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La France est en état d'urgence économique
©Reuters

Revue d'analyses financières

La faible croissance complique la donne, car elle réduit les marges de manœuvre de l’exécutif pour financer ses cadeaux électoraux. Cela n’empêche pas François Hollande de continuer à faire des chèques en bois en promettant de faire baisser l’impôt sur le revenu l’année prochaine…

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Le monde est toujours confronté à un ensemble de problèmes sur lesquels il est difficile de trouver rapidement une issue. Cela n’empêche pourtant pas les marchés financiers de se retrouver pratiquement au plus haut, tant la foi des investisseurs dans l’action des banques centrales reste grande. Tout le monde connaît la fin du film (peu réjouissante), mais pour de nombreux investisseurs « il faut continuer d’être investi pour ne pas avoir idiot, si jamais cela continuait de monter encore ».

Le Japon est le meilleur laboratoire avancé de ce qui pourrait nous attendre. Après de longues années de « quantitative easing »  et de taux zéro qui ont complètement déstabilisé les secteurs de la banque et de l’assurance, sans produire aucun résultat significatif sur la croissance, la Banque du Japon (BOJ) a acheté pratiquement tout l’encours de la dette souveraine. Le marché obligataire est donc asséché. C’est pourquoi une nouvelle étape vient d’être franchie. La BOJ achète désormais  des actions par l’intermédiaire d’ETF. Elle détient notamment déjà plus de 10% du capital des sociétés suivantes : Advantest, Fast Retailing (=Uniqlo), Taiyo Yuden, TDK

On aimerait bien savoir comment les banquiers centraux vont s’y prendre quand ils détiendront la quasi totalité de la dette souveraine et la majorité du capital des grandes entreprises de leurs pays….

La France est en état d’urgence économique

La faible croissance complique la donne, car elle réduit les marges de manœuvre de l’exécutif pour financer ses cadeaux électoraux. Cela n’empêche pas François Hollande de continuer à faire des chèques en bois en promettant de faire baisser l’impôt sur le revenu l’année prochaine…

On nous explique que la baisse du chômage est engagée.  En fait l’amélioration est trompeuse car elle est facilitée par les 500 000 contrats de formation qui ne sont que du  "traitement social du chômage"...

Le fameux choc de simplification n’a rien donné  pour les entreprises moyennes. Bien au contraire le compte pénibilité et le prélèvement de l’impôt à la source vont encore compliquer la vie des entrepreneurs.  

Les secteurs du luxe (Chanel est durement touché) et le tourisme français en berne

L’hôtellerie de prestige souffre beaucoup à cause de la diminution des visiteurs étrangers notamment américains et japonais à Paris dont le nombre a diminué de moitié.  La France est avec plus de 230 morts et près de 800 blessés depuis janvier 2015  le troisième pays le plus touché par le terrorisme en dehors des régions en guerre. Depuis le mois de janvier on estime que le manque à gagner pour la ville de Paris serait de 1 Md€… Les marges des banques se réduisent au moment où le renforcement de la régulation les oblige à détenir plus de fonds propres en face de leurs engagements… Le marché des télécoms poursuit sa mutation…

Pour ramener son déficit public en dessous de 3%, la France n’obtiendra pas de nouveau délai. « Les engagements de la France doivent être tenus » nous dit Pierre Moscovici Commissaire européen aux affaires économiques…

En Grande Bretagne les effets négatifs  Brexit ne se sont pas encore produits. L’incertitude sur la date de déclanchement  du fameux article 50 n’a toujours pas été précisée par Theresa May la Premier ministre…  

Un échec de Matteo Renzi en Italie serait très préoccupant pour l’Europe

En Europe, face à la gravité des crises géopolitiques et économiques, il va devenir de plus en plus difficile pour la BCE de gérer sa politique monétaire. Il est probable que la baisse des taux arrive à une limite au delà de laquelle toute baisse supplémentaire dans le territoire négatif pourrait avoir des effets totalement contraires à ceux qui sont recherchés. 

En Allemagne, l’excédent budgétaire continue de  grossir. On assiste à une flambée des prix de l’immobilier en Allemagne. La valeur du mètre carré a doublé en dix ans à Berlin. En revanche, l’indice de confiance des chefs d’entreprises faiblit et les turbulences du secteur de l’automobile après le scandale Volkswagen touchent le cœur de l’industrie allemande.  Signe de la nervosité des marchés, une rumeur s’est propagée la semaine dernière selon laquelle  contrairement à ses engagements, la Deutsche Bank aurait cessé de livrer de l’or physique au porteurs de part d’un de ces fonds : Xetra Gold. Cette rumeur a été démentie par la banque.  

En Italie, le pire serait que le référendum tourne mal. Matteo Renzi a tout misé sur sa réforme constitutionnelle qui devrait lui permettre de disposer d’une majorité forte et d’un pouvoir stable. Un mauvais résultat serait probablement plus déstabilisant pour l’Europe que le vote du Brexit par les anglais.

L’Espagne n’a toujours pas de gouvernement. Mariano Rajoy a manqué de six vois l’investiture. L’économie espagnole a profité de la politque de taux zéro car pratiquement tous les emprunts hypothécaires sont indexés sur l’Euribor.

L’Amérique est affaiblie sur le plan international

On voit bien que l’Amérique va prendre son plus important virage depuis soixante dix ans car il devient impossible de maintenir son leadership global dans le contexte d’un monde multipolaire. Elle devra aussi revoir ses relations avec l’Europe, car elle vient de perdre avec la Grande Bretagne son meilleur allié au sein de l’Europe. Elle devrait donc se rapprocher de l’Allemagne. Sur le plan intérieur, les tensions raciales et l’ascension de Donald Trump ont porté un coup dur à l’image du pays. 

La majorité des indicateurs de l’économie américaine continuent de se détériorer. Cela n’empêche pas le marché actions de monter. Si la prochaine action de la Fed est de remonter prochainement ses taux,   ce serait certainement une erreur.

En Corée du Sud le ralentissement économique  vient indirectement de provoquer la faillite de Hanjin Shipping société de containers sud-coréenne.  Le transport maritime mondial traverse une véritable tempête car aux tarifs actuels aucun armateur ou presque ne gagne de l’argent…

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