Anorexiques des paddocks : mais pourquoi les pilotes de Formule 1 s'affament-ils ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Sport
Anorexiques des paddocks : mais pourquoi les pilotes de Formule 1 s'affament-ils ?
©REUTERS/Mathieu Belanger

Crevettes sur roues

A cause d'une nouvelle réglementation sur le poids des voitures, les pilotes de Formule 1 se soumettent à des régimes alimentaires drastiques qui peuvent les mettre en danger.

François Duforez

François Duforez

François Duforez est médecin au centre du sommeil et de la vigilance de l'Hôtel-Dieu, à Paris.
Voir la bio »

Atlantico : Depuis cette année la réglementation pour les grands prix de Formule 1 stipule que la voiture et le pilote doivent faire à eux deux 671 kilos. Les pilotes sont donc au régime pour s'y conformer. En quoi une perte de poids influe-t-elle sur une course ?

François Duforez : Une perte de poids chez le pilote veut souvent dire que son hydratation n'est pas suffisante.

Or il est classique de savoir que 2% de perte par  déshydratation de poids de corps, c’est 20% de fonctionnement cérébral psychomoteur en moins, ce qui pour un pilote peut être dommageable, non seulement en termes de performance, mais aussi de sécurité.

Par exemple un pilote de 70 kg qui perd 1kg4 par rapport au poids idéal, cela équivaut à une baisse de 20% dans les tests psychocognitifs (temps de réactions complexes, prise de décision, etc.).

Pourquoi ce changement de règlement ?

En 1997 par exemple, le règlement était de 600 kg pour la voiture et le pilote, avec des moteurs V 10, sans système de récupération d’énergie.

Le réglement de 2014 indique que le poids est de 690 kg maximum, pilote et voiture compris, parce que le nouveau moteur V6, combiné au poids des batteries des systèmes de récupérateur d’énergie, est plus lourd. Le problème , c’est que ces changements mécaniques sont beaucoup plus lourds dans la réalité que les estimations prévues par le  nouveau règlement qui a été édicté avant la réalisation de ces nouveaux systèmes.

La variable d’ajustement pour respecter la limite inférieure est donc devenue cette année le poids des pilotes pour certaines écuries ayant des pilotes plus grands et plus lourds que les autres. On estime que 10 kg de plus équivalent à 3 dixièmes au tour.

Jean Eric Vergne (écurie Toro Rosso) a été hospitalisé entre les grands prix d'Australie et de Malaisie à cause de son régime. Quels sont les dangers d'une perte de poids pour les pilotes pendant les courses ?

Si la perte de poids est due à une déshydratation trop importante (un pilote en F1 embarque généralement 500 ml de boisson énergétique en course, ce qui n’a pas été vraisemblablement le cas du pilote Jean Eric Vergne en Australie), le risque réside dans l’augmentation des erreurs, donc des accidents en course, voire "le coup de chaleur", qui est un emballement de la température du corps et qui entraîne un malaise potentiel, nécessitant une prise en charge médicale rapide post-effort.

Physiquement, à quels autres sportifs les pilotes de F1 vont-ils devoir le plus ressembler ?

Dans les conditions actuelles, les pilotes "jockeys" avec une bonne musculature au niveau du cou seront avantagés. On pourrait aussi encisager des "marathoniens", secs et costauds du haut (épaules et cou), ou des petits cyclistes de type grimpeur.

Les rugbymen, eux, ne rentrent pas dans la voiture, et sont trop lourds, les footballeurs ont des jambes trop lourdes, et les tennismen, bien souvent, sont trop grands !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !