Un père sauve sa fille d'un réseau de proxénètes sur Snapchat<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Faits divers
Un cadre de l'industrie pétrolière s'est mué en détective privée pour retrouver sa fille, qui avait mystérieursement disparu.
Un cadre de l'industrie pétrolière s'est mué en détective privée pour retrouver sa fille, qui avait mystérieursement disparu.
©

THE DAILY BEAST

John Clark, un cadre de Houston au Texas, s’est transformé en détective privé dans l’espoir de sauver sa fille de 18 ans, portée disparue en avril de cette année.

Kate Briquelet

Kate Briquelet

Kate Briquelet écrit pour le Daily Beast.

Voir la bio »

Copyright The Daily Beast - Kate Briquelet

John Clark, un cadre du secteur pétrolier à Houston, s’est transformé en détective privé dans l’espoir de sauver sa fille de 18 ans qui avait été portée disparue en avril de cette année. Lorsque la lycéenne a disparu, John Clark a engagé une agence de détectives spécialisée dans les enlèvements, il a également ouvert sa propre ligne téléphonique dédiée aux appels à témoins, et ce malgré le refus supposé du shériff. Récemment, John Clark a confié au Daily Beast  : "Si ça ne tenait qu’à moi, je ne parlerais pas de tout cela. C’est difficile, je suis émotionnellement épuisé. Mais je me sens obligé d’aider d’autres familles pour leur éviter de traverser ce qui nous est arrivé". Il ajoute : "Je me dois de faire quelque chose".

John Clark a partagé pour la première fois son histoire sur la chaîne de télévision KHOU, racontant que sa fille a été "approchée" par son ravisseur dès l’âge de 16 ans. Le trafiquant, âgé d’une vingtaine d’année, et la jeune fille se sont rencontré dans la vraie vie lors d’une soirée, juste avant sa disparition. Clark a confié au Daily Beast que sa fille, qui avait survécu à un cancer durant son enfance, fréquentait encore le lycée quand elle a disparu.

D’après la chaine KHOU, peu de temps après, grâce à des informations provenant de sources privées, John Clark est parvenu à retrouver sa fille et un de ses ravisseurs présumés dans un appartement à Houston. Par la suite, le proxénète a reconnu être coupable d’incitation à la prostitution d'une mineure. Clark a déclaré à KHOU : "Je n’ai rien contre la police… ils construisent méthodiquement, trop lentement, un dossier en béton. Mais le temps qu’il en viennent à bout, j’aurais perdu ma fille".

Le mois dernier, John Clark a lancé une pétition afin de renforcer la législation existante au Texas contre le trafic humain. Entre autre, cette pétition demande à l’Etat d’augmenter l’âge minimum des personnes travaillant dans l’industrie du sexe de 18 à 21 ans, ainsi que de renforcer les sanctions envers tout individu qui incite des mineurs de moins de 21 ans à la prostitution.

Le père a lancé ce plaidoyer des semaines avant l’arrestation dans l’aéroport de Houston de Carl Ferrer, directeur général du site de petites annonces Backpage.comCarl Ferrer a été accusé d’un grand nombre de délits en Californie, entre autre de proxénétisme de mineurs et de participation à un réseau de proxénètes. John Clark a gardé la plus grande partie de l’affaire de sa fille privée.

Sur Facebook, il décrit comment les proxénètes et leurs recruteurs "préparent" les victimes, et met en garde les parents : "Ne vous sentez jamais coupable de surprotéger vos enfants, dans notre cas, tout a démarré avec des amis de son lycée". Puis il conseille aux parents de "prendre garde à Snapchat". John Clark écrit : "Il est extrêmement difficile de surveiller de façon efficace les échanges sur le web, les adolescents sont brillants lorsqu’il s’agit d’échapper au contrôle parental.La seule chance que nous avons eu avec Snapchat, c'est de nous être emparés inopénément du téléphone de notre fille…et  d'avoir consulté les échanges récents, mais même cela n’a pas suffit."

Clark reconnaitque sa fille s’est retrouvée en train de fréquenter des personnes peu recommandables.

"Je suis complètement transparent, je n’ai jamais dit que ma fille avait été kidnappée dans la rue alors qu’elle se rendait à l’église, une bible sous le bras, pour une répétition de chorale. Nous ne pensions pas que c’était aussi grave". Sur Facebook, John Clark raconte comment les trafiquants ont utilisé un "contact", une diplômée tout juste sortie du lycée et indépendante, pour créer un lien de confiance avec sa fille. "Nous étions au courant que certains de ses amis étaient des fauteurs de troubles et nous avions restreint ses contacts avec eux, je suis aussi allé en voir certains en face à face et exigé qu’ils ne s’approchent plus de ma fille. Malheureusement, cela a renforcé leur stratégie d’aliénation pour éloigner notre fille de nous".

Il poursuit : "Nous avons constaté qu’il y avait des problèmes. Nous avons mis en place plusieurs solutions afin de les résoudre. Mais nous n’avions pas anticipé à quel point la situation dans laquelle se trouvait notre fille était dangereuse". Lorsque les amis de sa fille ont refusé de dévoiler où elle se trouvait, Clark s’est rendu compte de la gravité de la situation. Dans un autre message sur Facebook, il remercie un agent du FBI : "un véritable héros que je ne pourrais jamais suffisamment remercier".

Clark pense aussi que plus d’une personne était à l’origine de l’enlèvement de sa fille. Il écrit "les personnes responsables sont connues du FBI et de leur service spécialisé contre le trafic humain". Il ajoute "La lutte continue, ils s’en sont pris à la mauvaise personne". Dottie Laster, une avocate de San Antonio spécialisée dans les affaires de trafic humain, estime que chaque victime rapporte plusieurs milliers de dollars par an à son proxénète. Selon Dottie Laster, "les ados sont observés, mis en confiance et recrutés, en tant que parents, nous n’avons pas de règles précises pour gérer ces situations qui doivent être gérés, et je n’ai pas de solution à vous donner". Elle précise : "Lorsque les enfants rapportent entre 150 000 et 300 000 dollars par an sur le marché du sexe, il n’est pas étonnant que les recruteurs passent beaucoup de temps pour les recruter, par exemple en allant les voir et les soutenir pendant un match de football". Elle ajoute : "si vos enfants vont sur internet, vous devez savoir ce qui s'y passe".

Mme Laster dit qu’elle a aidée John Clark à mieux comprendre ces trafiquants. "Ils ne font pas de distinction ni sur l’âge, le statut socioéconomique, le sexe ou encore la localisation géographique". Elle dit avoir un jour reçu l’appel d’un professeur indien dont la fille, alors étudiante à Harvard, a été piégée et s’est retrouvée dans le commerce du sexe.

Mme Laster confirme que les prédateurs envoient souvent des messages aux adolescents via des applications comme Snapchat, Kik et bien d’autres. Ils commencent les conversations par un simple salut, puis les complimentent sur leur style vestimentaire et leur physique. Cela peut déboucher sur une relation dans laquelle le trafiquant représente une épaule sur laquelle pleurer.

Dans certains cas, il arrive aux trafiquants de donner des téléphones aux adolescents afin qu’ils puissent communiquer avec eux en toute impunité et échapper à la surveillance parentale. "Ces enfants finissent par disparaitre de leur école et de leur domicile, à 3 heures du matin, pendant que leurs parents dorment. Les parents ne soupçonnent pas l’existence de ces ravisseurs, ni qu’ils préparent leurs enfants à une future fugue pendant des semaines, des mois, voire des années".

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !