François Hollande ne peut plus continuer de mettre les déficits de la France sous le tapis de la dette<!-- --> | Atlantico.fr
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"Nous sommes arrivés au terme d’une longue lignée de présidents qui n’ont cessé d’évacuer les problèmes du financement du fameux modèle social français sous le tapis des déficits.
"Nous sommes arrivés au terme d’une longue lignée de présidents qui n’ont cessé d’évacuer les problèmes du financement du fameux modèle social français sous le tapis des déficits.
©Reuters

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Cet espace hebdomadaire n’a jamais eu vocation à devenir une tribune politique, car l’économie n’est ni de droite ni de gauche. Il y a ce qui marche et ce qui ne marche pas. Semaine après semaine, nous n’avons cessé d’expliquer, ce qui était notre rôle, que quand on augmentait fortement et en même temps, la fiscalité sur les  ménages, la fiscalité sur les entreprises et en plus la fiscalité sur les investisseurs, on cassait la dynamique de l’économie. 

Cela créait d’abord la récession - nous y sommes - avec un taux de chômage record, un double déficit du budget et du commerce extérieur et un niveau de fiscalité totalement démotivant pour tous les acteurs de la vie économique.   La prochaine étape est celle de la déflation : nous y allons. Si la croissance de l’économie française n’est pas supérieure à 1%, cela se poursuivra par des catastrophes sur le plan social et sur le plan de la dette.

François Hollande semble s'en être rendu compte à la fin de l’année dernière. Comprenant qu’il allait être placé sous surveillance par Bruxelles et qu’il était attendu au tournant par les agences de notation, il fallait qu’il change de politique.Il a alors pris devant les Français trois engagements :

1/ Réaliser 50 Md€ d’économies sur les dépenses publiques dans les trois prochaines années ;

2/ Alléger les cotisations pour les entreprises de 30 Md€ en 2017;

3/ Réduire de 1Md€ la pression fiscale sur les ménages.

Après le deuxième tour des élections municipales, le président de la République est totalement pris à contre-pied.  Ayant été désavoué par les Français, on voit mal comment il pourrait trouver une majorité pour voter les points 1 et 2, surtout après la nomination de Manuel Valls comme Premier ministre. Après le pacte de responsabilité, nous avons eu droit au pacte de solidarité pour développer la justice sociale au moment où il n’y a plus d’argent dans les caisses. L’économie, malheureusement, ce n’est pas de la communication, ce sont des actes. Le problème, comme l’écrit Eric Le Boucher dans Les Echos, c’est que nous sommes vraiment arrivés au terme d’une longue lignée de présidents qui n’ont cessé d’évacuer les problèmes du financement du fameux « modèle social français que le monde nous envie … » sous le tapis des déficits.

On voit mal comment les prochaines élections européennes pourraient améliorer la situation, dans la mesure où les partis politiques traditionnels ont l’habitude d’envoyer à Bruxelles les recalés de la politique nationale. Le succès de Marine Le Pen, présidente du Front national, devrait être un avertissement pour toute la classe politique en France et en Europe.

Malheureusement, en  France, le nombre de chômeurs inscrits en catégorie A à pôle emploi a bondi de 31 500 en février. Tous les indicateurs ont désormais basculé dans le rouge et en particulier celui du déficit, qui atteint 4,3% du PIB en 2013.  De façon totalement surréaliste, cela n’a pas empêché  le gouvernement de Jean-Marc Ayrault de continuer à vouloir lancer un dispositif de retraite anticipée pour le travail pénible, qui est une véritable usine à gaz qui submergera, si elle est mise en place, les patrons par le nombre de tâches qu’ils auront à accomplir.

Malgré la censure du conseil constitutionnel, la Loi Florange, qui empêche les chefs d’entreprise de vendre leur affaire quand ils le souhaitent, n’a même pas été retirée. Cela permet maintenant aux investisseurs étrangers de se dire : « Ce pays est fou, je n’ai surtout pas envie d’y investir… »

En Europe, la crainte de déflation est en train de se matérialiser. Pour le moment, la BCE a fait discrètement baisser l’Euro, cela devrait être suivi par des achats d’obligations gouvernementales.

En Allemagne, après l’avis de la cour de Karlsruhe qui n’a finalement pas trouvé inconstitutionnelle les décisions prises par le BCE de gonfler fortement le bilan de la BCE au début de la crise, Jens Weidman, président de la Bundesbank, a ouvert la porte à un l’équivalent d’un « Quantitative Easing »  ( achat d’obligations d’Etat et d’entreprises par la Banque Centrale) qui pourrait être mis en place par la BCE. La raison de ce revirement inattendu se trouve dans la force de l’euro. Depuis l’été 2012, les exportations allemandes en direction des marchés émergents ont baissé de 10%. Cette position plus conciliante de l’Allemagne pourrait aider la France à se remettre dans les clous, mais cela ne la dispensera pas d’entreprendre les réformes pour adapter notre Etat providence aux contraintes de la mondialisation.

En Italie, Matteo Renzi, nouveau Premier ministre pourrait, selon les experts en hollandisme, servir d’exemple à Manuel Valls. Il met sous pression les institutions européennes au moment où l’Italie a désormais un excédent primaire. Les réformes qui doivent être menées vont être dures, surtout avec les fonctionnaires et la situation des banques n’est toujours pas bonne. Au Portugal, les taux d’emprunt sont tombés en dessous de 4%, contre plus de 10% au plus fort de la crise. La situation s’améliore.

En Grande Bretagne, George Osborne, chancelier de l’Echiquier, après avoir remis son pays dans les clous prépare ses concitoyens à de nouveaux efforts. Cela montre bien que le dirigeant politique qui offre une véritable vision réaliste peut arriver à faire accepter des mesures difficiles et impopulaires.

Aux Etats-Unis, l’hiver très difficile a introduit un élément d’incertitude supplémentaire dans la lecture des statistiques économiques. Jen Wieczner de Fortune, nous explique qu’il y a maintenant cinq raisons pour lesquelles le marché américain devrait selon lui baisser :

1/ Cela fait maintenant cinq ans que le marché monte ;

2/ Les cours anticipent trop la progression des bénéfices des sociétés ;

3/ La croissance de l’économie reste faible et crée peu d’emplois ;

4/ De moins en moins de sociétés atteignent leur plus haut cours ;

5/ Trop d’investisseurs pensent que le marché américain va continuer de monter.  

Au Japon, le Yen est 40% moins cher qu’au moment où Shinzo Abe, le Premier ministre, a lancé son programme de relance de l’économie japonaise. Les parts de marché qui ont été gagnées par le Japon dans les marchés émergents ont été en grande partie perdues par l’Allemagne. Cette semaine, la TVA est passée de 5% à 8%. Si cela avait pour effet de trop faire baisser la consommation, il faudrait s’attendre à de nouvelles injections de liquidités de la part de la Banque du Japon. Malgré la baisse du Yen, ce sont les valeurs domestiques qui ont fait mieux que les valeurs exportatrices. Pour le moment, l’indice Nikkei n’a pas vraiment de raisons de monter.

En Chine, l’indice PMI manufacturier a été une nouvelle fois décevant en mars. Cela ne devrait pas empêcher le Renminbi de rester bien orienté quelle que soit l’évolution du dollar. Est-ce que la Chine est au bord du précipice ? C'est la question que se pose Chen Zhao, le Managing Editor de BCA. Selon lui, le risque systémique est sous contrôle mais les actions vont faire moins bien que les valeurs américaines, jusqu’au moment où la People’s Bank of China deviendra un peu plus ouverte pour le crédit.

La Russie est nettement en train de basculer dans la récession, avec une baisse de 3% du PIB, une inflation de 10% et un endettement extérieur de 73Md$. Les annonces de sanctions n’ont pas empêché le marché de remonter de 2,8% cette semaine.  

Le Brésil flirte avec la catégorie spéculative, après la dégradation par l’agence américaine Standard & Poor’s. Cela n’a pas empêché le marché de remonter de 8,6% cette semaine avec Petrobras (+11%), Bradesco (+8,7%), Banco do Brasil . La situation économique ne donne toutefois pas encore envie de revenir sur ce marché.

La Turquie pourrait en revanche être au bout de ses peines sur le plan boursier. L’indice a repris 6,6% cette semaine. François-Xavier Chauchat, de GaveKal, fait remarquer que malgré une situation politique encore compliquée, l’amélioration du déficit commercial devrait donner un peu de marge de manœuvre à la banque centrale pour stimuler l’économie. Dans cette perspective, la valorisation des actions turques devient attractive. Pour exposer un portefeuille à la Turquie, on peut s’intéresser à des actions cotées comme : Sabanci Holding, Garanti Bankasi, Turkish Airlines, Turkiye Is Bankasi, Enka Insaat, Koc Holding, Turkiye Vaklifar Bankasi, Halkbank, Tupras. Parmi les fonds accessibles, on peut citer : East Capital (Lux) Turkish Fund, HSBC GIF Turkey. Il existe également un  tracker : Lyxor ETF Turkey

Le Vietnam fait aussi partie des marchés émergents qui intéressent les investisseurs.Un gros effort d’ajustement de l’économie a été entrepris depuis 2007 et la bulle du secteur bancaire est en train de se résorber. Les grandes valeurs du marchés sont :  Bao Viet Holding (n°1 assurance), Petrovietnam Fertilizer and Chemical (Chimie), Vin Group (Finance), Sumitomo (faisceaux de cablage pour auto), Minebea (assemblage pièces de téléphone portable), Denso (production composants d’allumage pour motos). Parmi les fonds, on peut citer Vietnam Growth Fund . En revanche, il n’y a pas à notre connaissance de tracker.

La technologie a cédé du terrain cette semaine, avec Yahoo Japan (-9,3%), Linkedin (-7,8%), Tencent (-6,6%), Amazon (-6,2%) mais il faut se préparer à la montée en puissance des robots. Ce sont les immigrants du futur qui vont nous envahir. L’univers "investissable" se trouve surtout au Japon et aux Etats-Unis, mais il existe quelques sociétés en Europe qui permettent de s’intéresser à ce secteur : ABB (Suisse n°2 européen), Schneider (France, exposé à 25% au secteur des robots), Renishaw (UK, usinage de précision), Metso Automation (Finlande automation and contrôle), Hexagon (Suède, visualisation), Oxford Instruments (UK, robots pour la découpe de précision). Si l’on souhaite être exposé aux sociétés mondiales très impliquées dans la robotique, on peut s’intéresser à Robo-Stox Global Robotics & Automation Index ETF.

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