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Michel Neyret, ex-numéro deux de la PJ lyonnaise, est renvoyé en correctionnelle
©Reuters

Le retour

Le flic déchu comparaîtra notamment pour violation du secret professionnel, corruption et trafic d'influence passifs par personne dépositaire de l'autorité publique, détournement de scellés de stupéfiants, détention, offre ou cession de ces produits et association de malfaiteurs en vue de commettre une partie de ces délits.

L'affaire avait ébranlé toute la police française, en 2011. Michel Neyret est ainsi, quatre plus tard, renvoyé en correctionnelle pour un scandale de corruption digne d'un scénario de cinéma. L'ex-numéro deux de la PJ lyonnaise n'est pas le seul concerné puisque huit personnes au total seront jugées par le tribunal correctionnel de Paris: l'épouse de Michel Neyret, trois anciens subordonnés, trois membres présumés du milieu lyonnais et un avocat de la ville de Lyon.

"Pas surpris", Michel Neyret a exprimé sur RTL "une sorte de soulagement" de pouvoir "présenter (ses) arguments" lors d'un "débat devant le tribunal". "J'ai travaillé pendant 35 ans pour neutraliser des malfaiteurs, je l'ai toujours fait", a-t-il martelé. Michel Neyret, 59 ans, était un policier au sommet en 2010. Une légende dans la ville des Gones. La PJ parisienne enquête alors sur un réseau international de cocaïne et saisit à Neuilly-sur-Seine 100 kg de poudre. L'un des suspects est une figure du milieu, Yannick Dacheville, en fuite.

Neyret est accusé d'être un "ripou" qui renseigne le milieu et a détourné des saisies de stupéfiants. Ce scandale, en 2011, était en tout cas le premier d'une série d'affaires qui ont ébranlé l'institution policière : trafic de cocaïne présumé à Roissy, soupçons de détournement de cocaïne à la PJ parisienne, également touchée par des accusations de viols portées par une touriste canadienne, fuites présumées qui ont coûté sa place à l'ex-patron du 36, quai des Orfèvres Bernard Petit.

Des écoutes téléphoniques étonnent les enquêteurs : un homme réputé proche du milieu lyonnais, Gilles Benichou, cherche des renseignements sur ce dont dispose la justice contre Dacheville. Et en obtient. Son informateur semble Neyret. Il est mis en examen en septembre 2011, un an avant d'être révoqué. Selon une source proche du dossier, l'enquête démontre alors que "Neyret rendait des services divers" à Gilles Benichou, le frère d'un "indic", et à d'autres membres présumés de la pègre lyonnaise.

Le policier a consulté les fiches de figures du milieu, comme Cyril Astruc, alias Alex Kahn, personnage central de l'escroquerie à la taxe carbone, ou encore Stéphane Alzraa. Il est soupçonné d'avoir informé ces deux-là "du contenu de dossiers judiciaires traités par son service et par d'autres services de police", selon une source proche du dossier. Lui sont également reprochées "des interventions auprès de policiers et de magistrats".

Mais ce n'est pas tout. En effet, les enquêteurs pensent qu'il s'est aussi "procuré et a essayé de se procurer de la résine de cannabis ayant fait l'objet de saisies" afin "de la remettre à plusieurs personnes qui l'ont revendue". Des faits présumés qui vaudront à l'ex-patron de l'antenne de la PJ de Grenoble et à deux anciens des "stups" de Lyon de comparaître à ses côtés.

Neyret admettra ces "prélèvements", destinés selon lui à "récompenser ses informateurs", une pratique présentée comme "ancienne", et invoquant "son désir d'être efficace" contre les malfaiteurs. Mais ses ex-confrères relèvent qu'il a très peu utilisé sa carte de crédit, très peu retiré d'espèces durant cette période. Son épouse a expliqué que des membres présumés du milieu donnaient "de ci de là des sommes de 1.000 euros à son mari", ce que Neyret a contesté. Et Neyret multiplie les viyages au soleil : Marrakech, Ajaccio, Cannes, se paie une montre et des vêtements de luxe...

Michel Neyret comparaîtra notamment pour violation du secret professionnel, corruption et trafic d'influence passifs par personne dépositaire de l'autorité publique, détournement de scellés de stupéfiants, détention, offre ou cession de ces produits et association de malfaiteurs en vue de commettre une partie de ces délits. L'avocat renvoyé en correctionnelle, David Metexas, a réfuté "catégoriquement" s'être livré à un recel de violation du secret professionnel: "On me reproche des infractions commises par d'autres personnes dont je suis l'avocat", "la confidentialité de mes échanges avec mes clients a été bafouée".

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