Vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenu, de nouvelles études le confirment : le porno a un effet désastreux sur la sexualité des hommes<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenu, de nouvelles études le confirment : le porno a un effet désastreux sur la sexualité des hommes
©Reuters

Best of Atlantico 2017

A l'occasion des fêtes, Atlantico republie les articles marquants de l'année qui s'achève. En mai, une étude du Naval Medical Center de San Diego montrait les conséquences sur la sexualité de l'abus de pornographie.

Alexis  Rapin

Alexis Rapin

Alexis Rapin est psychiatre et sexologue.

Voir la bio »

Article publié initialement le 19 mai 2017

Atlantico : Selon une étude effectuée par le Naval Medical Center de San Diego, l'abus de pornographie aurait des conséquences néfastes sur la sexualité. Selon les travaux de Dr. Matthew Christman, le "porno" aurait un impact important sur la santé psycho-sexuelle des hommes qui en abusent. Comment expliquer ce lien? Pourquoi les femmes sont-elles moins concernées par ce phénomène?

Alexis Rapin : Les dégâts de la pornographie n’est pas une chose nouvelle qu’on apprendrait aujourd’hui au travers de cette étude. On le constate déjà depuis très longtemps dans nos consultations.

La pornographie ou le porno c’est une sexualité génitalement explicite scénarisée. Du grand cinéma qui utilise un langage et des codes précis ! Tout est fait pour coller aux fantasmes les plus variés destiné à un public à prédominance masculine et majoritairement fait par des hommes. Le problème que l’on constate, c’est une généralisation de l’utilisation de ce type de contenu comme source d’excitation sexuelle chez nos patients, et ce depuis très jeune (début du collège). Les codes d’attraction sexuelle (ou fantasmes) apparaissent au moment de la puberté lors des premières masturbations. Ce sont des codifications intellectuelles qui déclenchent et entretiennent une excitation génitale.

Le problème de la pornographie n’est pas le support en tant que tel, mais plutôt l’utilisation qu’en fait son consommateur. C’est la multiplication et la variété des images et des vidéos avec une tendance à passer très rapidement d’un contenu à un autre pour maintenir une excitation sexuelle qui pose problème. Cette escalade de consommation peut déboucher sur un mode de recours exclusif un peu comme une sorte de dépendance. Pour le cerveau humain plus la notion de plaisir, donc de récompense, est rapide, plus il va chercher à reproduire le comportement qui en est à l’origine. On peut ainsi basculer rapidement dans la compulsion voire l’addiction. C’est le même principe dans les addictions aux substances.

En contrepartie, comme les consommateurs de drogues, les personnes qui utilisent de la pornographie de façon assidue peuvent développer une sorte de tolérance envers le contenu qu’ils consomment les amenant à repousser les limites vers du plus excitant. Ils vont ainsi sur des registres de plus en plus limitatifs voire exclusifs. La réalité est alors souvent bien insipide pour ces personnes, celle-ci ne s’y retrouvant plus entre leur imaginaire sexuelle et la réalité de leurs codes d’attraction sexuelle.   

Les femmes sont moins affectées dans leur sexualité par ce type de contenu, car d’abord, elles en sont moins consommatrices, et ensuite elles restent fonctionnelles sur le plan sexuel même si leur désir sexuel peut être moins présent ou que leur partenaire ne correspond pas à leur fantasme...  Enfin, le besoin à combler dans la sexualité entre un homme et une femme peut être différent.

Les résultats de ces travaux émettent l'hypothèse que la pornographie pourrait être une des explications quant aux troubles de l'érection chez les hommes. Quel danger cela représente-t-il pour les partenaires réels?

Les troubles érectiles des consommateurs de porno sont de plusieurs ordres : des codes d’attractions sexuels incongrues entre l’imaginaire sexuel et la réalité, généralement à registre plutôt exclusif (=mon excitation n’est pas stimulée dans la réalité par rapport à ce que je vais chercher dans mes fantasme). Egalement les troubles érectiles peuvent être liés à des modes d’excitation limitatifs non reproductibles avec partenaire ainsi qu’à une anxiété de performance. Imaginez la pression qu’a un jeune homme face à sa/son partenaire en se comparant avec les performers qu’il visualise dans les vidéos. Cela crée des distorsions cognitives et sexuelles très importantes !

Le danger est qu’on arrive à des pratiques extrêmes, en oubliant le respect de soi et de l’autre, voir aller même jusqu’à des situations de prise de risques ou d’abus sexuels. A l’inverse, trouble du désir sexuel et dysfonctions érectiles qui vont impacter le couple et pouvant aller à terme jusqu’à une séparation.

Est-il possible de soigner une addiction à la pornographie?

Oui, il existe des prises en charge spécifiques autour de l’addiction à la pornographie. Il faut savoir qu’une addiction sexuelle en générale, et tout sauf d’ordre sexuel ! Ce qui rend ce trouble accessible à toute prise en charge psychothérapique voire très rare-ment, médicamenteuse. Il s’agit d’une addiction comportementale qui relève d’une prise en charge psychiatrique spécifique.

Enfin, pour donner un aperçu de la prise en charge de ces troubles, et selon leur gravité, Il existe des outils spécifiques issus des thérapies cognitivo-comportementales, ou des tech-niques plus modernes que sont les nouvelles formes de psychothérapies (EMDR ou Brainspot-ting).  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !