Effet d'optique : pendant que la France frémit, les entreprises meurent à petit feu<!-- --> | Atlantico.fr
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"La politique qui est menée en France ne crée pas les conditions d’un retour des entreprises françaises à la compétitivité."
"La politique qui est menée en France ne crée pas les conditions d’un retour des entreprises françaises à la compétitivité."
©Reuters

Revue d'analyses financières

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Une économie qui frémit en France, cela ne veut pas dire que la reprise est là. Il y a certes une reprise mondiale mais elle intervient en ordre dispersé selon les efforts qui ont été consentis dans les différents pays. En France, nous sommes à la fin d’une mini récession marquée maintenant par une légère hausse de l’activité industrielle.

Les ménages ont maintenu à peu près leur consommation mais la poursuite de la hausse des prélèvements devrait bientôt avoir des effets négatifs. Ils devront subir le taux de TVA « normal » à 20% à partir du mois de janvier prochain.

Les entreprises ont ralenti leurs investissements et freiné leurs recrutements.

Quant à l’emploi, il faudrait constater une véritable volonté des entreprises de reprendre leurs investissements, ce qui est loin d’être le cas.

Si la véritable croissance n’est pas là, c’est tout simplement que les entreprises sont en train de mourir à petit feu. Les entrepreneurs sont totalement démotivés, quand ils ne s’exilent pas.

Comme aucun des membres du gouvernement n’a travaillé durablement dans une entreprise privée, ni vécu à l’étranger, nous avons des ministres qui vivent dans le déni de réalité permanent, les incantations et les actions de communication censées occuper l’ouverture des journaux télévisés et les Unes des quotidiens.  

François Hollande a donné l’exemple de sa nouvelle stratégie estivale. Il a annoncé qu’il voulait doubler le nombre d’ « emplois francs » en 2013 ! Il s’agit d’embaucher en CDI un jeune de moins de 30 ans qui réside en Zone Urbaine Sensible (ZUS). Quand on regarde les chiffres, il s’agira, aux frais du contribuable, de créer 5000 « emplois » au lieu des 2500 prévus initialement !

Tout le monde sait très bien que les contrats aidés sont inefficaces pour créer des emplois durables. L’emploi salarié dans le secteur marchand continue de se dégrader. C’est de flexibilité du travail dont on a besoin, de baisse des charges sociales et surtout d’une modification du fonctionnement du SMIC qui rend inemployable des jeunes qui ne sont pas formés. On a absolument besoin d’un « smic différencié » qui a donné des résultats satisfaisants dans tous les pays de l’OCDE où il a été mis en place. Cela part de l’idée simple que si l’on n’a pas de qualification, c’est en travaillant qu’on peut en acquérir une.

Quand on se souvient des propos du candidat socialiste François Hollande au Bourget en janvier 2012 s’adressant « à une jeunesse trahie, sacrifiée, abandonnée, reléguée » et proclamant : « C’est pour la jeunesse de notre pays que je veux présider la France »...

Cela n’a pas empêché le pathétique exercice de communication de « ministres qui ne partent pas en vacance… » Jean Marc Ayrault, le Premier ministre, a joué les chefs de colonie de vacances à Matignon ! Dans le sud ouest où nous nous trouvons, Nicole Bricq, ministre du Commerce Extérieur, est intervenue auprès des douaniers pour inspecter les camions en provenance d’Espagne… et Pierre Moscovici, ministre de l’Economie, a visité l’Atelier du Chocolat de Bayonne. Cela lui a permis de constater que la reprise était bien là, mais que la croissance pourrait tout de même être en recul de 0,1% cette année. Tout cela n’est pas grave, François Hollande et son gouvernement ont l’art en permanence de dire une chose et son contraire.

Pendant ce temps là, on attend  toujours que le gouvernement s’attaque de front à un ensemble de situations privilégiées, notamment la fin des régimes sociaux d’exception, le régime d’indemnisation chômage des intermittents du spectacle, le cumul allocations familiales/supplément familial de traitement pour les fonctionnaires, la suppression du doublon prime pour l’emploi et RSA, les dérives dans l’Aide Médicale d’Etat allouées aux immigrés clandestins, etc...

Ce qui est pratiquement sûr, c’est que les entreprises vont devoir payer pour la pénibilité du travail… Une fois de plus, on nous rappelle que le travail doit être vécu comme une aliénation… C’est aussi que la réforme des retraites devrait porter atteinte à la compétitivité des entreprises…Quand on lit les déclarations de Stéphane Delpeyrat-Vincent, Secrétaire National du PS dans Sud Ouest, on peut vraiment constater que l’on est mal parti : « La campagne d’intoxication médiatique à laquelle se livrent le Medef et les libéraux pour dramatiser une situation qui ne mérite pas de l’être ne doit pas nous impressionner. En effet grâce à une démographie très favorable, le système de retraite par répartition n’est nullement menacé à long terme dans son financement » !

La politique qui est menée en France ne crée donc pas les conditions d’un retour des entreprises françaises à la compétitivité. Le déni de crise et les fautes de pilotage s’accumulent.

L’équation budgétaire est de plus en plus tendue. Les marchés pourraient finir par s’impatienter, car les hausses d’impôts ne suffisent pas à réduire les déficits.

Le niveau record de la bourse de Paris, mesuré par l’indice CAC 40, est porté par un regain d’optimisme mondial… Tous les économistes proches du gouvernement qui estimaient que les réformes et l‘austérité ne servaient à rien devraient être amenés à revoir leur copie…En Espagne, on a le sentiment que l’expérience de gestion courageuse pourrait réussir. En Grande Bretagne, l’économie est en train de faire partie de celles qui sont les plus fortes de la zone OCDE. Ce résultat est du à une politique sérieuse….

Cela montre bien que s’attaquer aux déficits en période de crise n’est pas systématiquement mauvais pour la croissance. En Chine, l’économie montre des signes de rebond.

Tout ne va pas dans le même sens, carla Bundesbank doute que les 240Md€ débloqués ces dernières années suffisent à faire repartir l’économie grecque, tandis que les économies des pays du « Printemps Arabe » s’enfoncent dans la crise…

Sur le marché américain, un des graphiques (voir ci-dessous) provenant d’une des dernières notes de Charles Gave, le président de GaveKal a Hong Kong, a été repris de nombreuses fois dans les médias américains. Il montre que chaque fois que les positions à terme financées par de la dette (courbe en rouge) s’accroissent, le marché américain baisse (courbe en gris).

Cliquez sur le graphique pour l'agrandir

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