Trou d’air pour le maire de Bordeaux : 43% des sympathisants de droite considèrent Nicolas Sarkozy plus capable de remporter la présidentielle qu’Alain Juppé (contre 28% qui pensent l’inverse)<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy face à Alain Juppé
Nicolas Sarkozy face à Alain Juppé
©REUTERS/Regis Duvignau

Sondage Ifop-Atlantico

Selon un sondage Ifop exclusif pour Atlantico portant sur les traits de personnalité accordés à Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, ce dernier perd du terrain aussi bien auprès des Français que des sympathisants de droite ou des électeurs UMP. Des résultats à rebours du discours médiatique de ces derniers jours.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Cette étude fait suite à la "polémique" qui a animé la droite à l’occasion de l’élection partielle dans le Doubs, sur l’attitude à adopter vis-à-vis du Front National, où Alain Juppé a appelé à voter pour le candidat PS, et où Nicolas Sarkozy a cherché à faire œuvre de synthèse pour finalement être mis en minorité. D’où un certain nombre de commentaires, selon lesquels il aurait perdu la main sur ses troupes. Nous comparons les résultats de cette enquête à une étude menée en novembre 2014, après l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de l’UMP, mais aussi à un moment où Alain Juppé était omniprésent sur le plan médiatique.

Nous voulions donc réaliser un bilan d’étape, tout en sachant que cette passe d’armes à distance entre Juppé et Sarkozy s’était produite. Nous nous apercevons qu’au niveau de l’ensemble de la population, Alain Juppé surclasse Nicolas Sarkozy : sur 13 qualités, les Français lui accordent la primauté sur 10 d’entre elles. Chez les sympathisants UMP le regard est totalement inversé, Nicolas Sarkozy l’emporte lui aussi avec 10 qualités sur 13. Sarkozy conserve donc les faveurs de sa base, quand Juppé dispose d’une meilleure image auprès de l’ensemble des Français. C’est le cas notamment des sympathisants UDI. Plus largement, il est toujours utile de pouvoir séduire dans le camp adverse, mais ce ne sont pas les sympathisants de gauche qui vont venir voter en masse à la primaire de l’UMP.

Sur le plan de l’évolution, nous constatons que par rapport à novembre 2014, Alain Juppé recule très nettement sur toute une série d’indicateurs, qu’il s’agisse de l’ensemble des Français ou des sympathisants UMP.

Auprès de l’ensemble des Français, la baisse ne profite pas à Nicolas Sarkozy, ce qui signifie que l’électorat de gauche ne va vers aucun des deux. Auprès des sympathisants de droite en revanche, la baisse de Juppé profite directement à Nicolas Sarkozy. Le "moment Juppé" avait poussé les électeurs de gauche, dont certains se trouvaient en déshérence, à s’intéresser à lui. Aujourd’hui ils ont tendance à s’intéresser à ce qui passe dans leur camp de nouveau. Sur le "sérieux" le maire de Bordeaux perd 10 points par rapport à novembre, quand l’ancien Président en gagne 5. Sur "la capacité à rassembler les Français", le premier perd 8 points, le second n’en reprend que 2. Le "courage" est intéressant à analyser, car on aurait pu penser que par ses prises de position sur le FN au Conseil national de l’UMP, majoritairement défavorable à toute consigne de vote, Juppé aurait marqué des points dans ce domaine, or il en perd 6, contre 1 point de perdu pour Sarkozy. Concernant "la capacité à rassembler les électeurs de la droite et du centre", Juppé baisse de 7 points, sans que Sarkozy n’enregistre aucun point de hausse. L’image reste nettement plus favorable à Alain Juppé, mais nous observons un tassement concernant ce dernier qui vient contredire le discours médiatique de ces derniers jours, qui a beaucoup porté sur les difficultés de Sarkozy. En réalité celui-ci ne recule pas, tandis que Juppé baisse sensiblement, notamment sur la capacité à rassembler les Français, ce qui pour un défenseur du Front républicain, mérite d'être soulevé.

La stratégie dite incompréhensible de Nicolas Sarkozy sur le FN a été commentée en long et en large, on nous a dit qu’il ne faisait plus peur et que son retour patinait, et pourtant il bénéficie d’une image particulièrement avantageuse chez les sympathisants UMP. Nous nous trouvons à rebours du discours médiatique. Au sein de l’UMP, entre Juppé et Sarkozy, c’est le phénomène des vases communicants qui est à l’œuvre, au profit de Sarkozy. Même le sérieux, qualité plus spontanément attribuée à Juppé qu’à Sarkozy, jugé plus vibrionnant, revient à ce dernier (50 contre 44 pour l’ancien Premier ministre). L’écart était de 20 points en faveur de Juppé au mois de novembre. Capacité à représenter l’UMP pour 2017, envie de servir la France, capacité à sortir le pays de la crise, autorité et dynamisme : sur toutes ces qualités, Sarkozy surclasse Juppé. La baisse globale de ce dernier au profit de Sarkozy n’est sans doute pas étrangère à son appel à voter pour le PS, qui est une position ultra minoritaire à l’UMP aujourd’hui. Les sympathisants UMP ont eu le sentiment qu’il jouait contre son camp.

On discerne bien l’enjeu que représente une primaire ouverte pour Alain Juppé : plus elle sera large, plus il aura de chances de s’en sortir. A l’inverse, plus l’électorat sera concentré à droite, plus Nicolas Sarkozy sera en position de force. Résultat des courses pour l’entre deux tours de la législative partielle du Doubs : Sarkozy a pris des risques, Juppé s’est déporté du centre de gravité de l’UMP.

Propos recueillis par Gilles Boutin

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