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Quand la Russie allume un nouveau phare et quand le printemps rallume ses couleurs : c’est l’actualité des montres en phase pandémique
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Atlantic Tac

Mais aussi les clous dorés d’un nouveau Paris horloger, l’instrument vintage de ceux qui préfèrent les djebels urbains, les « villains » qui ont le tort de ne pas aimer Batman et les premières victimes horlogères du coronavirus chinois…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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CORONAPOCALYPSE : Les premières victimes sont horlogères…

Il ne fait plus de doute que l’industrie horlogerie suisse sera, en Europe, une des plus touchées par le coronavirus. Moins par le nombre des victimes humaines (encore nul) que par l’impact économique de cette crise pandémique : la première victime en est le Swiss Made ! Pour tout le monde sur cette planète, c’est une notion géographique qui signifie « fait en Suisse », mais, pour les Suisses, c’est une simple notion comptable qui prouve que la majeure partie de la valeur (60 %) a été créée en Suisse. Une montre peut donc être à 95 % « chinoise », mais rester « suisse » quand 5 % de ses composants suisses sont majoritaires en valeur. D’où la tragique sino-dépendance de la plupart des marques de montres, qui seront bientôt à l’arrêt parce que les ateliers chinois où ils sous-traitent un partie de leurs montres sont immobilisés pour cause de coronavirus. Un maillon de bracelet qui manque, c’est une montre Swiss Made qu’on ne peut pas livrer ! L’autre victime [il y en aura d’autres], ce sont les statistiques horlogères : il s’est vendu si peu de montres au cours de ces dernières semaines en grande Chine (zone qui absorbait 70 % de la production suisse) qu’on découvrira sans doute bientôt que l’horlogerie suisse a connu au début 2020 ses plus mauvais mois depuis la… Seconde Guerre mondiale. Dans les états-majors, on panique et on parle d’annuler les grands salons horlogers du printemps, mais, à part ça, tout va très bien, Madame la Marquise – même si on sait désormais qu’Apple a vendu 31 millions d’Apple Watch en 2019, quand toutes les marques de toute l’horlogerie suisse n’en exportaient que 21 millions…

RJ : Le retour des méchants qui hantent Gotham City… 

Franchement, à part Batman, on ne voit pas qui pourrait nous débarrasser des « méchants » qui sont probablement responsables de cette pandémie coronavirale : c’est probablement pour conjurer ce mauvais sort que la maison horlogère indépendante RJ nous repropose une série de montres Arraw consacrées aux ennemis de Batman, les Comics Villains, que sont le Joker et Two-Face. Par son style comme par ses couleurs, le chronographe automatique Joker est effectivement « méchant », avec son cadran qui semble grimé comme le visage du Joker, ses aiguilles travaillées comme des cartes à jouer, son aiguille des secondes violette, taillée en « J » à son extrémité et sa lunette gravée de motifs volontairement « chaotiques ». On en tremble ! Dédiées aux « méchants » de la pop culture occidentale, ces jouets en « jouets de garçon » sont livrées avec des trois bracelets facilement interchangeables, dont un spectaculaire alligator violet vif, ainsi qu’avec un jeu de cartes Joker exclusif, donc collector. Puisqu’on vous dit qu’on est là dans l’horlotainment

ANTON SUHANOV : Le réveil de la Russie haute horlogère…

Atlantic-Tac vous parlait récemment de Konstantin Chaykin. Ajoutons un second nom au palmarès d’une nouvelle haute horlogerie indépendante russe en pleine renaissance : nous parlons du jeune Anton Suhanov, qui nous arrive de Saint Pétersbourg avec un épatante horloge de table Pharos. Dans un « phare » de 19 cm de haut (86 mm de diamètre) dénommé Pharos (nom d’une des sept merveilles du monde antique, qui avait donné son nom à nos phares contemporains), son tourbillon mécanique virevolte sur trois axes sous un spectaculaire dôme de verre saphir : chaque composant du mouvement a été repensé et créé pour animer un double affichage de l’heure (heures et minutes analogiques sur le cadran, secondes déportées sur le tourbillon sous dôme, second fuseau horaire sur un anneau qui porte les villes de référence, réserve de marche à la base du phare), le tout se trouvant « illuminé » par des inserts dont la triple rotation crée un effet de fascination hypnotique. Cette mécanique est d’une complexité rare, qui témoigne d’un incroyable niveau maîtrise technique chez un jeune horloger, qui ose une féerie mécanique ce que les Suisses n’ont plus l’audace de mettre en scène. Cette pendule Pharos sera une des pièces maîtresses des prochains salons horlogers – s’ils ont lieu et s’ils ne sont pas annulés pour cause de coronavirus…

FOB PARIS : Une exacerbation pyramidale dans le goût doré…

La jeune marque indépendante FOB Paris est une plus « remuantes » de la nouvelle scène horlogère parisienne, avec des montres qui osent des formes et des volumes non-conformistes. La nouvelle « Clous de Paris » s’annonce comme faussement plus sage, avec son boîtier rond qui s’offre une couronne facettée à midi, mais sur avec son cadran en « clous de Paris » – un motif traditionnel de la décoration horlogère – surdimensionnée et comme magnifiée par son traitement dans le goût doré. Il y a un certain « brutalisme » dans ces pyramides exacerbées, placées sous un verre saphir bombé qui apporte une rondeur supplémentaire à cette architecture très anglée. Le contraste est superbe : on y sent la patte d’un vrai designer, qui n’est autre qu’Éric Giroud, designer star de l’horlogerie genevoise, qui dessine entre autres les montres de la collection MB&F. Comme on est à Paris, le prix reste très branché parisien (comptez 1 040 euros), mais c’est largement trois ou quatre fois moins que la somme qu’auraient pu extorquer des marques suisses plus connues ! Ils sont de plus en plus sympathiques, ces jeunes loups de l’horlogerie française…

BRISTON : Les neuf couleurs qui annoncent le printemps…

Encore une jeune marque française dont le parcours reste sans faute, alors qu’elle parvient à vendre plus de 100 000 montres par an à travers le monde. Briston, c’est un certain style, une touche française particulière, nonchalante et désinvolte dans son approche des modes de la saison, mais toujours furieusement tendance dans son art de capter avec précision l’air du temps. Les saisons passent, Briston reste, avec sa Clubmaster inlassablement rafraîchie, qui s’offre pour ce début d’année une étourdissante série de couleurs directement dérivée de l’orthodoxie Pantone : mieux qu’un arc-en-ciel de couleurs sur le cadran (bleu glace, gris taupe, bleu nuit, vert émeraude, bleu canard, violet cardinal, couleur baie/mûre, vert d’eau et vert olive : difficile de ne pas trouver son bonheur), c’est un bouquet dans lequel il suffit de piocher pour changer très facilement de bracelet ou même de style de boîtier « tonneau » (tantôt acier, tantôt écaille de tortue, tantôt même façon or rose ou or jaune). Les prix restent très accessibles (entre 270 et 290 euros), mais les finitions valent largement celles des offres suisses plus huppées. Briston, au masculin comme au féminin, c’est un art de vivre avec des montres sans prétention qui font toujours beaucoup d’effet au poignet…

BELL & ROSS : Un goût militaire plus vrai que nature…

Tiens, tant qu’à en remettre une couche à propos de l’excellence française, ne pas négliger l’offre de cette fin d’hiver chez Bell & Ross, maison indépendante française dont l’éloge n’est plus à faire après un quart de siècle à tracer de nouveaux sentiers dans le paysage horloger. Avec son bracelet en sangle élastique de parachute ventral et son cadran vert militaire, c’est l’instrument rêvé pour tous les baroudeurs des jungles et des djebels urbains. Le cadran est évidemment du même style militaire (avec des chiffres et des index luminescents, pré-patinés pour la touche d’authenticité) : on notera au passage l’aiguille des secondes taillée comme une silhouette d’avion et la lunette tournante noire, stricte, fonctionnelle, « instrumentale », qui pourra servir à décompter des temps courts. Le mouvement logé dans ce boîtier Swiss Made de 41 mm est automatique, mais on appréciera aussi le verre saphir en dôme qui complète une des propositions les plus intéressantes de Bell & Ross pour ce début d’année : plus vintage, tu meurs !

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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