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Taxe carbone européenne : bonne idée, mauvaise méthode !
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Carbonisé

L'Inde a interdit ce jeudi à ses compagnies aériennes de payer la taxe européenne sur la pollution aérienne. Prise de manière unilatérale, cette taxe pourrait se retourner contre Bruxelles et provoquer de sérieux conflits avec les pays émergents.

Gérard Lignac

Gérard Lignac

Sciences Po, Droit, MBA Harvard, Gérard Lignac a d'abord fait carrière dans l'industrie, puis dans la presse comme Président de l'Est Républicain et Président du groupe EBRA.

Il est également actionnaire d'Atlantico.

Il a écrit La mondialisation pour une juste concurrence (Unicom, 2009).

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La taxe carbone est probablement la première réaction de l’Europe face à la politique discriminatoire des échanges pratiqués par la Chine vis-à-vis des Européens. On en sait les termes vraiment discriminatoires : libéralisme intégral et main d’œuvre chère d’un côté, main d’œuvre à bas prix, taux de change minoré, droits de douane à l’importation de l’autre. Perçu mais tacitement accepté il y a dix ans, quand la Chine ne pesait que 4 % du PIB mondial, ce manque de réciprocité est devenu indéfendable et insoutenable maintenant qu’avec 20 % de ce même PIB, la Chine a accédé au rang des très grands. Le rapport de force a changé, traduit numériquement par les dettes qui s’accumulent en Occident alors que les fonds souverains de la Chine battent des records.

Les mesures de rééquilibrage devraient maintenant s’inverser, de façon à permettre à l’Europe non pas de se fermer sur elle-même aux importations chinoises, mais d’être mises dans des conditions qui rétablissent la concurrence et laissent comme dans toute compétition sportive à chacun ses chances de gagner. L’instauration par l’Europe d’une taxe carbone est peut-être en elle-même discutable mais constitue néanmoins un premier pas dans ce sens.

Ce qui en tout cas nous paraît malvenu est la méthode employée par les autorités bruxello-strasbourgeoises. Celles-ci en effet ont décidé cette mesure d’une manière unilatérale, la présentant aux nations concernées et notamment la Chine, comme un fait accompli. Certes chaque Etat ou groupe d’Etats est bien en droit de décider seul de ce qui le concerne, suivant l’exemple donné par la Chine elle-même. Le risque de la méthode saute aux yeux et n’a pas manqué de se produire avec l’affaire des Airbus. Aux représailles succèdent d’autres représailles qui mènent à des escalades dont il est bien connu qu’elles peuvent se terminer par de sérieux conflits.

Le remède est clair, il est dans le dialogue et la négociation. Ceux-ci peuvent être durs mais pourquoi pas ? Robert Schuman le constatait fort justement : « Il n’est pas de confiance sans franchise, pas d’entente construite sur des malentendus. En multipliant les rencontres, nous créons un climat favorable et nous jetons en même temps les bases d’une action ». Peut-on dire mieux ?  Nos autorités européennes seraient bienvenues de s’inspirer de ces sages propos d’un des pères de l’Europe.

Gérard Lignac est l'un des actionnaires d'Atlantico.

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