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Webcam génération : tous exhibs, tous voyeurs ?
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Ce n'est pas sale

Internet, les webcams et les téléphones dotés d'appareil-photos : jamais il n'a été aussi facile de jouer les voyeurs ou les exhibitionnistes du fond de son canapé. Scarlett Johansson, dont les photos dénudées ont été dévoilées récemment, en sait quelque chose ! Mais au fait, c'est grave docteur ?

Atlantico : Récemment, Scarlett Johansson a confirmé ce que toute la planète web savait : elle s'était prise en photo sur son téléphone pour envoyer les photos de charme à son petit ami… Pensez-vous que le progrès technologique nous pervertisse ?

Erik Diétrich : Rappelons d’abord que l’exhibitionnisme et le voyeurisme sont les deux facettes d’une même médaille ; le voyeur est celui qui aime voir et l’exhibitionniste est celui qui aime se montrer. Comme beaucoup d’autres pratiques sexuelles (le triolisme, l’échangisme..), ces pratiques existent depuis toujours. Internet va modifier les tendances exhibitionnistes et voyeuristes.

Si on en reste à la sexualité - l'exhibitionnisme et le voyeurisme-, Internet a remplacé l’outil papier, le minitel rose, le film, la télévision, les bois, des tas de lieux… Internet n’apporte pas grand-chose de plus aux deux tendances qu’un nouvel outil avec lequel on communique beaucoup plus vite, où on utilise des webcams et avec lequel on peut faire joujou à partir de chez soi, masqué ou non masqué. Cela reste donc une pratique sexuelle qui se développe un peu plus rapidement grâce à Internet ne dévoile qu’un petit peu plus ce qui existait déjà. Le pourcentage de pratiquants est toujours le même.

Selon vous, la proportion de voyeurs et d'exhibionnistes demeure la même, alors que passer à l’acte devient beaucoup plus facile ?

Cette proportion n’a pas augmenté. Comme l’échangisme d’ailleurs qui est à la mode dans de nombreux clubs, alors qu’avant il existait déjà plus discrètement dans des maisons, un peu partout. La quantité de fantasmes de voyeurisme et d’exhibitionnisme est la même. Sauf que maintenant on est beaucoup plus vite « à poil » mais de manière virtuelle. C’est ce pourcentage qui augmente énormément car tous les gens qui avaient ce fantasme sont passés à l’acte. Mais il est virtuel ! Internet et sa webcam permettent d’assouvir ses fantasmes de manière beaucoup moins transgressive et/ou dangereuse à l’abri derrière son écran. Le fantasme est devenu plus facile à mettre en place.

Internet est-il un « pousse-au-crime » ?

On a toujours tendance à trouver des bouc-émissaires pour tout. Internet démocratiserait la violence, le sexe, etc. Mais Internet n’est pas à remettre en cause. Il permet juste de passer à l’acte dans l’imaginaire ! Je ne crois donc pas qu’il soit un « pousse-au-crime ». Les courants moralisateurs, de la répression et de la censure, vont à nouveau diaboliser les outils comme Internet en l’accusant de faire augmenter la violence et les crimes sexuels. Ces raccourcis sont complètement faux et ils tendent à masquer les problèmes d’une société qui va mal.

Recevoir ou envoyer des photos dénudées à sa partenaire via son téléphone portable… C’est bien ou c’est grave docteur ?

En utilisant « bien » et « grave » vous émettez un jugement… ou une pathologie ! Je crois qu’il faut au contraire s’écarter des jugements de valeur et de ces prétendus diagnostics. En tant que sexologue, médecin et psychothérapeute, j'observe que des gens, dans la sphère de leur intime, vont communiquer via Internet ou via leur téléphone portable en s’envoyant des photos érotiques, coquines, ou leur sexe en érection en écrivant : « Prépare-toi pour ce soir ! ». Je trouve que ça rentre dans un cadre plutôt ludique, érotique, sensuel ; d’une autre façon de communiquer au niveau sexuel. Nos grands-parents faisaient ça. La seule différence étant que ça prenait juste beaucoup plus de temps pour l’image, la photo ou le dessin d’arriver à son destinataire. Tout ce qu’on nomme perversion sexuel : les Grecs, les Romains les pratiquaient déjà !

Observez-vous une augmentation du phénomène de l'exhibitionnisme et du voyeurisme en cabinet de consultation ?

Non, j’ai la chance de travailler depuis 25 ans, et je ne remarque pas de recrudescence particulière ni de l’exhibitionnisme, ni du voyeurisme. Le pourcentage a toujours été à peu près le même. En revanche, les hommes et les femmes jaloux d’amants ou de maîtresses virtuels ou imaginaires sont de plus en plus nombreux. Du coup, le support Internet va faire que, par exemple, la femme peut devenir jalouse.

Avant elle était jalouse de son partenaire qui regardait Newlook. Ca n’était qu’une image…  Aujourd’hui, elle est jalouse de quelque chose qui est beaucoup plus important : la réalité, la concrétisation d’une maitresse virtuelle ou imaginaire qui, via le discours qu’on peut entretenir avec l’autre à travers le net et va entraîner quelque chose de nouveau...

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