Vu de Belgique : le foot, la France, l'Algérie et le politiquement correct <!-- --> | Atlantico.fr
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A Toulouse, des supporters ont réussi à hisser le drapeau algérien sur un des balcons du premier étage de la Mairie.
A Toulouse, des supporters ont réussi à hisser le drapeau algérien sur un des balcons du premier étage de la Mairie.
©Flickr / Ludo29

Autre regard

La France s'est brillamment qualifiée pour le Brésil, le même soir que l'Algérie. Malgré l'exploit des Français, ce sont surtout des supporters algériens que l'on a vus arborer des drapeaux dans les rues des villes de l’Hexagone.

Alain  Destexhe

Alain Destexhe

Alain Destexhe est député belge,  ex sénateur, initiateur de la commission d'enquête du Sénat belge sur le génocide du Rwanda. Il a également été secrétaire général de Médecins Sans Frontières et est l'auteur de Le mouvement flamand expliqué aux francophones (ed. La Renaissance du livre).

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Selon un reporter de BFMTV, 90 % des drapeaux étaient algériens, "une écrasante majorité", selon LCI. Ces manifestations de joie ne se sont pas déroulées sans incident. A  Lormont, près de Bordeaux, deux voitures ont été incendiées. A Paris, la station Barbès a dû être fermée dès le début de la soirée, puis des supporters sont montés sur des bus et la  ligne 2 du métro a dû être interrompue "à cause de supporters algériens montés sur les voies du viaduc entre Barbès et Anvers". Vers 23h30, la RATP a publié le communiqué suivant : "En raison d'événements sur la voie publique défavorables, le trafic est interrompu sur toutes les lignes de bus et de tramways". Rien que cela. Interrogée, la RATP évoquait "des perturbations liées entre autres (sic) à la qualification de l'Algérie au Mondial de Foot qui rendent impossible la circulation de bus. "

A Toulouse, des supporters ont réussi à hisser le drapeau algérien sur un des balcons du premier étage de la Mairie.  A Avignon, des "échauffourées ont éclaté avec les forces de l'ordre après qu'un groupe de jeunes ait caillassé les policiers". Deux d'entre eux ont été légèrement blessés. A Lille et ses environs immédiats, 24 voitures ont été brûlées.

A Besançon, des gendarmes ont été pris à partie par des supporters, leur véhicule a été bloqué par d'autres véhicules, les supporters ont recouvert les véhicules avec des drapeaux algériens, avant de donner des coups de pieds dans la carrosserie puis d'arracher un essuie-glace et le pare-choc arrière. Un individu a lancé une pierre sur une vitre latérale qui s'est brisée et une femme gendarme a été blessée à l'œil gauche par des débris de verre.

A Marseille, 2 000 supporters s'étaient rassemblés sur le Vieux-Port et un groupe s'en est pris aux forces de l'ordre, trois policiers ont été blessés. 

Dans plusieurs villes, des forces de l'ordre ont dû être déployées en grand nombre surtout à Paris où quatorze personnes ont été placées en garde à vue pour jets de projectiles et violences volontaires.

Mais, pour cause de politiquement correct, de tout cela vous n'aurez sans doute pas entendu parler. Il ne fallait pas gâcher la fête. Une source policière s'en est même félicitée : "ça s'est très bien passé", "l'ambiance a été plutôt calme et festive". A vous de juger.

Sur LCI, un présentateur, un peu gêné par les images qui montraient l'écrasante domination des drapeaux algériens sur les français, déclarait : "regardez la joie des supporters algériens et franco-algériens qui sont très nombreux" . Et  c'est bien là le problème. La grande majorité de ceux qui pavoisaient était bien algériens ET français. Pourquoi n'arboraient-ils que le seul drapeau algérien ?

Le politiquement correct conduit à minimiser ces incidents et à éviter de poser des questions dérangeantes. Libération veut à tout prix  "positiver" l'événement. Contre l'évidence, "Libé", pour illustrer la soirée, a choisi une photo présentant un drapeau français devant l'Arc de triomphe et a cité un supporter algérien : "En plus il y a la France, c'est une grande histoire d'amour entre nos deux pays. Peut-être que l'on sera dans le même groupe". On verrait alors au Brésil : où va vraiment le cœur des Franco-Algériens ?

Et même le Figaro ne pouvait s'empêcher d'écrire : "les supporters français ont rejoint les Algériens et les Portugais. Drapeaux français algériens et portugais se mêlaient au milieu des voitures", sans préciser le fait que l'immense majorité des drapeaux étaient algériens.

Certes, l'ensemble de ces incidents ne suffit pas à gâcher la fête des Bleus. Mais pourquoi la majorité de la presse choisit-elle de ne pas en parler ? Et si elle le fait, c'est a minima, en donnant, en dépit de la vérité, l'impression d'une liesse commune que personne n'a observée.

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