Sky ECC : la police a réussi à pirater la messagerie secrète des criminels<!-- --> | Atlantico.fr
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Les forces de l’ordre ont été en mesure d’accéder à des contenus de la messagerie réputée jusqu’ici inviolable, Sky ECC
Les forces de l’ordre ont été en mesure d’accéder à des contenus de la messagerie réputée jusqu’ici inviolable, Sky ECC
©PATRICK KOVARIK / POOL / AFP

Arroseur arrosé

Plus de 160.000 utilisateurs du réseau Sky ECC ont été répertoriés à travers le monde. La police judiciaire a intercepté 1 milliard de messages.

Les forces de l’ordre ont été en mesure d’accéder à des contenus de la messagerie réputée jusqu’ici inviolable, Sky ECC. Ce logiciel était utilisé de manière quasi exclusive par les organisations criminelles du monde entier. Ce système est commercialisé par une firme basée au Canada et est très prisé par les narcotrafiquants qui exigent une grande confidentialité pour la commercialisation de la drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe.

Selon des informations du Figaro, cette plateforme a pu être utilisée par des caïds de cités françaises, pour organiser des chambres de torture aux Pays-Bas ou pour réaliser des opérations avec des banquiers occultes depuis les pays du Golfe via des téléphones portables cryptés.

D’après un bilan de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et selon des informations du Figaro, plus de 160.000 utilisateurs de ce réseau « chiffré » ont été répertoriés à travers le monde.

Des livraisons, des recrutements d’hommes de main ou encore des « contrats » étaient notamment au cœur des échanges.

L’opération de police pour s’infiltrer à travers ce réseau a débuté en novembre 2018. Des policiers néerlandais et belges ont interpellé des suspects avec des téléphones bizarres avant de tenter d’en percer les secrets.

Des investigations techniques ont conduit à certains serveurs informatiques basés en France. En février 2019, les magistrats du parquet de Lille ont chargé la DCPJ d’enquêter pour vérifier comment les téléphones fonctionnent et pour identifier les utilisateurs.

Les enquêteurs français ont découvert que Sky ECC est proposé à la vente à des tarifs prohibitifs, soit 800 euros pour un abonnement de trois mois, payable en liquide ou en cryptomonnaie.

Sky ECC garantissait l’anonymat et le secret des conversations des usagers.

En décembre 2019, une équipe commune d’enquête a été mise en place entre les Pays-Bas, la Belgique et la France. Dans la plus grande discrétion, la DCPJ crée, à son QG de Nanterre, une « task force » réunissant une dizaine de spécialistes de la criminalité organisée, des trafics de stups, du blanchiment ou encore du « cyber ».

D’après la rédaction du Figaro, 2.500 noms d’utilisateurs de Sky ECC ont été trouvés.

Les enquêteurs ont ensuite été en mesure de pirater et d’espionner le réseau grâce à un système de captation à distance des données.

Au siège d’Europol à La Haye, une seconde équipe commune d’enquête, a pu suivre quasiment en temps réel les échanges entre criminels.

En France, près de 90 utilisateurs ont été identifiés, le dossier Sky ECC a déjà donné lieu à l’ouverture de 70 procédures judiciaires et à la mise en examen de 90 individus.

Les opérations menées par la police dans le cadre de cette enquête ont débouché sur la saisie de deux tonnes de stupéfiants dont 1,2 tonne de cocaïne et plusieurs dizaines de saisies portant sur des armes, des voitures de luxe, des propriétés ou encore 3 millions d’euros en liquide.

Sky ECC a permis aux forces de l’ordre de cartographier des organisations criminelles et d’identifier des cibles d’intérêt prioritaires, françaises et étrangères.

L’un des exemples concerne une série de clichés macabres pris à Ritopek, dans la banlieue de Belgrade, sur une « maison de l’horreur ». Des mafieux serbes torturaient leurs rivaux monténégrins avant de les couper en morceaux sur une bâche, de les mettre dans un hachoir à viande et de faire disparaître les restes dans les eaux du Danube.

Les échanges décryptés ont aussi permis de révéler des faits avérés de corruption.

En France, cette enquête sur la messagerie Sky ECC a alerté les enquêteurs sur des risques de « corruption de basse intensité » pouvant viser des dockers, des douaniers et même des membres des forces de l’ordre…

Les messages décryptés ont permis de découvrir que les groupes criminels qui semblaient avoir une influence locale étaient en réalité en lien avec des fournisseurs de cocaïne en Amérique du Sud, des grossistes de résine de cannabis marocains réfugiés à Dubaï ou des équipes de tueurs basés aux Pays-Bas. La plupart des criminels utilisent énormément de cryptomonnaies lors de leurs échanges.

Le Figaro

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