Quand les légendes se télescopent sous le marteau et quand l’essence prouve l’existence: c’est l’actualité des montres à la veille d’Halloween…<!-- --> | Atlantico.fr
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La légende Paul Newman associée à la légende Rolex recrée une légende horlogère orchestrée au marteau par une légende émergente…
La légende Paul Newman associée à la légende Rolex recrée une légende horlogère orchestrée au marteau par une légende émergente…
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Mais aussi un fameux Français méconnu au pays de l’or noir, un agenda impérial retrouvé au Palais-Royal et un magicien des aurores boréales perdu dans une vallée suisse…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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ROLEX + AUREL BACS : Un coup de marteau à quinze millions d’euros…

Cette nuit, en dix minutes, à New York, l’horlogerie a changé de visage : la star des enchères pour les montres de collection, le Suisse Aurel Bacs (Phillips + Bacs & Russo) a adjugé pour 17,7 millions de dollars la montre Rolex Daytona en acier qui appartenait au comédien américain Paul Newman – celui-là qui a donné son surnom aux chronographes de cette série, les fameuses « Daytona Paul Newman ». C’est un record du monde pour une montre-bracelet (le précédent n’était « que » de 11 millions pour un chronographe Patek Philippe, également en acier) et c’est d’autant plus étonnant que cette montre n’était pas dans un état de fraîcheur remarquable, ni, en soi, particulièrement rare sur le marché puisqu’issue d’une série « industrielle » (évocation vidéo ci-dessous). C’est la preuve que, quand une légende – Paul Newman – se télescope avec un autre mythe – la Rolex Daytona – sous le marteau d’une légende émergente (Aurel Bacs, déjà surnommé « Magic Aurel »), une montre en acier peut se vendre au prix d’une rarissime voiture de collection ou d’un tableau d’art contemporain. Le verso de cette révolution, c’est que la marque qui polarise la passion des collectionneurs n’est plus aujourd’hui, comme depuis quarante-cinq ans, Patek Philippe, mais Rolex, dont les montres battent maintenant régulièrement des records face aux icônes du patrimoine Patek Philippe. Cette nuit, à New York, pour l’horlogerie, c’était un peu l’équivalent de la « nuit du 4 août 1789 » qui avait fondé la Révolution française : l’abolition des privilèges et la fin de l’Ancien régime…

LOUIS MOINET : Loulou au pays de l’or noir…

On peut être un horloger très sérieux sans se prendre au sérieux : témoin cette Black Gold Derrick, récemment récompensée par un trophée aux Good Design Awards. La montre relève de la haute mécanique horlogère, subtile et compliquée, mais aussi du clin d’œil narquois à ce dictateur contemporain qu’est l’or noir : les rouages de la montre son animées par un véritable derrick pétrolier [une première sur le territoire horloger suisse], alors que les secondes défilent sur un cylindre qui dessine un baril de pétrole. Les cours royales des pétro-monarchies adorent cette symbolique et cet hommage dédié à l’or noir par un marque certes suisse, mais baptisée « Louis Moinet » pour honorer la mémoire d’un des plus grands horlogers français (né à Bourges), injustement laissé de côté par les historiens – suisses ! – de l’horlogerie alors qu’on lui doit l’invention du chronographe et des montres à très haute fréquence. On aimerait d’ailleurs que la République rende à Moinet ce qui est à Moinet en dédiant à son génie horloger [reconnu en son temps par le grand Abraham Louis Breguet, qui en avait fait son secrétaire] ne serait-ce qu’un timbre…

KARI VOUTILAINEN : Une aurore boréale resculptée à la main…

Horloger finlandais réfugié dans une vallée horlogère du haut pays vaudois (Suisse), Kari Voutilainen a trouvé la célébrité auprès des collectionneurs du monde entier grâce à ses montres néo-classiques pour ce qui est de la mécanique (heures, minutes et secondes), mais toujours décorées avec un sens un peu déroutant de la couleur. Les cadrans, réalisés dans ses propres ateliers, combinent les techniques traditionnelles de guillochage (on resculpte le métal en stries harmonieuses, avec des machines qui n’ont pas changé depuis le XVIIIe siècle) et des contrastes chromatiques non-conformistes, comme le vert de ce cadran terminé à la main, qui n’est pas sans évoquer les aurores boréales du grand Nord natal de Kari Voutilainen. Née dans un atelier lui aussi à l’ancienne, où les « apprentis » travaillent au contact du « maître », c’est de la belle horlogerie artisanale, qui mérite amplement le « hand made » apposé sur le cadran…

MONDAINE : L’écologie au service du style…

Pour à peu près 150 euros, on peut s’offrir un des chefs-d’œuvre du design contemporain – le fameux cadran des horloges ferroviaires suisses, considéré comme la quintessence de l’art graphique appliqué aux objets du temps – en même temps qu’on fera une bonne action pour l’environnement : le boîtier de cette montre « Essence » [drôle de nom pour un tel concept] est issu de matières premières renouvelables. On a recyclé du caoutchouc naturel, de l’huile de ricin,des plastiques, de la fibre de verre et même des bouteilles en PET (pour l’étui souple multi-usages, qu’on peut réutiliser en étui de téléphone) pour parvenir à cette synthèse post-moderne de l’éthique et de l’esthétique et de l’éthique, au carrefour de l’artisanat horloger et de l’industrie responsable. Mondaine : une marque qui ne se moque pas du monde !

MARCH LA.B : Une maîtrise bipolaire du calendrier…

Une belle signature de marque : « Palais-Royal Paris » pour une maison dont le nom serait plutôt bipolaire (le LA est pour Los Angeles et le B pour Biarritz, le « March » relevant soit du mois de mars en anglais, soit d’une allusion macronienne à la République en marche), un sens très aigu du design (admirez les angles du boîtier, le détail des index cannelés, le travail sur la couronne et les poussoirs, le style des aiguilles, le vert impérial du cadran) et une « complication » aussi astucieuse qu’intelligente dans les compteurs centraux – le jour de la semaine à gauche et le mois à droite, grâce aux douze repères horaires traditionnels. Ceci en plus de la date. Facturée 1 300 euros, cette montre automatique « Agenda » exprime une vraie maîtrise du temps et de ses traces calendaires dans notre quotidien. On ne s’en demande pas moins comment une marque aussi indépendante et « française » que March LA.B a pu avoir l’idée bizarre et légèrement vulgaire de marquer les jours en anglais (« Friday-Tuesday »). Le Palais-Royal, où la marque tient boutique, n’est pourtant pas un condominium britannique ou une colonie yankee…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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