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Suppression de "race" de la Constitution : Hollande 2012 contredit Hollande 2007
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Docteur François, Mister Hollande

Fondateur du Conseil représentatif des associations noires de France, Patrick Lozès juge "risible" cette proposition, qui revient selon lui à lutter contre le racisme en niant son existence.

Patrick Lozès

Patrick Lozès

Patrick Lozès a fondé le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) et en était le président jusqu'en mai 2011. Diplômé de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris, il est l'auteur de Les noirs sont-ils des Français à part entière ? (Larousse, 2009).

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François Hollande a-t-il intégré ce mal qui laisse croire que si les races n’existent pas en termes biologiques, alors elles n’existent pas non plus socialement ? Lui aussi veut-il s’imaginer qu’il suffit de nier un problème pour l’effacer ? Tout porte à le croire car le candidat socialiste à l’élection présidentielle a annoncé samedi dernier, que s’il était élu président de la République le 6 mai prochain, il demanderait immédiatement au Parlement« de supprimer le mot 'race' de notre Constitution ». Cette proposition est risible.

On se demande si François Hollande a bien mesuré toutes les conséquences de cette étrange prise de position. Le candidat socialiste sait bien que si le mot race est évoqué dans notre Constitution, il l’est sous une forme qui indique avec raison et sans aucune ambigüité que notre République ne distingue pas ses citoyens en fonction d’une religion, d’une race ou d’une origine… qu’elles soient réelles ou supposées.

L’article 1er de la Constitution indique : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. » Par cette universalité, notre Constitution n’engage aucune assertion ontologique quant à la consistance du concept de racemais affirme qu’il n’y pas de Français selon ceci ou selon cela, et que les Français sont tous égaux sans distinction d’aucune sorte.

Faudrait-il vraiment supprimer le mot "race" de notre l’article 1er de la Constitution pour mieux lutter contre le racisme ? On peine à savoir pourquoi il faudrait supprimer dans ce corps de phrase, le mot "race" et pas le mot "origine" tout aussi haïssable car facteur de discrimination potentielle.

Il se trouve aussi que cette soudaine volonté de suppression du mot "race" de la Constitution tranche singulièrement avec les déclarations et les positions antérieures de François Hollande.

En effet, le 25 octobre 2007, François Hollande en sa qualité de député de la Corrèze avait avec d’autres parlementaires, saisi le Conseil constitutionnel d’un recours pour demander la  censure d’un article du projet de loi relative à la maîtrise de l'immigration, à l'intégration et à l'asile de Brice Hortefeux alors ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement. Cet article de loi qui introduisait de fait la mise en place de statistiques ethniques, a suscité un vif débat et une violente polémique.


Dans une célèbre décision rendue le 15 novembre 2007, le Conseil constitutionnel, concluait à la non-conformité de cet article de la loi Hortefeux. Pour les Sages, établir des statistiques ethniques est en contradiction flagrante avec l’article 1 de la Constitution.

Autrement dit, la suppression du mot "race" de notre Constitution, revient à faire sauter le verrou constitutionnel qui jusqu’ici s’opposait à la mise en place des statistiques ethniques. Une telle suppression ferait perdre au Conseil constitutionnel l’argument qui lui avait permis de répondre favorablement à la saisine du député de Corrèze.

Voilà le François Hollande de 2012, en contradiction avec François Hollande de 2007.

Cependant, le 4 mars dernier sur France 3, le candidat socialiste à la présidentielle de 2012 a déclaré qu’il était favorable au bilan anti-discrimination dans les entreprises. Est-ce parce qu’un tel bilan nécessiterait la mise en place de « statistiques de la discrimination » que le M. Hollande songe à faire sauter le verrou constitutionnel ? Le candidat socialiste est-il désormais si favorable aux statistiques ethniques ?

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