"Breaking the silence" : les témoignages de soldats israéliens sur la dernière guerre à Gaza<!-- --> | Atlantico.fr
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Des soldats israéliens ont publié des témoignages terrifiants.
Des soldats israéliens ont publié des témoignages terrifiants.
©Reuters

Revue de blogs

La publication de nouveaux témoignages de soldats israéliens par l'ONG israélienne "Breaking the silence" augmente le malaise à propos de cette guerre très "sale", mais permet aussi d'évoquer sur les réseaux sociaux ce dont Israël ne veut pas parler.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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L'ONG israélienne "Breaking the silence" (Rompre le silence) sait qu'elle révèle des faits de guerre tabous, ceux de l'armée israélienne (IDF), et l'assume depuis 2004. Elle a même été créée pour ça, et ses membres fondateurs ne se cachent pas derrière l'anonymat. même si les témoignages de soldats, eux, sont anonymes. Ce n'est pas le premier site de témoignages sur les horreurs des guerres. Ceux des combattants en Irak, en Afghanistan, en Colombie, y ressemblent beaucoup.

Mais les60 nouveaux témoignages de soldats à Gaza l'été dernier, signalent, selon l'ONG, une dégradation du strict minimum d'éthique ou de discipline militaire, la banalisation de l'assassinat de civils et des destruction massives d'infrastuctures à Gaza.

Capture d'écran du site Breaking the silence.

Les nouveaux témoignages mis en ligne sont classés, cliniquement, en catégories telles que "destructions", "civils", "occupation", et d'après ces soldats, lors de l'opération "Barrière protectrice" de 2014, aucune limite n'a été posée aux destructions, aucune procédure ou ordre clair n'a encadré ravages, pillages et opérations militaires ou de sécurisation à la puissance disproportionnée. Extraits de quelques témoignages, disponibles (en anglais) sur le site.

"Stérilisé"

Le commandant : "Tout ce que vous voyez dans les quartiers où vous êtes, tout ce qui est à une distance raisonnable, disons entre zéro et 200 mètres, est mort sur la place. Aucune autorisation nécessaire."

Nous lui avons demandé : "Je vois quelqu'un qui marche dans la rue, puis-je lui tirer dessus?" Il a dit oui.

"Pourquoi dois-je lui tirer dessus?"

"Parce qu'il n'est pas censé être là. Personne, sain d'esprit, qui n'est pas un terroriste, n'a à faire à moins de 200 mètres d'un tank. (...) C'est une zone qui doit être stérilisée, de notre point de vue."

Le vieux Palestinien

"On nous a dit [pendant les briefings] que tout le monde dans la zone dangereuse était suspect. Surtout si il ou elle était en véhicule - dans ce cas, vous pouvez vraiment l'arroser de balles.

Il y avait un cas où un soldat, qui se trouvait dans l'un des postes de garde, a vu un vieil homme [palestinien] approcher, alors il a crié qu'un vieil homme approchait. Il n'a pas tiré sur lui - il a tiré près de lui. (...) Je suis allé à la fenêtre pour voir ce qui se passait là-bas, et je l'ai vu, le vieil homme était couché sur le sol, il avait été touché à la jambe et il a été blessé. C'était horrible, la blessure était horrible, et il avait l'air mort ou inconscient selon moi. Donc nous sommes allés en bas et on a dit à l'équipe - ces gars-là étaient tous vraiment tordus - Assez, il n'y a aucune raison de tirer sur lui, il est mort. Et donc une dispute a démarré entre les soldats: Qu'est-ce qui vous rend expert sur la mort ? Vous êtes  docteurs ?. Et après ça, un gars de la compagnie est sorti et a tiré sur cet homme à nouveau, et pour moi, c'était trop".

Les ordres

"Vas-y. Sa femme et son gosse sont dans la voiture aussi ? C'est pas la fin du monde."

"Nous attendons un niveau élevé de dégâts sur les civils."

"Frappez d'une façon qui sera bien prise par les spectateurs israéliens, et mal prise par les spectateurs palestiniens."

Tous les témoignages sont disponibles dans ce PDF (en anglais). 

Les réactions oscillent, comme à l'accoutumée, entre les nombreux remerciements à l'ONG pour le travail qu'elle effectue depuis 10 ans et les réactions officielles tranchantes de IDF (armée israélienne) et des autorités israéliennes. 

CoolAMnews signale déjà un "retour de baton" classique sur ce sujet, qui met en cause la crédibilité et la responsabilité des soldats qui parlent : "Rien ne va plus entre les associations qui partagent la haine d’Israël. Croyant jouer son rôle de diffamation de l’armée israélienne, en publiant son rapport annuel sur les crimes de guerre de Tsahal, cette année à Gaza, Briser le silence est accusée par des associations encore plus extrémistes de couvrir les soldats israéliens !

Fort bien. Sauf que les soldats en question s’expriment à l’abri de l’anonymat. En respectant celui-ci, "Breaking the Silence" se rend ainsi coupable de non dénonciation de crimes, car la place de ces hommes (et, plus encore, des officiers supérieurs qui les commandaient et dont les troufions ont les noms) est à la barre d’un tribunal, pas au confessionnal. "On tire et puis on pleure", est une rengaine du sionisme éclairé, à laquelle nous sommes malheureusement habitués depuis des décennies", peut-on lire sur les sites pro-palestiniens français.

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