Poutine, Xi Jinping : Les dictateurs ont besoin de la mondialisation mais ils en ont peur…<!-- --> | Atlantico.fr
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La mondialisation mènera les dirigeants des régimes autoritaires à leur perte.
La mondialisation mènera les dirigeants des régimes autoritaires à leur perte.
©EVGENIA NOVOZHENINA / POOL / AFP

Atlantico Business

La mondialisation mènera les dictateurs à leur perte. Vladimir Poutine fustige la mondialisation capitaliste mais Xi Jinping, lui, signifie qu’il en a besoin. Les dictatures ont besoin des marchés internationaux mais s’aperçoivent aussi que les marchés minent leur autorité.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La guerre en Ukraine et les difficultés de Vladimir Poutine pour atteindre ses objectifs militaires montrent à l’évidence que les régimes autoritaires ont du mal à s’unir pour affronter l’union des pays occidentaux qui défendent l’économie de marché et les principes de la démocratie.

Le président de la fédération de Russie espérait bien obtenir le soutien militaire de ceux qu’ils pensaient être ses alliés : la Chine d’abord, l’Inde, la Turquie et beaucoup des anciennes républiques soviétiques. Mais Vladimir Poutine n’a obtenu aucune garantie. Aucune aide militaire en matériel ou en hommes, aucune promesse d’accord de coopération ou d’alliance.

Le président russe a même été obligé d’essuyer quelques critiques pour son initiative en Ukraine. « Le temps n’est plus de faire la guerre. Le temps est à la négociation entre des peuples différents mais qui peuvent se trouver des complémentarités… » Bref, chacun a trouvé dans sa culture et sa rhétorique, les mots les moins agressifs mais signifiants pour dire à Vladimir Poutine qu’il se trompait…

Vladimir Poutine espérait réunir une moitié de la planète autour de valeurs contraires à celle de l’Occident pour former une coalition concurrente à celle qui supporte l’Otan.

Vladimir Poutine a échoué dans son entreprise. Maintenant, il va falloir que son entourage comprenne pourquoi et trouve des solutions pour sortir le peuple de cette crise qui est aussi un piège. Ça demandera du temps. Mais les autres dictatures ou régimes autoritaires ont eu aussi des leçons à en tirer de cet épisode tragique sur leur propre évolution politique, administrative et économique.

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Tout ce qui se passe aujourd’hui montre à l'évidence que les rapports de force géopolitiques dépendent évidemment de l’histoire des peuples, de leurs ethnies, de leur culture mais dépendent aussi des forces économiques et financières qui sont devenues cardinales. Et ces forces économiques et financières ne fonctionnent pas sans transparence, sans liberté et sans respect du droit ou des accords passés. La création de richesses qui est devenue indispensable au bonheur et à la force des peuples, nécessite les ressorts de l’économie de marché, c’est-à-dire le respect du droit de propriété, de la liberté individuelle, du droit commercial etc...  et finalement, la plupart des composantes d’une organisation démocratique.

Depuis plus de vingt ans maintenant, la plupart des régimes autoritaires dans le monde ont compris que, pour bénéficier d’un développement économique, ils devaient entrer sur les marchés mondiaux. Ce qu’ils ont fait. Mais ces régimes autoritaires se sont aperçus qu’ils devaient aussi respecter les règles et les codes.  Si non, ils risquent d’être exclus du marché mondial.

La Russie, pour avoir agressé militairement un Etat souverain comme l’Ukraine, se retrouve sous sanctions internationales. Vladimir Poutine a pensé que le système des sanctions ne pourra pas marcher. Il s’est trompé. Il ne peut plus rien acheter à l’extérieur (produits d’équipements, composants industriels, électroniques. etc.) et s’il continue de vendre du gaz et du pétrole, il le fait à prix cassé. Ses « alliés indiens et chinois » font d’excellentes affaires en achetant le gaz à 30 % du prix mondial.

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La Russie continue de recevoir des liquidités en roubles, mais ne peut pas les utiliser puisqu’ils n’ont rien à importer de la Chine ou de l’Inde. En revanche, son industrie automobile, ses avions, ses machines-outils, ses systèmes informatiques, ses équipements d’hôpitaux, ses matériels militaires … sont en panne.

Le fait nouveau, c’est que la Chine, l’Inde ou la Turquie n’ont aucun intérêt à aider la Russie parce qu’ils ont compris qu’en aidant Moscou, ils n’avaient rien à gagner, ils prenaient le risque de perdre leurs marchés occidentaux. Un pays comme la Chine fait plus de 600 milliards de dollars de commerce avec les Usa et 300 milliards avec l’Europe. Or, la Chine, dont l’économie a déjà été abimée par le Covid, a besoin des marchés occidentaux, des technologies occidentales et des process. 

Les grandes dictatures ont besoin de la mondialisation parce que cette mondialisation est la garantie d’un développement économique et social et la protection contre l’inflation. Les chefs d’Etat dictateurs n’ont pas les moyens d’arrêter l’inflation sinon ils laisseraient le travail au noir et la corruption comme variable d’ajustement.

La difficulté pour ces grandes dictatures, c’est qu’ils vont devoir accepter certaines obligations qui sont consubstantielles à l’économie de marché et notamment accepter le respect des frontières, des États et du droit. Et en interne, ils vont évidemment devoir accepter un début de libération démocratique.  C’est évidemment le problème de Vladimir Poutine, c’est aussi la préoccupation de Xi Jinping qui, lui aussi de son coté, est très critiqué et même fragilisé pour sa gestion très autoritaire du Covid par exemple.

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