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Quand le plat se complique et quand il faut brûler le bitume : c’est l’actualité des montres pas encore déconfinées
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Atlantic Tac

Mais aussi la nostalgie concave des surfeuses décolorées, le certificat qui redonne confiance, le secret des index horizontaux et le glamour néo-bling d’une certaine « J.Lo »…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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DE BETHUNE : Une nouvelle fluidité esthétique…

Marque-atelier hautement confidentielle dont les initiés se murmurent le nom avec délectation, De Bethune est un de ces laboratoires créatifs qui assurent, depuis l’an 2000, le renouvellement conjonctif du tissu horloger suisse. Cette équipe indépendante – menée par le maître-horloger français Denis Flageollet – s’exprime dans un registre néo-classique, qui vise à recomposer en mode contemporain les codes traditionnels de la montre. Cette DB28XP en est une excellente illustration : XP pour extra-plat, la montre ayant gagné en minceur, en sveltesse et en fluidité esthétique. Que remarque-t-on en la prenant en main ? D’abord, que son boîtier en titane poli la rend très légère et très agréable au porter. Ensuite, qu’elle dispose d’un système original d’attaches du bracelet, une sorte de « berceau » flexible qui permet à la montre de s’adapter à chaque poignet. Le premier regard est accroché par le « guillochage » du cadran légèrement argenté et bordé d’un anneau bleui : ce gravage en creux de traits entrecroisés (en « grains d’orge ») est un très ancien savoir-faire horloger, qui donne de la « matière » à un cadran et qui permet d’y faire contraster les aiguilles, elles aussi bleuies à l’ancienne. Enfin, percé dans ce cadran, un hublot permet de découvrir le « tourbillon » qui tourne sur lui-même en trente secondes (ce qui sert d’indication de la fuite des secondes dans le temps qui passe) : la « cage » de ce tourbillon est un chef-d’œuvre de micromécanique puisque le total de ses 63 composants ne pèse que 0,18 g ! Sa fonction est de régulariser la bonne marche du mouvement en réduisant l’influence de la gravitation sur sa précision [micro-influence dans l’hyperprécision, faut-il le préciser ?]. Une telle débauche de génie mécanicien à un tel niveau d’exécution superlative a évidemment un coût élevé (pas loin de 180 000 euros), on est ici dans l’extravagance de l’exception horlogère. C’est juste le prix à payer pour une montre qui s’impose déjà comme un des plus marquantes de l’année 2020…

BRM : Un nouveau jouet pour les brûleurs de bitume…

S’il y a, dans l’hexagone, une vraie manufacture de haute horlogerie « à la française » et radicalement non-conformiste par rapport aux standards de la haute horlogerie suisse, c’est bien l’atelier BRM (Bernard Richards Manufacture), qui produit en région parisienne à peu près 2 000 montres par an dans un style rugueusement expressif et teinté d’accents mécaniques à forte valeur ajoutée automobile. Comme disait Michel Audiard, « c’est du brutal », mais tous les amateurs de course automobile – amateurs ou professionnels – ne se risqueraient pas sur les circuits sans une BRM au poignet. Chaque détail de la montre relève d’une inspiration influencée par le motor racing : mouvement suspendu par des « amortisseurs », aiguilles en palonnier, boîtier façon soupape et ainsi de suite. Les fans de la marque adorent personnaliser leurs chronographes, en variant les couleurs des aiguilles, du cadran et des poussoirs, avant d’y assortir les surpiqûres du bracelet. En 46 mm de diamètre, cette V12-46-SA-DTQ « jaune » en donne un bon exemple. Bien entendu, il faut compter 12 400 euros pour un tel chronographe automatique à bracelet en tissu technique à mémoire de forme, mais il s’agit d’une pièce unique (« Only 1 ») dont la capacité démonstrative n’échappe à personne, et surtout pas aux brûleurs de bitume et aux amateurs de grosses cylindrées un peu bruyantes.

MARCH LA.B : Un nouveau chic néo-vintage…

La jeune marque française March LA.B a eu le privilège, entre autres, de taper dans l’œil du président Macron, qui a toujours veiller à équiper son poignet de montres françaises. Creuset horloger indépendant, March LA.B (LA pour Los Angeles, B pour Biarritz) a su s’imposer comme un des symboles du néo-chic branché, avec un culte voué aux formes vintage et à des couleurs originales, comme ce vert « anglais » qu’on ne voyait plus dans les vitrines horlogères. On notera le clin d’œil de la couronne de remontage posée à quatre heures et les quatre index horizontaux du cadran (11 h, 1 h, 7 h et 5 h), qui nous précise que cette montre est Made in France (ce qui est à peu près vrai) en même temps que son mouvement est automatique. Même si vous n’êtes pas étreint par une nostalgie des années 1970, vous aurez toutes les chances de succomber au charme et à l’élégance nonchalante de ce boîtier de 39 mm, qui ne vous demandera qu’à peu près 1 350 euros pour rejoindre votre collection personnelle…

Gc WATCHES : Un nouveau star system…

Un peu de douceur pipole et féminine dans cette chronique très (trop) virile. Pour ceux qui l’auraient oublié, Gc est la marque horlogère chic de la marque Guess : des montres Made in France (avec des mouvements suisses) et une option charme qui permet à Jennifer Lopez – « J.-Lo » pour les magazines – de devenir l’égérie de la maison. À son poignet, la Gc Prime Chic décorée des cristaux Swarovski sur fond de nacre, avec assez de dorures et d’éclats de lumière pour transporter les regards dans un univers féérique de glamour hollywoodien et de paillettes médiatiques. Pour un peu moins de 550 euros, c’est la clé d’un nouveau paradis, un rien bling-bling, mais ça fait du bien de temps en temps…

BREITLING : Un nouveau goût pour la plongée…

La collection Superocean remonte, chez Breitling, à 1957 – c’est-à-dire à l’âge d’or des belles montres suisses (c’est la période préférée des collectionneurs). Il était donc tentant pour Breitling de relancer une série de Superocean Heritage 57, puisque le mot « Heritage » est le nouveau sésame magique pour surfer sur la mode vintage qui rhabille toutes les nouveautés 2020. Breitling a été très loin dans la restitution des codes mémoriels d’une « plongeuse » capable de séduire à la ville les amateurs de montres sous-marines aussi bien qu’à la plage la population des surfeurs/surfeuses qui ne se contentent plus de leurs gadgets électroniques de poignet. La touche originale et distinctive, c’est la lunette tournante concave [on la distingue mieux sur la vidéo], qui apporte une vraie identité à cette montre automatique dont la précision du mouvement est certifiée. On aura compris que les nouvelles Superocean sont des montres chic, cool et décontractées, légèrement nostalgiques d’un paradis perdu, celui des plages de sable blond, des grandes vagues qui les ourlent et des surfeuses aux cheveux décolorées par le sel qui chevauchent ces vagues en toute liberté – on imagine aussi les grosses voitures américaines sur le parking et des disques de rock’n’roll dans le juke-box. Tout ce dont on peut rêver en phase de confinement urbain…

TRADEEWATCHES : Une nouvelle sécurité pour les collectionneurs…

Collectionner les montres vintage, c’est bien, mais encore faut-il qu’elles soient « bonnes », c’est-à-dire authentiques et pas « bidouillées » par les virtuoses du bricolage qui prolifèrent sur le marché et qui sont capables de créer cinq montres de collection apparemment plus authentiques les unes que les autres à partir d’une seule rescapée du passé. Sur le marché de la seconde main, discerner le vrai du faux et l’original de la copie devient un exercice de haute voltige, où les experts eux-mêmes finissent par se perdre. Lesquels experts sont si souvent liés à des marchands spécialisés ou à des maisons d’enchères qu’on en vient à flairer d’inquiétants conflits d’intérêt. L’enjeu financier n’est pas négligeable : une montre de collection « bidouillée » peut perdre jusqu’à 90 % de sa valeur théorique ! La jeune équipe française de Tradeewatches propose de sortir de cette incertitude par la création d’un Watch Certificate qui serait une sorte de « juge de paix » infalsifiable puisqu’il serait capable de garantir dans le temps l’identité de la montre et la pérennité de son état – les données de ce certificat d’authenticité sont logées dans une blockchain à peu près inviolable. L’établissement de ce certificat est relativement simple : un horloger professionnel vérifie – photos haute définition à l’appui – un peu plus de quarante points-clés de l’identité de la montre, avant qu’un expert indépendant n’atteste de la conformité de cette quarantaine d’informations aux caractéristiques originelles de la montre. Une fois cette authenticité validée par ce double contrôle, on établit une « carte d’identité » de la montre, dont les données sont enregistrées dans la blockchain et matérialisées par une sorte de carte de crédit porteuse d’un QR code consultable à tout moment sur un téléphone portable. Procédure qui permet d’attester de la valeur supposée de la montre et qui permet de l’assurer intelligemment contre le vol ou la perte. Le prix de cette carte d’identité dépend de la valeur estimée de la montre (99 euros jusqu’à 5 000 euros).

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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