"Uber" de Montmirail a encore frappé : les 4 maux français que trahit le conflit avec les taxis<!-- --> | Atlantico.fr
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Les 4 maux français que trahit le conflit entre Uber et les taxis.
Les 4 maux français que trahit le conflit entre Uber et les taxis.
©Reuters

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Le conflit des taxis contre Uber est emblématique du fonctionnement de la société française. Si on a envie d’en rire, on peut revoir le film de Jean Marie Poiré de 1992, "Les visiteurs", dans lequel Jean Reno/Hubert de Montmirail s’en prend violemment à un sarrazin qui est en train de conduire un véhicule de La Poste.

On peut aussi replacer ce problème dans une perspective économique, car tout le monde connaît l’importance du problème des taxis depuis le "Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française", rédigé par Jacques Attali en 2007, à la demande de Nicolas Sarkozy. Le rapport suggérait de nombreuses mesures, notamment de libéraliser la profession de taxi. Il avait été enterré, car une grève des taxis avait sonné le glas des ambitions de tout le rapport !

Ce qui s’est passé montre malheureusement :

1/ L’impuissance de l’Etat, incapable de stopper les violences des taxis contre les collaborateurs d’Uber. Il faut faire cohabiter les chauffeurs de taxi et les citoyens qui n’ont pas d’emploi et qui essayent de s’en créer un.

2/ L’inefficacité de l’Etat à imaginer une solution pour indemniser dans la durée tous les chauffeurs de taxis qui ont souvent payé "une plaque" plus de 200 000€ pour exercer leur profession. Il faut dire que le gouvernement avait nommé le député Thomas Thévenoud pour organiser la concertation. Cet homme admirable n’est resté secrétaire d’Etat au Commerce extérieur pas plus de neuf jours, le temps de s’apercevoir qu’il "oubliait de payer ses impôts"!

3/ L’influence encore très grande des "marxistes" au sein de la société française. Il ne faut pas oublier que c’est François Mitterrand qui avait décidé de confier quatre ministères très importants à des ministres communistes : les transports (=possibilité de bloquer  la France à tout moment), la formation professionnelle (= s’opposer à toute formation professionnelle efficace qui remettrait en cause les avantages acquis…), la santé publique (=perpétuer le déficit de la sécurité sociale en empêchant toute amélioration dans l’efficacité de la gestion) et celui de la fonction publique (sanctifier et développer le nombre de fonctionnaires). Depuis 1981, la défense du service public n’est que la défense des agents des monopoles de l’Etat et non celle des citoyens que ces monopoles sont censés servir.

4/ L’incapacité de l’Etat à se projeter dans l’avenir. Ce qui mettra probablement tout le monde d’accord un jour, c’est la voiture sans chauffeur qui arrive rapidement. Il y aura alors beaucoup moins d’emplois dans le domaine des taxis. C’est cet avenir qu’il faudrait préparer au lieu de laisser des conflits s’envenimer. L’uberisation de l’économie est en marche.

La sortie de la Grèce permettra peut-être de sauver la zone euro

Le pays est dévasté depuis des années par l’absence de fiscalité, la corruption et la fuite de ses cerveaux. Alexis Tsipras s’est fait élire sur un mépris affiché des règles européennes alors que de nombreux pays courageux ont choisi de se réformer au pas de charge (Irlande, Portugal, Espagne et un peu l’Italie mais pas la France). 

Personne n’a pour le moment le mode d’emploi pour résoudre le problème de la Grèce, mais il faudra l’inventer. Cela permettra probablement de sauver l’Europe.

Pour prendre un peu de recul, il suffit de relire :

1/ Le livre d’Edmond About, "La Grèce contemporaine", publié en 1854 à l'âge de 27 ans. Ancien normalien, il expliquait notamment que : "La Grèce est le seul exemple connu d'un pays vivant en pleine banqueroute depuis le jour de sa naissance en 1830"(...) "En 1832, la France, la Grande Bretagne et la Russie pour achever l'émancipation de la Grèce et assurer sa prospérité appuyèrent de leurs garanties un emprunt de 60 millions de francs. Chacune des trois puissances garantissait un tiers" (...) "Les ressources fournies par cet emprunt ont été gaspillées par le gouvernement sans aucun fruit pour le pays et une fois l'argent dépensé, il a fallu que les garants par pure bienveillance en servissent les intérêts, la Grèce ne pouvait point les payer ".

Le livre est toujours disponible et mériterait d'être lu par tous les ministres des Finances de la zone euro.

2/ Le rapport du Dr Christopher Waller, directeur de la recherche de la Federal Reserve Bank of Saint Louis, qui a publié un excellent rapport intitulé : "Dette souveraine, une tragédie grecque moderne". Il rappelle que le premier défaut connu au monde s’est passé en Grèce 400 ans avant Jésus-Christ. Il s’agissait de 13 villes grecques qui avaient emprunté de l’argent au temple de Délos et qui refusaient de rembourser.

3/ Le livre de Nikos Dimou , "Du malheur d’être Grec". Au fond, écrit-il, le Grec ignore la réalité. Il vit deux fois au-dessus de ses moyens financiers. Il promet trois fois plus que ce qu’il peut accomplir. Il affirme connaître quatre fois plus de choses que ce qu’il sait réellement. Il ressent et compatit cinq fois plus que ce qu’il est capable de ressentir.

La Grèce empêche de regarder la situation très dégradée de l’économie française

En France, le chômage a de nouveau progressé en mai, la construction de logements ne redémarre pas, le déficit courant de la France s’est creusé en 2014, le pays continuant de céder des parts de marché notamment face à ses partenaires européens. La politique familiale de François Hollande qui vise "les familles aisées" va entrer en vigueur.

En revanche, les fonctionnaires auront droit à une revalorisation des grilles indiciaires de rémunération et ils pourront continuer de profiter largement de la suppression du jour de carence. Le nombre d’arrêts par agent a augmenté en effet de 12,5% en 2014.

Pendant ce temps, la Cour des Comptes agace le gouvernement, paraît-il, quand elle fait des commentaires sévères sur la situation des finances publiques. Elle se permet en effet de faire remarquer qu’une hausse de taux de 100 points de base augmenterait la charge d’intérêt de l’Etat de 2,4Md€ cette année et de 5,3 Md€ l’année prochaine…

Un mouvement de baisse important secoue les bourses chinoises

Les bourses chinoises ont perdu par rapport à leur plus haut récent 30% sur l’indice ChiNext qui est un peu l’équivalent du Nasdaq de Shenzen, 18% sur l’indice de Shangai et 8,5% sur l’indice Hang Seng qui comprend les grandes sociétés chinoises cotées à Hong Kong. Il est toujours facile d’expliquer qu’une correction est normale quand un marché vient de monter de 160% depuis deux ans.

En réaction à cette baisse, la Banque Populaire de Chine vient d’assouplir encore les règles du crédit bancaire. Elle estime que le marché immobilier semble avoir cessé de se dégrader. Quand à la production industrielle elle est toujours en contraction, mais tout de même en amélioration par rapport aux trois mois précédents. Le marché chinois a toujours été volatil mais toutes les actions ne se traitent pas à des rapports cours/bénéfices astronomiques. On peut trouver à Hong Kong des valeurs comme Kingboard Chemical qui fait des circuits imprimés et Xinyi Glass un fabricant de verre, qui se traitent moins de 10 fois les bénéfices et qui rapportent autour de 4%.

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