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Barbie voilée : la poupée qui s’émancipait renvoyée à ses fourneaux
©ILYA S. SAVENOK / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Case départ

Barbie, qui avait laissé tomber sa carrière de top model à deux neurones pour se lancer dans la recherche en physique quantique, est désormais une craignant-Dieu pudique et respectueuse de l’honneur de son époux. Mais ce serait son choix, paraît-il.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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On a souvent reproché, et avec raison d’ailleurs, aux poupées Barbie d’être un instrument d’asservissement des filles et de perpétuation des stéréotypes sexistes les plus rétrogrades.

Ça n’a pas empêché mes rejetonnes de jouer avec les leurs et de ne pas montrer de signes de traumatisme trop patents en grandissant, mais je les en équipais surtout, chaque Noël, par faiblesse et conformisme, en pensant qu’elles seraient ostracisées par leurs copines si elles n’en n’avaient pas… Les enfants sont si cruels.

Et puis chez Mattel, la multinationale qui fait fabriquer ses jouets en Asie parce que c’est moins cher, on a de plus en plus pris conscience de l’importance d’aider les gamines à améliorer leur estime de soi et de les tirer vers le haut. Ou, à tout le moins, c’est au service marketing de la firme qu’on a pris conscience d’une nouvelle orientation plus exigeante dans la demande sur certains segments du marché.

La Barbie blonde à deux neurones a donc continué d’être proposée, mais ses cousines germaines se sont régulièrement dotées de nouveaux accessoires les rendant plus intelligentes, comme des lunettes, des ordinateurs, des blouses blanches de scientifique ou des stylos de journaliste. Ça progressait un peu. On était dans « l’empouvoirement » et il aurait vraiment fallu s’appeler Christine Boutin Ludovine de la Rochère pour trouver ça mal.

Mais les cousines de la Barbie de base ne se sont pas contentées de faire des études de physique et de décrocher un prix Nobel, elle sont devenues noires ou jaunes, permettant à des millions de petites filles de rêver, elles aussi, qu’elles pourraient faire des études et avoir le prix Nobel. Ou juste de s’amuser avec des poupées qui leur ressemblaient et ça n’était pas plus mal. Il aurait vraiment fallu s’appeler Donald Trump ou Marine Le Pen pour trouver ça mal.

Là, pour autant, on passe pourtant à autre chose avec l’arrivée de la Barbie voilée, que d’aucuns accueillent avec le même enthousiasme que si elles venaient de se voir un second prix Nobel et offrir un deuxième stylo de journaliste quand, de mon point de vue, elle aurait plutôt été carrément renvoyée a ses fourneaux et ses activités de mère au foyer, ce qu’auraient immédiatement perçu une Simone de Beauvoir ou une Benoîte Groult.

Mais bon, comme le disent les féministes de la troisième voie de chez Lallab, Barbie est justement la première poupée au monde à porter le voile volontairement plutôt que parce qu’on les y forcerait, ce qui revient à dire que les nanas vivantes qui le portent ont à peu près autant de libre arbitre dans ce domaine qu’un morceau de plastique. Je me demande d’ailleurs si elles font aussi pipi et caca, les poupées Barbie qui portent le voile. Et si ça procède du même choix conscient dont il faudrait se féliciter.

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