Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky affirme avoir préféré ne pas prévenir son peuple de l'invasion russe pour éviter une panique généralisée<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confié au Washington Post ne pas avoir communiqué des informations de la CIA sur l'imminence de l'invasion russe.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confié au Washington Post ne pas avoir communiqué des informations de la CIA sur l'imminence de l'invasion russe.
©Dimitar DILKOFF / AFP

Stratégie du dirigeant ukrainien

Le président ukrainien a confié au Washington Post ne pas avoir communiqué des informations de la CIA sur l'imminence de l'invasion russe pour éviter une panique généralisée. Ce choix est beaucoup critiqué depuis ces révélations.

Dans le cadre d'une interview accordée au Washington Post et publiée le mardi 16 août, Volodymyr Zelensky a reconnu ne pas avoir informé son peuple de l'imminence d'une invasion russe, ou du moins d'avoir minimisé son impact.

« Si nous avions répandu le chaos dans la population avant l'invasion, les Russes nous auraient dévorés », a-t-il confié auprès du journal américain.

Le président ukrainien explique en effet avoir craint une panique généralisée, une fuite massive de la population du pays mais également un effondrement économique qui aurait été fatal :

« Si nous avions communiqué (sur l'invasion, NDLR), alors j'aurais perdu 7 milliards de dollars par mois depuis octobre dernier, et au moment où les Russes ont attaqué, ils nous auraient battus en trois jours ».

Volodymyr Zelensky indique que les Ukrainiens ont retiré d'importantes sommes d'argent de leurs comptes les semaines qui ont précédé la guerre, en sachant pertinemment « que cela affecterait l'économie du pays ». Selon lui, évoquer la menace d'une entrée en guerre n'aurait fait qu'accentuer ce phénomène.

Volodymyr Zelensky réfute cependant toute dissimulation à grande échelle. Il assure que les Ukrainiens « avaient accès à toute l'information qui était disponible » sur l'imminence d'une guerre, rappelant que l'armée russe massait des hommes et du matériel aux frontières depuis six mois.

Lui-même n'avait d'ailleurs pas envisagé une guerre de cette ampleur, reconnaît-il. Seul « détail » important que le président ukrainien avoue ne pas avoir communiqué : une information de la CIA selon laquelle les Russes allaient débarquer sur l'aéroport d'Hostomel pour atteindre rapidement Kiev et l'écarter du pouvoir.

Le chef d'État se félicite de sa position et estime avoir pris la bonne décision, puisque les troupes russes ne sont pas parvenues à atteindre la capitale :

« Lorsque l'invasion a commencé, nous étions aussi forts que nous pouvions l'être. Certains de nos compatriotes sont partis, mais la plupart sont restés et se sont battus pour leurs maisons. Et aussi cynique que cela puisse paraître, ce sont ces gens qui ont stoppé les Russes », a confié Volodymyr Zelensky au Washington Post.

Ces déclarations ont suscité des critiques au sein de la population ukrainienne, qui reproche à son président, depuis la parution de l'interview, d'avoir privilégié la santé économique du pays. Sur les réseaux sociaux, des Ukrainiens jugent que de nombreuses vies auraient pu être épargnées si le gouvernement avait correctement préparé la population à la guerre. Certains ont partagé leur expérience de la guerre et du chaos en expliquant qu'ils auraient pu vivre différemment cette invasion s'ils avaient été avertis de son ampleur. Des personnalités publiques ont également directement attaqué le président Zelensky, l'accusant de porter une certaine responsabilité dans les atrocités commises par les Russes.

Ainsi, la rédactrice en chef du site d'information Ukrainska Pravda, Sevgil Musaieva, s'est sentie « personnellement offensée » par les justifications du chef d'État, estimant qu'elle remettait en question l'intelligence du peuple ukrainien. Elle affirme qu'elle n'aurait pas fui la guerre si elle avait été prévenue.

« Comment une personne qui a Marioupol, Butcha et Kherson sur la conscience peut-elle oser dire qu'une évacuation aurait submergé le pays », a indiqué le journaliste Bohdan Butkevich, en référence aux endroits où la Russie est accusée d'avoir commis des exactions. « Il ne voulait pas mettre le pays en état de guerre car il avait peur de perdre le pouvoir ».

Une autre partie de la population ukrainienne a en revanche préféré prendre la défense de Volodymyr Zelensky, estimant que chacun savait que la guerre approchait, et qu'une déclaration présidentielle n'aurait pas eu d'effet significatif.

Le Figaro

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