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La France pourrait-elle emboiter le pas de l'Allemagne et se passer du nucléaire d'ici vingt ans ?
La France pourrait-elle emboiter le pas de l'Allemagne et se passer du nucléaire d'ici vingt ans ?
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Après l'Allemagne...

Alors que 33 puissances nucléaires civiles du monde se réunissent à Paris mardi et mercredi pour repenser la sûreté nucléaire après Fukushima, se pose la question qui fâche : La France pourrait-elle emboiter le pas de l'Allemagne et se passer du nucléaire d'ici vingt ans ?

Benjamin  Dessus

Benjamin Dessus

Benjamin Dessus est ingénieur et économiste, président de l'association Global Chance.

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Atlantico : Les puissances nucléaires civiles réunies mardi et mercredi à Paris ont-elles raison de s'auto-féliciter de la sûreté de leurs centrales ?

Benjamin Dessus : Il s'agit uniquement de la conséquence de la pression d'un lobby bien organisé qui veut continuer, et du conservatisme classique des gens qui n'ont pas envie de changer d'avis. Cela ne doit pas nous faire oublier qu'aucune industrie nucléaire n'est sûre. La française pas plus que celles des Japonais ou des Allemands.

Avant Fukushima, la population française croyait que le nucléaire français était plus sûr que la moyenne, car on n'avait que l'exemple de Tchernobyl, qui était considéré comme un accident soviétique avant d'être un accident nucléaire. A l'occasion de l'accident japonais, on s'est rendu compte que cela pouvait arriver dans un pays hautement développé et sérieux comme le Japon.

En France, on ne risque certes pas d'avoir de tsunamis de 12 mètres de haut, mais on peut avoir d'autres problèmes. En effet, un accident nucléaire peut être provoqué par un simple arrêt de l'alimentation en eau des réacteurs, qui peut se produire pour une infinité de raisons, de la chute d'un pilonne à haute tension au sabotage... On n'est donc pas à l'abri d'un accident - l'Autorité de Sûreté du Nucléaire (ASN) le dit très clairement -, et on en est d'ailleurs passés très près pendant la grande tempête de 1999 [dans la centrale du Blayais, ndlr].

Toute forme d'énergie n'a-t-elle pas toujours été assortie d'un certain risque ?

Il y a une différence de nature entre les accidents « classiques » et nucléaire. Un barrage qui craque fait 200 000 morts. A l'inverse, si un Fukushima ne fait pas de morts tout de suite, il stérilise des terres pendant très longtemps et se prolonge pendant des dizaines d'années, avec des malades dont on ne sait pas très bien ce qu'ils deviennent.

Pourrait-on sortir du nucléaire ?

Oui, on peut le faire en 20 ou 25 ans. Je ne dis pas que c'est facile, mais c'est faisable.

Si l'on arrête tous les réacteurs actuellement en fonctionnement au terme de leur durée de vie réglementaire, c'est à dire 30 ou 35 ans, on n'aura plus de centrales en France dès 2030.

en 2020, le parc nucléaire serait réduit de moitié : la France pourrait alors s'en sortir rien qu'avec les énergies renouvelables prévues par le Grenelle de l'Environnement, tout en conservant 50 terawatts-heure d'électricité fossile.

En 2030, le nucléaire ayant disparu, il faudrait continuer les économies d'énergie et le développement des renouvelables, tout en conservant encore une cinquantaine de terawatts-heure d'électricité fossile.

La première chose à faire, c'est donc de lancer un vaste programme d'économies d'électricité, car nous n'avons pas réduit notre consommation depuis trente ans au prétexte qu'elle était abondante et bon marché. Les Allemands, qui avaient décidé dès 2000 de sortir du nucléaire, ont instantanément lancé une politique de maîtrise de l'électricité (efficacité des appareils, taxation de l'électricité). Résultat, alors qu'ils avaient la même consommation par habitant que les Français en 1999, ils consomment aujourd'hui 28 % d'électricité de moins que nous. Elle est vendue plus cher en Allemagne, mais comme ils en consomment moins, la part dans leur budget est équivalente. Saurons nous relever le défi ?

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