Rachat de 2,5% du capital de Vivendi : faut-il suivre Vincent Bolloré ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Vincent Bolloré.
Vincent Bolloré.
©Reuters

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C’est son 3e investissement dans Vivendi depuis début mars, et beaucoup se posent la question de savoir s’il faut ou non suivre Vincent Bolloré dans cette stratégie, qui reste encore floue.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Vincent Bolloré détient désormais plus de 14% de Vivendi, soit une participation de 4.7Mads d’euros. Jamais dans le passé il n’avait fait de tels investissements sur une seule société ! Cette semaine, il a acheté 2.5% du capital de Vivendi, c’est son 3e investissement dans Vivendi depuis début mars. L’approche mise en œuvre par Vincent Bolloré pour monter progressivement au capital de Vivendi semble traduire qu’il souhaite prendre le contrôle de Vivendi et non, comme il l’a fait dans le passé, faire "un coup de bourse". Même si la stratégie de Vivendi semble encore peu évidente, beaucoup se posent la question de savoir s’il faut ou non suivre Vincent Bolloré dans cet investissement.

La semaine a été riche en actualité pour Vivendi :

- Achat de Dailymotion.

- Négociation avec un fonds "activiste" américain pour régler des problèmes de stratégie de versement de dividendes.

- Rumeur d’OPA de Vivendi sur Sky, un des leaders Européens de la télévision payante.

Si on analyse plus en détail ces événements : l’achat de Dailymotion est anecdotique au niveau financier pour Vivendi mais traduit une volonté d’allier du contenu aux actifs existants, Canal Plus en particulier. Cet investissement paraît donc pertinent et démontre accessoirement la capacité tactique de Vincent Bolloré pour s’emparer en quelques heures d’une société qui l’intéresse.

En coulisses les discussions ont été intenses : le fonds "activiste" américain PSAM réclamait une plus grande distribution des produits de cessions d'actifs aux actionnaires. Une négociation a eu lieu et a abouti cette semaine : ainsi, après les cessions en cours (GVT et Numericable-SFR) Vivendi convoquera une assemblée afin de proposer une distribution additionnelle de dividende étalée jusqu’en 2017. Au total, Vivendi s'engage à distribuer 6,75 Mads d'euros à ses actionnaires, moins que les 9 Mads réclamés par PSAM, mais le groupe pourrait réaliser de nouveaux versements "si sa stratégie d'acquisition devait nécessiter moins de trésorerie qu'anticipée". De son côté, PSAM accepte la volonté de Vivendi de se transformer en "un grand groupe de médias et de contenus" et retire les résolutions déposées en vue de l'assemblée générale.

Dans le même temps,des rumeurs d’OPA sur Sky ont circulé : il semble que Vivendi ait étudié une série de cibles potentielles dans le secteur de la télévision payante. La trésorerie brute de Vivendi est évaluée à un peu moins de 15 Mads d’euros quand toutes les cessions d’actifs auront été bouclées et même à 18 Mads d’euros en incluant les participations résiduelles. Avec un peu d'endettement supplémentaire en cas de besoin, Vivendi a donc largement de quoi faire des acquisitions. En combinant Canal+, présent en France, Pologne, Afrique et Vietnam avec Sky, Vivendi donnerait naissance à un géant et un leader de la TV payante en Europe (plus de 30 millions d’abonnés au total) mais utiliserait en une seule fois toutes ses capacités.

Tout miser sur Sky et la TV payante à un moment où Netflix, HBO et d’autres acteurs de l’internet modifient les usages en termes de consommation de la télévision serait certainement très risqué et, de fait, pour le moment Vivendi a démenti s’intéresser à Sky.

Le démenti était suffisamment vague pour laisser ouverte toutes les options. Vivendi va probablement être actif dans la Télé payante avec Sky ou une autre cible. La rumeur d'un intérêt pour Sky avait, en outre un timing parfait, l'avantage de calmer le fonds activiste.

Vincent Bolloré aurait probablement préféré prendre son temps pour investir encore dans Vivendi ou préciser sa stratégie d’utilisation du cash disponible : il connaît la valeur de la patience et s’est montré souvent imperméable à la pression du "marché" l’invitant à agir trop vite à son goût et si Vivendi parvient à convaincre les actionnaires activistes que l’avenir du groupe se joue dans la TV payante, la direction devrait atténuer les pressions qu’elle subit pour augmenter "le retour vers les actionnaires".

En attendant Vincent Bolloré devrait continuer à grignoter du capital de Vivendi dès qu'il le pourra mais probablement plus lentement que ces derniers temps... Le cours devrait donc continuer à progresser à terme !

Les "suiveurs" de Bolloré font donc un double pari : que Bolloré va poursuivre son ramassage et que sa stratégie dans la télévision payante sera pertinente... Le rendement énorme du titre leur permettra de patienter sans problème et devrait rendre ce pari gagnant d'ici 2017.

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