnes (presque quatre fois les rejets annuels de la France) entre 2015 et 2018. Le coup de maillet vert de M. Fabius leur a donné de l’élan. Quand on y regarde de plus près, on voit que cette augmentation est entièrement le fait des pays hors OCDE, c’est à dire principalement des pays pauvres, et notamment la Chine et l’Inde. Dans les pays de l’OCDE, les rejets de CO2 ont pratiquement stagné. Ils ont un peu diminué dans certains pays, comme les Etats-Unis de l’horrible Trump, ou le Royaume-Uni, ou l’Allemagne, et ils ont légèrement augmenté dans d’autres, dont la France, la Roumanie (chère aux propagandistes du PNUE), l’Espagne, ou la Turquie.

L’explication est simple : les pays pauvres ne veulent pas réduire leurs rejets de CO2, et les pays riches ne le peuvent pas. Une image résume ce contraste : dans les trois ou quatre années à venir, la France va fermer ses quatre centrales à charbon; dans le même temps, la Chine va en ouvrir quatre cent; et cela fera 396 centrales à CO2 de plus.

Les pays pauvres le disent très clairement : leur priorité c’est réduire la misère, pas les rejets de CO2. Tous les PNUE du monde ont beau leur expliquer qu’ils ont tort, que l’éolien n’est pas plus cher que le charbon, et qu’il faut réduire sa consommation, ils n’en croient rien, et ils ont bien raison. Nos écologistes, contre tout bon sens, nous ont longtemps présenté la Chine comme un « pays modèle », qui montrait la voie en matière de lutte contre le climat ; ce contre-sens a fait sourire les Chinois, mais ne les a pas ébranlés.

Les pays développés, ou leurs dirigeants, préfèrent au contraire la réduction des rejets de CO2 à la réduction de la misère. Ils répètent en boucle que cela n’entraîne pas ceci. Mais ils se trompent. Les mesures anti-CO2 - de la taxe carbone aux renouvelables intermittents en passant par la chasse aux voitures - enrichissent les banquiers de la finance verte. Mais en augmentant le coût de la mobilité ou de l’électricité, elles frappent les plus pauvres d’entre nous. La révolte des gilets jaunes l’a bien montré hier, l’étranglement de l’industrie automobile le montrera demain. Lorsque les bobos prêchent le serrage de ceinture, il ne s’agit pas de leur ceinture, mais de celle des autres. 

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