Pendant que la France coule, le président déjeune à Clairefontaine et à Rodez<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande à Rodez.
François Hollande à Rodez.
©Flickr

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Pendant que la tension monte en France de tous les côtés, le président de la République la semaine dernière est allé tranquillement déjeuner à Clairefontaine avec l’équipe de France de football, puis s’est rendu à Rodez pour déjeuner chez Michel Bras à Laguiole avec le peintre Soulages. "Du noir surgit la lumière" nous a-t-il annoncé. Tout cela commence à ressembler à Louis XVI, qui continuait à faire de la serrurerie dans son atelier alors que la France s’apprêtait à faire la Révolution.

Peut-être ne voit-il pas que la France se fait distancer par l’Allemagne et le Royaume-Uni en terme d’attractivité. Selon Ernst & Young, 514 implantations en 2013 ont été réalisées par des investisseurs étrangers en France contre 701 en Allemagne et 799 en Grande-Bretagne. Celles qui sont réalisées dans l’Hexagone sont d’ailleurs les moins créatrices d’emplois.

Peut-être ne comprend-il pas que la France s’enfonce dans le chômage alors qu’il recule dans tous les grands pays.

Peut-être ne lui a-t-on pas dit que les rentrées fiscales étaient inférieures de 14,6Md€ par rapport aux prévisions de son gouvernement alors que les recettes fiscales sont en nette hausse. Les dernières observations de la Cour des Comptes qui alerte le gouvernement sur cette évolution ont, paraît-il, fait souffler un vent de panique à Bercy, mais apparemment pas à l’Elysée. 

La confiance dans l’avenir dépend en grande partie du niveau d’investissements

François Hollande aurait dû plutôt rester dans son bureau pour lire l’éditorial de cette semaine de Steve Forbes. Cela lui aurait permis de comprendre ce qui se passait dans l’économie française. Le patron du magazine Forbes explique très simplement qu’il est impossible d’avoir de la croissance économique dans un pays où il y a un arrêt des investissements. Or, pour investir, il faut du capital. Mais le capital provient de l’épargne des ménages et des profits des entreprises. Ce qui a pour conséquence très simple, que toute taxe, toute imposition excessive entrave la création de capital et diminue le retour sur investissement de ceux qui veulent et peuvent prendre des risques. Cela finit par toucher tout le monde et particulièrement les plus vulnérables et les plus faibles.

C’est très exactement ce qui s’est produit en France depuis deux ans. Tant que l’écosystème autour des entreprises ne sera pas radicalement changé - la feuille de route a déjà été rédigée par une multitude de rapports dont il n’a pratiquement été tenu aucun compte par les gouvernements français - tous les seniors qui ont perdu leur emploi et tous les jeunes qui n’en trouvent pas n’auront plus aucune confiance dans l’avenir.

Les créations d’emploi sont plus importantes autour des innovations de rupture

Pour tous ceux qui sont convaincus que la création d’emplois dans un pays ne provient pas d’emplois créés, aidés ou subventionnés par le secteur public, mais développés par le secteur privé, une série d’articles récents permettent de comprendre la stratégie des pays et des sociétés qui gagnent.

Der Spiegel, le grand magazine allemand, a consacré un article passionnant à "Google le maître du futur". Laszlo Bock, le patron des ressources humaines de Google reçoit deux millions de CV par an, car les jeunes qui cherchent un emploi ont le sentiment que l’écosystème offert par sa société va leur permettre de s’épanouir.  Google ne cesse d’investir des montants très importants dans des sociétés ou des équipes capables d’inventer des ruptures en matière d’innovation. La société peut le faire, car elle gagne beaucoup d’argent avec son moteur de recherche, qui est une véritable machine à faire du cash. Parmi les exemples significatifs figurent : Adworks (société rachetée en 2000 qui connecte les recherches et des publicités), AdSense (agence de publicité), YouTube (racheté pour 1,8Md$ en 2006), Chrome (moteur de recherche concurrent de Microsoft  Explorer et Firefox/Mozilla), Google Brain (intelligence artificielle), Google Glass (lunette), Makani Power (drones produisant de l’énergie), Loon (réseau de ballons apportant une connexion WiFI dans les territoires les plus reculés de la planète) , Calico (Google X de labiotechnologie qui a l’ambition d’augmenter l’espérance de vie) , Boston Dynamics (robots qui courent et montent les escaliers), Rangespan (big data), SlickLogin (identification par le son ), Schaft (robotshumanoïdeau Japon), Bot&Dolly (camerasrobotisée), Nest (Thermostats, société créée parTony Fadell inventeur  du iPod), DeepMind Technologies (intelligence artificielleracheté pour for 450M$).

Larry Page, président de Google, aime souvent répéter à ses interlocuteurs "qu'il faut faire des pas de géant. Les petits pas de souris font tomber les entreprises dans la médiocrité".

McKinsey pense que les douze technologies qui vont changer la face de l'économie sont : 

1/ internet,

2/ travail de la connaissance automatisée,

3/ internet des objets,

4/ technologie cloud(=rachat de Bull par Atos),

5/ robotique avancée,

6/ véhicule autonome,

7/ génomique avancée,

8/ stockage d'énergie,

9/ impression 3D,

10/ nanomatériaux avancés,

11/ extraction avancée de pétrole et de gaz,

12/ énergies renouvelables.

Le Massachussets Institute of Technology –MITpublie régulièrement la liste des sociétés les plus innovantes : Apple (développement de la technologie Retina/US), ARM Holdings (chips pour smartphones…Big Little Chip Architecture/UK), Google (logiciel de smartphone le plus utilisé/US), IBM (nouveaux circuits qui transmettent des données avec de la lumière/US), Intel (technologie superbe non reflétée par les performances boursières/US), Microsoft (Windows 8 va influencer le marché des PC et des mobiles/US), Nuance Communications (reconnaissance vocale/US), Xerox (gestion du prix des parking en yield management/US), VMWare(cloud services/US).

The Economist, que notre ministre du Redressement productif considère comme "Le Charly Hebdo de la City" considère que l’agriculture est en train de vivre une véritable révolution. Monsanto a racheté FieldScripts qui est un système de conseil en ligne aux agriculteurs utilisant une puissante base de données), DuPont Pioneer etJohn Deere ont développé ensemble un système de conseil aux fermiers pour leurs semences, leurs engrais et la météo), Geosys est un système d’images des champs transmise par satellite satellite racheté par la  coopérative LandO'Lakes. Pendant ce temps, la France passe totalement à côté de ce marché très prometteur en interdisant la recherche sur les semences. L’équipe qui a détruit cette semaine un verger de pommiers particulièrement performants ne sera probablement pas condamnée. Grace à ces brillants militants, c’est la Hollande qui est devenue le premier producteur de tomates en Europe. Chacun sait qu’il y a beaucoup de place et de soleil dans ce pays. L’Allemagne est devenue le premier producteur de porc. La France a une balance commerciale largement déficitaire en fleurs. Mais là aussi chacun sait qu’en France, il n’y a pas de terrain disponible et pas de soleil.  Voilà une fois de plus comment on passe à côté de la croissance et de la création d’emplois dans un domaine où la France aurait tout pour réussir merveilleusement.

Le Wall Street Journal a fait le  point sur les six innovations qui vont complètement transformer la médecine : Illumina (séquençage de l’ADN) , Life Technologies (séquençage de l’ADN), Foundation Medicine Inc (rapprochement en temps réel d’une tumeur avec les médicaments susceptibles de la soigner), Merck (MK3475 pour le développement de cellules immunitaires), Bristol Myers Squibb (Yervoy), AliveCor (applications pour réaliser des électrocardiogrammessur un smartphones), Cellscope (réalisation d’otoscope à partir d’un iPhone), Novartis (thérapie génique), Paxit (robot distribuant automatiquement des médicaments).

Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif,  pendant ce temps là,  souhaitant s’occuper de son image après l’affaire Florange, avait dévoilé en septembre 2013 avec François Hollande son projet baptisé "Nouvelle France industrielle". Il reposait sur 34 plans d'actions qui devaient être érigés en "priorité nationale" par le gouvernement. Ils avaient été rédigés par un consultant et allaient de l'hôpital numérique aux navires écologiques.Trois grands domaines étaient abordés :

Economie et santé du vivant : biotechnologies médicales, textiles techniques et innovants, hôpital numérique, dispositif médicaux et nouveaux équipements de santé, produits intelligents pour une alimentation saine et durable.

Transition énergétique : rénovation thermique des bâtiments, énergies renouvelables, réseaux électriques intelligents, qualité de l'eau et gestion de la rareté, industrie du bois, recyclage des matériaux verts, chimie verte et biocarburants.

Numérique : nanoélectronique, logiciels et systèmes embarqués, réalité augmentée, cloud Computing, services sans contact, e-éducation, supercalculateur, big data, objets connectés, robotique, cybersécurité, satellites à propulsion électrique, souveraineté télécom, usine du futur.

Transport : dirigeables à charges lourdes, la voiture pour tous consommant moins de 2l au cent km, bornes électriques de recharge, véhicules à pilotage automatique, TGV du futur, avion électrique et nouvelle génération d'aéronefs, autonomie et puissance des batteries, navires écologiques.

Depuis qu’il est en fonction, plus de 500 sites industriels ont été rayés de la carte avec comme conséquence la disparition d’environ 100 000 emplois.

Nous avions commenté cette démarche à l’époque dans "En France il suffit de trois défis, cinq objectifs, cinq enjeux sept secteurs et 34 projets pour créer des emplois" (Jean Jacques Netter Institut des Libertés 11/09/2013). Devant de telles initiatives qui ne sont pratiquement qu’un exercice de  communication, qui ne débouche pratiquement sur pas grand chose de concret,  Ronald Reagan, ancien président des Etats-Unis avait l’habitude de dire "Les neufs mots les plus terrifiants qui peuvent être prononcés par un homme politique sont : Je suis au gouvernement et je viens vous aider…". D’ailleurs, depuis qu’Arnaud Montebourg est en charge de l’industrie française, plus de 500 sites industriels ont été rayés de la carte, ce qui a entrainé la disparition de plus de 100 000 emplois.

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