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Hollande vs Sarkozy : Vous êtes plutôt Babar ou Astérix ?
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Revue de presse des hebdos

Un Hollande ramollo faiblit dans les sondages, tandis qu’un Sarkozy biscoto reprend du poil de la bête. Chacun se prépare à l’affrontement.

Astrid Eliard

Astrid Eliard

Astrid Eliard est journaliste et écrivain. Elle est auteur de Nuits de noces, et de Déjà l’automne (Mercure de France).

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C’est parti pour les quolibets, les piques, les insultes. Dans la course à la présidence, il faut être méchant, dénigrer son adversaire, de préférence en le ridiculisant. Laurent Joffrin qui a flairé ce bon air de campagne, écrit dans son édito du Nouvel Obs : « Tout le monde tire sur tout le monde et chacun sermonne son voisin. » Ces derniers temps, c’est surtout François Hollande qui en fait les frais. Comparé par Luc Chatel à Babar – qui a dit lui préférer le dynamique Astérix-Sarkozy - le voilà en pleine crise de crédibilité. Il apparaît cette semaine en couverture de L’Express, la mine sérieuse, très « présidentiable », sauf que l’hebdo soulève un doute : « Est-il un vrai chef ? » Bonne question… car les récents couacs du candidat PS ont sacrément écorné sa cote, au profit de  Nicolas Sarkozy qui est remonté dans les sondages.

Le nucléaire, pomme de discorde

Dans Le Point, Sylvie Pierre-Brossolette égrène les faiblesses de Hollande : « Hésitant sur l’opportunité du référendum grec, à contre-emploi en Corrèze pendant que le président paradait avec Barack Obama, soupçonné de jouer contre son pays quand il a dit que les marchés avaient anticipé la dégradation de la notre triple A de la France, avant, pour finir, l’immense « cafouillage » (…) dans la négociation avec les écologistes et la répartition des circonscriptions, qui fait encore hurler les barons roses. » Ça fait beaucoup pour un seul homme. Hollande fait grogner les Verts à la suite de l’accord polémique conclu avec EELV, et donne des boutons aux socialistes, furieux à l’idée du parachutage des candidats écologistes dans leurs circonscriptions. « L’accord électoral signé en parallèle du texte sur le nucléaire (…) permet  notamment à Cécile Duflot, la patronne d’EELV, de s’implanter à Paris au détriment de la députée PS Danièle Hoffmann-Rispal. Bertrand Delanoë ne décolère pas », précise VSD. François Hollande aurait-il été trop mou dans cette affaire qualifiée de « vaudeville nucléaire » par Le Nouvel Observateur ? 

Le capitaine pédalo redresse la barre

Justement, L’Express  nous dit que la mollesse, l’ère du Babar ou du « Capitaine de pédalo » (© Jean-Luc Mélenchon) est révolue. Place à la fermeté. Marcello Weisfreid nous raconte qu’Hollande aurait remonté les bretelles de son équipe de campagne. Finies les fuites dans la presse, les commentaires, les bavardages. L’article cite un fidèle : « François entre dans son rôle de chef, il devient capable d’engueuler les gens ». Il s’est même acheté un livre sur Napoléon, c’est dire si ça va barder…  Encore doit-il peaufiner sa stature, et faire oublier les attaques sur la « gauche molle » lancées par Martine Aubry et que la droite s’est fait un plaisir de s’approprier. Sa stratégie ? Le silence… Toujours dans L’Express, on lit : « Après presque un mois d’un amateurisme inquiétant, Hollande devrait enfin contrôler son image, et surtout, sa parole. » Lui qui n’aime rien tant que parler aux journalistes va devoir tenir sa langue, cesser de commenter l’actualité tous azimuts pour se concentrer sur son « rêve ».

Astérix et les Gaulois

En face, Astérix-Sarkozy profite d’une embellie. Et la potion magique pourrait bien s’appeler Patrick Buisson, dont L’Express décrypte les manœuvres. L’éminence grise a cependant du pain sur la planche : « L’homme du discours de Grenoble (…) peut-il se transformer en père de la nation ? Le « président des riches » peut-il être le dépositaire de l’intérêt général ? L’initiateur de tant de polémiques d’hier peut-il être vu comme l’arbitre au-dessus de la classe politique ? » Coaché par Buisson, le Sarkozy 2012 veut rassembler autour de la patrie, de l’Histoire, de la souveraineté nationale, et se hisser bien au-delà de la mêlée politique. Tout en récupérant l’électorat des seniors et des classes populaires séduit par Marine Le Pen. Pour ce faire, « certains débats seront les bienvenus, rappelle L’Express, par exemple sur l’immigration. »

Pour les Inrocks, le Sarko 2012 est « à la botte de ses droites ». L’article cite un de ses soutiens : «Il se dit que, si Aubry avait été candidate, ça aurait valu le coup d’aller draguer au centre parce qu’elle avait cette image d’archaïsme qui effraie les bien-pensants. Mais là, avec Hollande qui fait les yeux doux à Bayrou et qui prépare un programme à l’eau tiède, à quoi ça servirait ? » Donc, à droite toute, pour Sarkozy, qui déballe déjà quelques thèmes de campagne, en plus de celui, omniprésent, de la crise. Parmi eux, l’Education. « La droite sort sa méthode » écrit L’Express. Une méthode qu’on dirait dans les souks « moins chère que gratuite » (contrairement à celle proposée par Hollande qui voulait créer 60 000 postes), puisqu’elle repose sur « le retour de la morale, le port de l’uniforme, le vouvoiement en classe ». Mais également sur la réforme des évaluations des professeurs, mal accueillie par ces derniers. Pour L’Express, il s’agit moins de leur plaire qu’aux parents d’élèves, bien plus nombreux.

L’affaire Agnès

Autre thème de campagne, porté par l’actualité d’un terrible fait divers, la sécurité. Cette semaine, tous les hebdos reviennent sur l’affaire Agnès. Chacun dans son style. L’émotion prime dans Paris-Match. L’effroi, dans VSD, qui publie des photos qui n’ont pas grand-chose à envier à celles qu’on voit dans le Nouveau Détective. Dans Le Point, Claude Askolovitch décrit « la grande solitude du juge qui remet en liberté » et oppose la parole de magistrats aux « dysfonctionnements » pointés par Claude Guéant : « Je sais juger des faits passés, affirme Henri Ody, vétéran du siège, délégué de l’USM à Caen. Mais je ne sais pas prédire l’avenir d’un individu.»C’est pourtant la demande – contradictoire – de la société et du politique : stigmatisée pour sa cruauté à Outreau, la justice est soupçonnée d’imprévoyance au Chambon-sur-Lignon. Savoir, prévoir. Punir par anticipation. Ne pas se tromper. » Le Nouvel Observateur craint une récupération politique : « La question, de policière, est devenue polémique, bientôt suivie de sa désormais rituelle déclinaison politicienne (…) Ici on promet une loi, là on prône le rétablissement de la peine de mort pour « ceux qui tuent nos enfants » . Pierre Moscovici à gauche, Eric Ciotti à droite, proposent l’augmentation du nombre de centres éducatifs fermés, alternative efficace à l’incarcération.

 Mais revenons-en à Babar et Astérix, qui, à l’origine, sont plutôt de bons gars, non ? Pour leur passer le goût de l’insulte, on leur prescrit une petite leçon de gentillesse : qu’ils aillent voir Intouchables, le récit d’une amitié entre un aristo tétraplégique et un jeune voyou des banlieues. Cette semaine, il n’est pas un hebdo qui néglige le succès phénoménal de ce film.

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