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Préparez votre portefeuille à la guerre (commerciale)
©SAUL LOEB / AFP

Atlantico Bourse

Beaucoup d’investisseurs craignent depuis que la planète soit de ce fait entrée dans une véritable guerre commerciale à l’échelle mondiale.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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D.Trump a annoncé il y a quelques jours que les Etats-Unis allaient instituer des droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium. Beaucoup d’investisseurs craignent depuis que la planète soit de ce fait entrée dans une véritable guerre commerciale à l’échelle mondiale. Comment adapter son portefeuille dans ce nouveau contexte de « guerre » ?

         Le projet initial de D.Trump est d’imposer des droits de douane de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur l’aluminium. Il n’y pas vraiment de détail à ce stade…la communication via des tweets du Président des Etats-Unis ne suffit pas pour savoir s’il y aura des exemptions pour certains pays ou si quelques produits spécifiques pourraient passer au travers des droits de douane majorés.

         La cible finale du projet de D.Trump est la Chine mais la réalité est que la Chine n’est pas ou peu concernée : elle représente moins de 2% des importations d’acier vers les Etats-Unis. Les pays les plus concernés sont des pays alliés et amis de longue date des américains : Brésil, Canada, Mexique ou Corée du Sud. L’Europe, via l’Allemagne est aussi en première ligne…Tous ont vivement réagi et ont d’ores et déjà envisagé des ripostes et il semble que M.Trump ait décidé d’exclure le Canada et le Mexique de la liste des pays « à taxer ».

         Si les choses s’enveniment, il est probable que les marchés réagiront. Tout est possible en effet : D. Trump a été clair pendant sa campagne, il veut protéger l’économie américaine…et comme il essaie de respecter ses promesses de campagne, une dégradation de la situation est tout à fait possible.

         D.Trump va peser de tout son poids pour tirer le maximum de profit de ses déclarations dans le cadre des négociations ou des discussions en cours avec les principaux partenaires commerciaux américains. Si les pays victimes réagissent peu ou pas : il continuera en élargissant la liste des produits concernés par des hausses de droit de douane. Si les ripostes sont massives…il fera machine arrière (peut-être) mais tentera de négocier autre chose sur toutes les discussions en cours autour de divers traités commerciaux.

         Dans les portefeuilles, les actions les plus sous pression sont bien évidemment celles des grandes entreprises multinationales qui tirent en moyenne 50% de leurs chiffres d’affaires des marchés internationaux. La première chose à faire est donc d’analyser en détail combien des profits et des chiffres d’affaires sont issus des marchés internationaux pour les entreprises américaines et combien proviennent des Etats-Unis pour les entreprises Européennes.

         Les entreprises françaises sont globalement moins exposées que leurs homologues allemandes par exemple…mais surtout, il apparaît que les entreprises « locales » peu sensibles aux flux internationaux sont pratiquement « immunisées » contre une guerre commerciale. De manière très défensive, il faut donc probablement considérer positivement l’investissement en petites et moyennes valeurs très centrées sur leur marché domestique.  

         Nous ne conseillons jamais à nos clients d’entrer dans des styles de gestion « extrêmes » et l’idée n’est donc pas de sortir de toutes les grandes entreprises exportatrices et d’être uniquement investis sur de petites et moyennes valeurs, mais un rééquilibrage favorable à ce segment nous semble prudent : à investissement constant en actions, le risque de subir une volatilité liée à cette guerre commerciale, diminue un peu avec un arbitrage de ce type.

         Le danger de la situation actuelle est que les décisions de D.Trump ne sont pas lisibles : tout est possible, de l’abandon du projet à une escalade néfaste pour tout le monde. En tout état de cause il faudra analyser précisément la dépendance aux marchés internationaux de toutes les valeurs avant d’investir car même si le risque venait à diminuer à court-terme…les investisseurs auront encore longtemps la menace en tête.

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