Avec The Amundi Evian Championship, la France s’offre le seul tournoi majeur de golf en Europe et milite pour l’égalité homme/femme<!-- --> | Atlantico.fr
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Yealimi Noh dispute l'Amundi Evian Championship à Evian, tournoi majeur du calendrier féminin, le 25 juillet 2021.
Yealimi Noh dispute l'Amundi Evian Championship à Evian, tournoi majeur du calendrier féminin, le 25 juillet 2021.
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Atlantico Business

Jusqu’à dimanche, les meilleurs golfeurs du monde se retrouvent à Évian. Pour un tournoi qui est aujourd’hui le mieux doté et qui milite pour l’égalité femmes-hommes dans l’univers sportif du golf international très convoité.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Alors que de plus en plus de champions mondiaux de golf se voient un avenir doré du coté de l’Arabie saoudite et délaissent les parcours occidentaux, le golf professionnel féminin a trouvé du cote d’Evian, un modèle de développement propre capable de protéger les valeurs traditionnelles et surtout sportives du golf.  

Depuis près de 20 ans, toutes les grandes joueuses de golf du monde ont rêvé de gagner à Évian, la nouvelle génération n’échappe pas à cette ambition. A côté des Asiatiques très nombreuses, les Américaines et les Européennes reviennent dans le tableau de tête.

Cette année, trois Françaises au moins pourront prétendre inscrire une performance à leur palmarès, dont Céline Bouter qui cartonne sur le circuit américain.

Mais cette année, le jeu devrait être dominé par les sœurs Korda. Les deux filles du champion de tennis qui avait fait pleurer Roland Garros, il y a plus de 30 ans. Nelly aujourd’hui, la plus jeune, qui a été numéro 1 mondiale il y a deux ans, et qui revient sur le circuit après une blessure, pour essayer de reconquérir son titre. En attendant, elle touche les Américains par sa force et son élégance, séduit les Européens et affole les sponsors. Dimanche soir, elle peut prétendre au sacre sur le green du 18e trou.

Ce tournoi de golf à Évian est une invention française qui a révolutionné le spectacle golfique et la pratique des joueuses professionnelles. Sans beaucoup de bruit, il participe aussi à convaincre les jeunes qu’ils peuvent revenir vers ce sport qui reste assez peu pratiqué en France alors que c’est le sport qui, dans le monde, a le plus de licenciés. 

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Créé par Antoine Riboud, le fondateur du groupe Danone, sur ses terres d’Évian (filiale star du groupe), il y a 28 ans, cette compétition a toujours respecté la volonté de départ : développer les valeurs propres au golf féminin. Il y avait une place à prendre dans ce sport créé au départ par des hommes et dont la pratique était réservée aux hommes dans les plus grands clubs du monde.

A l’époque, l’égalité femme/homme n’était pas à la mode. Il a donc fallu à Franck Riboud et à Jacques Bungert, qui ont très vite repris l’organisation, beaucoup de détermination, de travail et un peu d’inconscience pour réussir à faire de ce tournoi le premier du monde.

Il fallait un lieu, il existait en balcon sur le lac Léman, il fallait une capacite d’hébergement avec le resort d’Évian, il fallait aussi trouver de l’argent auprès de sponsors, lesquels à l’époque, préféraient le foot ou le tennis.

Franck Riboud a fidélisé le groupe Danone et les eaux d’Évian qui partaient à la conquête des marchés internationaux. Cela a permis de convaincre d’autres partenaires, Rolex notamment qui est historiquement le premier partenaire du golf dans le monde.

Depuis deux ans, le groupe Amundi Asset management, un des plus gros fonds d’investissement d’origine française, s’est pris au jeu en relayant Danone, mais avec la volonté de développer les valeurs portées par Franck Riboud et Jacques Bungert.

Le budget de ce tournoi est important mais restera confidentiel, pas question de rentrer dans un débat de chiffre avec les Américains ou les Saoudiens qui ont investi le golf homme.

Mais ce que l’on sait, c’est que l’ambition est de se développer au niveau international avec la garantie que l’argent aille aux joueuses.

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Parce que sur les marchés sportifs, le nerf de la guerre se sont les joueurs et joueuses eux mêmes. Le succès vient principalement de leur talent et de leur performance. Donc à Évian les participantes sont choyées. Et la contribution des sponsors est fléchée directement sur elles. Le Price-money est passé cette année de 4,5 millions de dollars à 6,5 millions. La gagnante sort du green le dernier jour avec près d’un million d’euros de gains mais les autres joueuses ne sont pas oubliées, puisque toutes les joueuses qui sont inscrites et qui ne passeront pas les deux premiers tous, c’est-à-dire le Cut, vont néanmoins recevoir 2500 euros, de quoi financer une partie de leur frais. C’est une innovation du golf féminin appliquée par les cinq majeurs féminins depuis cette saison.

L’objectif est économique évidemment mais il est aussi sportif : faire en sorte que les « filles » puissent pratiquer leur sport et en vivre, ce qui pour beaucoup n’est pas si facile. Pour ce faire, il faut beaucoup jouer, que le spectacle et la compétition attire du monde et des sponsors.

La percée de grandes joueuses françaises sur les circuits internationaux était inimaginable il y a encore quelques années. Aujourd’hui, les Céline Boutier, les Pauline Roussin-Bouchard, Perrine Delacour … jouent les locomotives auprès du public français et participent évidemment au développement du golf en France.

Parce que, contrairement à une idée reçue, le golf n’est pas réservé à une élite. Il y a des golfs en France, beaucoup de golfs et ils ne sont pas cher d’accès.

Pour l’anecdote c’est grâce en partie à la faillite du Crédit lyonnais, qui avait beaucoup investi sans prévoir des business plans très sérieux. Résultat ; comme c’est le contribuable français qui a payé la facture du Crédit lyonnais, les parcours de golf sont amortis et peuvent aujourd’hui accueillir les joueurs et les joueuses. Et les enfants, même si l’école ne l’apprend pas aux enfants. Mais c’est un autre débat.

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