Végétophobes : plus de 8 enfants français sur 10 ne consomment pas les 5 fruits et légumes quotidiens recommandés pour leur santé<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Style de vie
Végétophobes : plus de 8 enfants français sur 10 ne consomment pas les 5 fruits et légumes quotidiens recommandés pour leur santé
©Reuters

Enseignements

Des chiffres publiés par la World Cancer Research Fund montrent que 8% des jeunes Anglais âgés de 11 à 17 ans consomment la part recommandée de cinq fruits et légumes par jour. En France, la dernière étude nationale de nutrition santé de 2007 indique que ce chiffre monte difficilement à 20% des 3 à 17 ans.

Corinne  Delamaire

Corinne Delamaire

Corinne Delamaire est nutritionniste de formation. Elle travaille à Santé Publique France, anciennement INPES depuis 2001. Elle a travaillé sur l'étude Esteban. Corinne Delamaire s'occupe désormais de prévention pour la nutrition et l'activité physique. 

Voir la bio »

Atlantico : Votre dernière étude publiée en 2006, l'ENNS, l'étude nationale de nutrition santé montrait que seuls 19,7 % des enfants de 3 à 17 ans consommaient au moins 5 fruits et légumes par jour. En Grande Bretagne, le World Cancer Research Fund révèle que 8% des enfants de 11 à 17 ans atteignent cet objectif. Comment expliquer cette faiblesse des chiffres ? Est-ce un problème d'éducation ? Quelles sont les conséquences de ces chiffres pour les enfants ?

Corinne Delamaire Les chiffres obtenus en 2007 avec l'étude ENNS sont relatifs à des repères de consommation fixés en 2001 à l'ensemble de la population. Pour les fruits et légumes, les recommandations sont de cinq par jour minimum aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Cela correspond à l'équivalent de 400 grammes par jour. Une portion de fruits ou de légume vaut entre 80 et 100 grammes. Par rapport aux adultes, le pourcentage d’enfants qui atteignent cette recommandation est deux fois moindre mais il y a plusieurs raisons qui l'expliquent comme le fait que les enfants et adolescents ont moins d'appétence pour les fruits et légumes.Ils les trouvent fades, moins rassasiants que les féculents. L'odeur peut aussi les décourager. Mais ce que l'on peut souligner, c'est qu'au fur et à mesure que les enfants grandissent, leurs goûts alimentaires évoluent et donc leurs choix également. Une de nos études réalisée en 1996, 2002 et 2008 (le Baromètre Santé Nutrition), montre que les jeunes sont surtout influencés par leurs préférences personnelles lorsqu’ils composent leurs menus alors que les adultes, plus ils avancent en âge, plus le facteur santé influence leurs choix alimentaires. Ils peuvent donc se tourner davantage vers des aliments reconnus « bons pour la santé » comme les fruits et légumes. Par ailleur, ce repère des cinq fruits et légumes par jour est un « repère » ; ce n'est pas une norme à atteindre absolument. En matière de nutrition, les fruits et les légumes sont très importants, mais les autres familles d’aliments également, les produits laitiers, les féculents, les viandes, les poissons, les œufs et les matières grasses…). L’eau est la seule boisson indispensable : il faut limiter les boissons sucrées surtout chez les jeunes, grands consommateurs. Et sur le plan de la santé, d’autres facteurs sont à prendre en compte : avoir un niveau d’activité physique suffisant, limiter la sédentarité, la consommation d’alcool, le tabagisme.

Ce présumé faible taux de consommation des fruits et légumes n'est pas qu'une question d'éducation. Les parents peuvent faire découvrir le plus tôt possible les fruits et légumes à leurs enfants par différents moyens, mais encore faut-il que ces derniers aient envie d'en manger. L'environnement entre aussi en compte. Il faut que les divers fruits et légumes aient du goût, des saveurs, qu’ils soient accessibles (pas trop chers) et disponibles. Il faut enfin prendre le temps de les cuisiner, les préparer, mais les gens manquent de temps. Et les choix alimentaires des jeunes sont malheureusement régulièrement détournés par les publicités vers des aliments gras, sucrés, salés…

Les répercussions liées au fait de ne pas manger assez de fruits et de légumes ne peuvent pas être connues à l'avance. On ne peut pas faire de liens directs. Pour se faire, il faudrait suivre la population de zéro an à soixante-dix ans pour avoir une étude linéaire des méfaits de la faible consommation de fruits et légumes. Le fait de consommer le plus de fruits et de légumes dès le plus jeune âge permettra de prendre une bonne habitude plus tôt dans la vie. Mais ce n'est pas parce qu'un enfant consomme peu quand il est petit qu'il va forcément en consommer moins quand il sera plus grand et qu'il en sera malade. 

En France, les filles de 11 à 17 ans sont plus en avance sur la consommation des 5 fruits et légumes par jour par rapport aux garçons dans cette même tranche d'âge. Y a-t-il une raison particulière qui peut l'expliquer ? Qu'est-ce qui peut être fait pour améliorer ces chiffres ? 

Il y a peu de différences entre les filles et les garçons. Il est vrai que parmi les filles de 11 à 14 ans, 25% d'entre-elles consomment plus de cinq fruits et légumes par jour alors qu'ils ne sont que 23% des garçons. Cet écart n'est pas significatif. Cette différence s'inverse pour les hommes quand ils atteignent 55 ans. De façon globale, les écarts sont très ténus. Les femmes peuvent manger plus de fruits et légumes si elles font un régime mais ce n'est pas aussi important que ça. Il n'y a pas de différences marquées. 

Une nouvelle étude est en cours de réalisation par vos services. A-t-on une idée de la progression de la consommation de fruits et légumes chez les enfants de 11 à 17, filles et garçons confondus ? Peut-on y déceler une évolution, positive ou négative ? Et comment l'expliquer ? 

Une nouvelle étude, Esteban, a été conduite entre 2014 et 2016. Les données sont en cours d'exploitation donc il est difficile de se prononcer sur les résultats. Elle porte sur les gens de 6 à 74 ans. 4000 personnes ont été interrogées dont 1200 enfants. On peut y découvrir une meilleure connaissance des recommandations nutritionnelles en termes de consommation de fruits et légumes certaine. Est-ce que les enfants consomment plus de fruits et légumes ? Les résultats de l'étude le diront. Pour l'heure, il est trop tôt pour avancer des éléments de réponse. Les campagnes de sensibilisation ont porté leurs fruits. En 2002, 2,5% de la population connaissait ce repère. Une autre étude a permis de voir qu'en quelques années, on est passé à 75% de la population qui connaissait ce repère. Mais cette connaissance n'induit pas forcément un changement de comportements, mais cela peut influencer sur la consommation.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !