Un plan pour l'industrie qui sent bon... le formol : quand les petits hommes gris ressuscitent la planification communiste et le protectionnisme conservateur<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
François Hollande a vanté mercredi "les 34 plans de bataille" engagés par l'exécutif pour doper l'industrie française.
François Hollande a vanté mercredi "les 34 plans de bataille" engagés par l'exécutif pour doper l'industrie française.
©Reuters

Old school

En France, pour créer des emplois, il suffit de trois défis, cinq objectifs, cinq enjeux, sept secteurs et 34 projets...

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

Voir la bio »

De nombreux entrepreneurs s’adressent à l’Institut des Libertés pour essayer de comprendre pourquoi le gouvernement leur en veut autant. Depuis dix huit mois,  ils font l’objet d’un matraquage fiscal au niveau de leur entreprise, de leurs revenus et de leur patrimoine. Pour eux, la hausse permanente de l’impôt est devenue une arme de destruction de la croissance. Ils sont en permanence menacés par la justice au cas où ils ne respecteraient pas toutes les dispositions du Code du travail, qui comprend maintenant 2700 pages. Loin des palais de la République, l’entrepreneur a beaucoup de mal à comprendre cette évolution, car il pense lui que pour créer des emplois, il faut encore des employeurs privés qui ont envie de prendre des risques en engageant des collaborateurs. Pour conserver les entrepreneurs qui existent encore et susciter de nouvelles vocations, il leur faudrait de la liberté disent ils…

Les entrepreneurs se trompent totalement, car il n’y a que ceux que Charles Gave désignait dès 1991, dans un papier de « Cecogest », comme les Petits Hommes Gris (PHG)à la tête de « l’Etat Stratège » qui sont les hommes d’appareil seuls compétents pour  organiser notre avenir. Les PHG luttent en permanence contre l’existence des entrepreneurs, qui sont leurs principaux concurrents, car ils vivent dans le monde réel.  Les PHG nous expliquent en permanence, que pour réduire les déficits, il faut malheureusement augmenter les impôts, car c’est de la bonne et saine gestion et puis surtout cela conforte  le pouvoir des PHG. Partout où ils sévissent, la croissance économique s’évanouit, la rentabilité du capital baisse, le chômage augmente, les taux d’intérêt finissent par monter, car le capital est gaspillé. C’est une spécificité bien française, car même en Chine, le premier pays communiste du monde, on a compris qu’il fallait respecter l’entrepreneur et le laisser gagner de l’argent. Deng Xiaoping répétait souvent « Le gouvernement perdrait le soutien du peuple s’il sanctionnait les entrepreneurs à cause de leur réussite »…

Heureusement, grâce à François Hollande tout va changer pour « redonner confiance dans l’avenir et retrouver la promesse républicaine d’abord pour notre jeunesse ».  C’est la première des 60 propositions de sa campagne 2012. Les entrepreneurs doivent savoir, qu’il a fixé très clairement les  trois défis à relever pour les dix prochaines années, qui est la période pendant laquelle il compte occuper l’Elysées: 1/ préserver la souveraineté politique diplomatique, militaire, budgétaire, économique, industrielle, agricole et énergétique de la France; 2/préserver l’excellence dans l’industrie, les services, le système de protection sociale ou environemental 3/ préserver l’unité sur les retraites, l’emploi, la lutte contre les inégalités ou le communautarisme. 

Comme personne ne peut être contre ces défis, il donne ensuite à tous les entrepreneurs leur “boite à outils” qui comprend cinq objectifs: 1/utiliser pleinement notre avantage démographique, 2/gagner la bataille de la mondialisation, 3/réussir la transition énergétique et écologique, 4/ faire de notre territoire un levier de développement 5/ inclure tous les citoyens dans la république…

L’entrepreneur de base étant un personnage un peu frustre et limité intelectuellement qui ne peut savoir, ni ce qui est bon pour son entreprise, ni ce qui est bon pour son pays, Jean Marc Ayrault a de son côté fixé cinq enjeux aux entrepreneurs. 1/ l’avenir de notre modèle de production, 2/la réforme de notre modèle social, 3/ le modèle de croissance et de financement qui doit être durable, 4/les mutations de la société française 5/ le projet européen… 

Heureusement Anne Lauvergeon, présidente de la Commission Innovation 2030 a défini sept secteurs stratégiques  sur lesquels devaient se concentrer les entrepreneurs, parmi lesquels: 1/ le stockage de l’énergie, 2/ le déssalement de l’eau de mer, 3/ le recyclage des matières premières, 4/ les protéines végétales, 5/ la chimie verte 6/ la “silver economy”…

Arnaud Montebourg enfin, Ministre en charge du Redressement Productif, parie lui, sur une industrie requinquée à l'horizon de dix ans, revenant à 20 % du PIB, grâce à la politique qu'il conduit depuis Bercy avec le succès que l’on connait. «La grandeur de la politique, plaide un conseiller ministériel, c'est de se fixer des objectifs ambitieux.». Cela se décline en  Trente-quatre projets pour sauver l'industrie qui seront érigés en «priorité nationale» par le gouvernement. Ce plan a été élaboré par la Direction Générale de la Compétitivité de l’Industrie et des Services (DGCIS) avec l’aide du consultant McKinsey. La liste comprend notamment des domaines qui sont sur les radars de tous les investisseurs en capital risque du monde depuis des années (Big Data, Cybersécurité, Nanoélectronique, Robotique…), des curiosités (Souveraineté Télécoms, Dirigeables pour charges lourdes… !) et des sujets sur lesquels l’état a déjà dépensé beaucoup d’argent sans aucun succès (Energies Renouvelables). Avant de se livrer à cet exercice tout à fait estimable, la DGCIS aurait pu demander une copie des études très bien faites que font en permanence les grandes banques internationales sur ces sujets !

Si  ce « travail » peut aider les élites françaises à comprendre que nous ne sommes plus  dans le monde de la deuxième révolution industrielle, comme on a pu le voir au moment de la confrontation avec Arcelor Mittal sur le dossier Florange, le temps n’aura pas été perdu. Le problème c’est que  l’innovateurs qui invente quelque chose dans un garage (Facebook, Google, Twitter etc…), c’est totalement insupportable pour les fonctionnaires de Bercy. Les Petits Hommes Gris de droite en grande majorité  sont d’ailleurs aussi archaïques que les Petits Hommes Gris de gauche sur ce point. On veut sauver des diplodocus alors qu’il faudrait favoriser l’agilité. Il restera ensuite à faire évoluer la sphère publique (éducation, media…) qui elle est encore vraiment encore de nature soviétique dans sa pensée et son fonctionnement…. C de l’IndustrieCe Ce plan a été conduit par la Direction générale de la Compétitivité, de l’Industrie et

Le rapport de vacance des ministres pour 2025, a lui aussi été rédigé. Il a pour horizon 2025 et non pas 2022 ou 2030. Les problèmes d’horizon ne sont pas graves car il suffira de créer une « Haute Autorité », une « Agence » ou une « Commission » pour effectuer des arbitrages de décisions entre les différents plans… !

Si les entrepreneurs n’ont à ce stade pas tout compris, Jean Pisani-Ferry,  le Commissaire Général à la Stratégie et à la Prospective devra faire la synthèse de toutes ces idées…

Tout cela  ressemble malheureusement à la politique économique des nostalgiques de la planification communiste et du protectionnisme conservateur, qui ont trouvé une nouvelle occasion de s’en prendre à l’économie de marché.Comme l’histoire l’a montré de nombreuses fois,la planification économiquequi prétend faire mieux que le marché, conduit non seulement à une mauvaise allocation des ressources, mais aussi à l’hégémonie d’une classe sur une autre. A ce rythme, le socialisme devient une erreur intellectuelle qui finit par engendrer de  grandes injustices

Ludwig von Mises, le grand économiste de l’Ecole Autrichienne,  doit se retourner dans sa tombe. Ce défenseur du marché et pourfendeur de la planification n’aura pas vécu assez longtemps pour se réjouir de la pertinence de ses analyses avec la chute de l’URSS, et pour saluer une des victoires éclatantes du libéralisme sur le socialisme. Mais le socialisme lui n’a visiblement pas disparu….

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !