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Arnaud Montebourg contre Benoît Hamon : qui sera le plus à même de capter l'électorat à la gauche du PS ?
©Reuters

Guerre des roses

Bien que moins médiatique, Benoît Hamon, par ses réseaux au sein du PS et sa fibre sociale, est en capacité de capter une bonne part de l'électorat situé à la gauche du PS. De là à damer le pion au très médiatique et charismatique Arnaud Montebourg ?

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Ils avaient pourtant trinqué ensemble. Dans leur verre, ce jour là, une cuvée au goût amer, celle du redressement, qui leur valut d'être remerciés par le président de la République. C'était en août 2014. Depuis, les deux hommes n'ont pas partagé de nombreux apéritifs. Chacun a repris sa vie, Benoît Hamon à l'Assemblée et à la gauche du PS, Arnaud Montebourg s'est, pour sa part, reconverti en chef d'entreprise, se tenant soigneusement éloigné du parti. Hier, leurs chemins se sont encore éloignés, les voilà désormais adversaires.

Depuis plusieurs mois, Arnaud Montebourg ne cache pas son envie de se présenter à la primaire du PS. Avant l'été, les choses se sont précisées et si rien n'est encore officiel, selon le Canard Enchaîné, il aurait commencé à envoyer des SMS à ses proches leur rappelant que "le plafond légal des dons (faits à un candidat à la présidentielle) est de 7 500 euros défiscalisé à hauteur de 66%". Les statuts de son micro-parti ont récemment été déposés, permettant ainsi de lever des fonds pour une éventuelle campagne. Son grand retour, annoncé pour ce week-end à Frangy, devait constituer une nouvelle étape sur la route de l’Élysée.

Mais son ancien complice, au risque de passer un peu inaperçu en plein cœur de l'été, vient donc de lui griller la politesse en annonçant sa propre candidature au journal de 20h mardi soir. Une belle épine dans le pied de l'ancien ministre de l’Économie car bien que moins médiatique, Benoît Hamon est en capacité de capter une bonne part de l'électorat situé à la gauche du PS.

Le député des Yvelines a, en effet, depuis bien longtemps, constitué un réseau de poids au sein du PS grâce à son courant "Un monde d'avance" qui a rassemblé, en 2008 lors du Congrès de Reims, 18,52% des suffrages. Rallié à la majorité lors du congrès de Toulouse en 2012, le courant a perdu une bonne partie de ses troupes et de ses cadres mais peut constituer une base non négligeable pour une campagne. D'autant que Benoît Hamon bénéficie aussi de solides relais au sein des MJS. L'un de ses proches en est président, ce qui était déjà la cas de sa prédécesseure. Or, la force de frappe de jeunes militants, qui ne comptent pas leurs heures, passent leurs nuits à coller des affiches et leurs journées à distribuer des tracts, est sans égale. Arnaud Montebourg, lui, n'a pour le moment constitué ni réseau politique ni cercle militant et n'a pas su garder, auprès de lui, les personnalités qui l'ont soutenu au cours des précédentes batailles, notamment celle de la primaire de 2011.

Il n'est entouré aujourd’hui que d'une poignée de fidèles, de quelques députés frondeurs comme Christian Paul et Laurent Baumel. Il aurait cependant obtenu, cet été, le soutien non négligeable de Pierre Laurent qui pourrait lui apporter ses réseaux. Or, en terme de force militante, la place du Colonel Fabien vaut bien la gauche du PS.

Benoît Hamon cherche, lui aussi, depuis longtemps des alliés de poids. Un dîner secret aurait été organisé mardi 28 juin, avec Christiane Taubira et Cécile Duflot. Les anciennes ministres l'auraient-elles, à cette occasion, assuré leur soutien ? Ce qui est certain, c'est que Benoît Hamon est bien plus EELV-compatible qu'Arnaud Montebourg qui, depuis quelques temps, met pourtant en avant ses engagements pour l’environnement mais qui n'a jamais entretenu de très bonnes relations avec Cécile Duflot. Enfin, alors qu'Arnaud Montebourg n'a encore rien dit de son programme, l'ancien ministre de l’Éducation caresse l'électorat de gauche dans le sens du poil en proposant de "poursuivre" la réduction du temps de travail et d’instaurer un "revenu universel d’existence". "Je pense que le travail, c’est important, et j’ai lutté pour faire reconnaître le burn-out mais il faut reprendre la marche vers la réduction du temps de travail à la fois pour le bien-être au travail et pour la réduction du chômage", a-t-il expliqué, hier, sur France Inter.

Mais malgré ces quelques longueurs d'avance, et même s'il constitue réellement un problème, Benoît Hamon devrait avoir du mal à damer le pion à son ancien collègue du gouvernement. En effet, Arnaud Montebourg bénéficie d'une visibilité et d'une aura médiatique bien supérieure. Son sens du verbe et son éloquence en font un invité apprécié des médias, écouté des Français et aussi des chefs d'entreprise susceptibles de soutenir financièrement sa campagne. De plus, il espère que son parcours de chef d'entreprise, loin du monde politique, s'il constitue un handicap en terme de réseau militant, constitue une véritable qualité aux yeux des Français qui honnissent la politique et tout ce qui la touche de prêt ou de loin. Enfin, si Benoît Hamon met en avant sa fibre sociale, seul Arnaud Montebourg incarne le patriotisme économique cher au cœur de toute une partie de la gauche et notamment celle issue du Parti communiste. Un patriotisme économique qu'il a eu bien de mal à imposer lors de son passage au gouvernement, ce qui, déjà à l'époque, faisait de lui le véritable opposant à François Hollande.

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