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"Plus d’infirmières, plus de médecins, plus d’enseignants… il faut plus de MOYENS !" : une rhétorique archaïque qui a la vie dure !
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Vieille France

Le discours est au moins aussi vieux que le Programme commun de la gauche. Mais il retrouve une nouvelle jeunesse à l’approche de la campagne présidentielle. Et il est aussi fallacieux que redoutable.

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd est historien, spécialiste des Pays-Bas, président du Conseil scientifique et d'évaluation de la Fondation pour l'innovation politique. 

Il est l'auteur de Histoire des Pays-Bas des origines à nos jours, chez Fayard. Il est aussi l'un des auteurs de l'ouvrage collectif, 50 matinales pour réveiller la France.
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C’est bien ce discours qui est derrière le slogan, déjà tout trouvé, d’une gauche ô combien créative : « Au secours la droite revient ! ». Et qui se décline en autant d’attaques contre une opposition « ultralibérale » (bien sûr !) qui veut s’en prendre à tous les « avantages acquis », pardon, « aux fondements même de l’Etat », dixit François Hollande, excusez du peu !  

Discours qui peut s’avérer d’une efficacité redoutable, compte-tenu de notre culture si profonde de l’Etat-Providence mais aussi du bon sens apparent : comment donc vouloir moins d’infirmières, moins de médecins, moins de policiers, moins d’enseignants ?

Et la droite de se trouver fort embarrassée ; de jurer qu’elle ne coupera pas ici, pas là et pas ailleurs ; qu’elle augmentera même le nombre des policiers des militaires etc…Certes, mais alors où va -t-elle faire ces fameuses économies, dont elle nous rebat les oreilles ? Pire : entend-elle donc revenir sur tous les cadeaux (re-pardon : « la juste redistribution ») du Président ? Supprimer la prime de 800 euros des instituteurs, le RSA pour les 18-25 ans, etc. ? Nul doute que, catégorie par catégorie, l’argumentaire va être affûté et ciblé. Jusqu'au jour du grand choix où chacune de ces catégories « en conscience », c’est-à-dire en intérêt bien compris, se résignera à revoter à gauche…

Argumentaire qui est pourtant d’une fragilité atterrante : 

1/ Quid de la pléthore de fonctionnaires, nationaux et territoriaux, qui ne sont ni infirmières, ni médecins, ni enseignants, ni policiers, c’est-à-dire la MAJORITE d’entre eux, et que l’on se garde toujours d’évoquer ? Nul doute que demander « plus d’agents du fisc » est un thème moins populaire que « plus d’infirmières ».  

2/ Que dire de sophismes aussi creux que solidement ancrés ? Comme la confusion savamment entretenue entre STATUT et METIER : en quoi une infirmière, libérale ou sous contrat, serait-elle moins « infirmière » qu’une titulaire de l’hôpital public ? Pourquoi dès lors engager les fonds publics, à chaque recrutement d’un agent, pour 60 ans (40 ans d’activité plus 20 ans de retraite) ? Aussi atterrante, l’imputation des difficultés actuelles de maintien de l’ordre aux restrictions du quinquennat précédent : avec 30 000 hommes, les forces concernées sont, et de loin, les plus nombreuses d’Europe ; et l’on voit mal en quoi « casser du flic » pourrait être la conséquence d’un choix budgétaire!

Le sophisme suprême consiste à réclamer davantage de dépenses collectives dans un pays qui y consacre déjà 10 points de plus de PIB que ses voisins, sans que la plus-value en soit évidente, c’est le moins qu’on puisse dire.

3/ Rappelons à nos gouvernants les réalités du monde nouveau que, d’« assises » en « forums » et de grands mots en secrétariats d’Etat, ils nous rabâchent tous les jours : dans ce monde digital, les progrès de productivité sont considérables et le secteur privé les met en œuvre à marche forcée. Pourquoi pas le secteur public ? A les entendre, les apôtres du « toujours plus » n’ont clairement jamais entendu parler d’ordinateur et d’internet. De fait l’essor de l’e-administration, des impôts à l’Etat-civil, rend caducs de très nombreux poste et métiers, artificiellement maintenus dans l’emploi public. 

  La rhétorique du « plus de moyens ! » ne tient pas donc pas une minute devant toutes ces évidences. Elle est, de fait, l’alibi et l’ultime rempart des RENTES tirées sur l’Etat, c’est-dire sur les contribuables français. Qui devront choisir enfin entre « la grande illusion qui permet à tout le monde de vivre aux dépens de tout le monde », comme disait Frédéric Bastiat, et une société qui se (re)prendra en main dans un esprit conquérant de progrès et de justice. 

Tel est, ni plus, ni moins, le choix de 2017. Qui le dira ?

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