Albert Camus, un surdoué tragiquement heureux<!-- --> | Atlantico.fr
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Portrait daté du 17 octobre 1957 de l'écrivain français Albert Camus à qui l'Académie suédoise vient d'attribuer le Prix Nobel de littérature.
Portrait daté du 17 octobre 1957 de l'écrivain français Albert Camus à qui l'Académie suédoise vient d'attribuer le Prix Nobel de littérature.
©STF / AFP

Bonnes feuilles

Hélène Vecchiali publie « Un zèbre sur le divan : Comprendre le mal-être de certains surdoués, de l'enfance à l'âge adulte » aux éditions Albin Michel. Pourquoi certains surdoués sont-ils malheureux ? Hélène Vecchiali, psychanalyste, propose des réponses à cette question à travers le récit de la vie d'Henri et de sa compagne Sylvie, deux « zèbres » autrefois malheureux. Extrait 2/2.

Hélène Vecchiali

Hélène Vecchiali

Hélène Vecchiali est psychanalyste et coach, et autrice de nombreux ouvrages parmi lesquels Mettre les pervers échec et mat (Marabout, 2017) et chez Albin Michel Le Silence des femmes (2019). 

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Résumer Albert Camus en quelques lignes est utopique, peut-être même irrévérencieux. Il est seulement question ici, à l'aide de quelques épisodes, de souligner comment se traduit la surdouance chez un personnage pur, noble et aussi exceptionnel.

Incontestablement, Albert Camus possède une intelligence supérieure. Orphelin de père, ayant une mère illettrée et sourde, vivant une enfance sans culture, sans livres, sans dialogues, le jeune Albert parvient à surprendre son maître, Louis Germain, par sa vivacité d'esprit. Trente-trois ans plus tard, il dédicacera son discours du prix Nobel à ce maître qui lui a sauvé la vie.

Hyperesthésique, Albert Camus a une sensualité quasi mystique accrue par Alger, sa ville tant aimée, avec la chaleur vive du soleil, le parfum entêtant des fleurs et l'odeur enivrante de la mer.

Son attachement viscéral pour la justice ne le quittera jamais. À quatorze ans au lycée, il découvre les inégalités : riches et pauvres, bourgeois et ouvriers, colons et Arabes… Plus tard, il dénoncera la misère en Kabylie, l'antisémitisme, la sauvagerie de la bombe d'Hiroshima, la torture à Madagascar, le massacre de milliers d'Algériens, les camps soviétiques…

Idéaliste, il défend, entre autres, les prolétaires, les républicains espagnols, les musulmans, les Kabyles scandaleusement abandonnés ; il entre dans le réseau Combat pendant la Seconde Guerre mondiale, plus tard il adhère à l'utopie communiste. Il rêve d'un nouveau monde, « une arche d'alliance ».

L'angoisse de mort, quasi innée chez les hauts potentiels, est décuplée pour cet homme qui luttera toute sa vie contre la tuberculose. « Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. » Cet incipit ouvrant Le Mythe de Sisyphe est frappé au coin du bon sens pour tout Martien qui ne peut, comme les Terriens, se leurrer sur l'incongruité de notre fin inéluctable.

Passionné, Albert Camus le sera à l'infini : foot, femmes, philosophie, lecture, écriture, journalisme, théâtre, politique, et bien sûr Alger et l'Algérie. Absurdité, Révolte, Amour, voilà le triptyque qui nourrit ses multiples engouements qui le dévorent tous en même temps.

Ces mêmes passions l'amènent à porter, pour beaucoup d'entre elles, un intérêt atteignant parfois un niveau obsessionnel : il s'enferme pour écrire son roman L'Étranger, il travaille dix heures par jour son essai explosif L'Homme révolté, il va jusqu'à écrire plusieurs livres en même temps.

Comme tous les surdoués, Camus n'échappe pas à un état durable de solitude. Toutefois sa vie sociale est dense : troupe théâtrale, Parti communiste, nombreux amis, nombreuses femmes et immense charisme. Pourtant, dans ses carnets, il avoue se résoudre à accepter sa singularité, sa solitude, étant ainsi au plus près de sa vérité.

A lire aussi : Les surdoués ne sont pas des génies et voilà pourquoi

Extrait du livre d’Hélène Vecchiali,  « Un zèbre sur le divan : Comprendre le mal-être de certains surdoués, de l'enfance à l'âge adulte », publié aux éditions Albin Michel

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