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SOS stratégie gagnante : de quel parti étranger pourrait s’inspirer Marine Le Pen pour sauver le FN ?
©AFP

Inspiration

L'heure est à la refondation au Front national, alors que beaucoup de partis européens avec le vent en poupe fonctionnent sur la critique des élites.

Raul Magni-Berton

Raul Magni-Berton

Raul Magni-Berton est actuellement professeur à l'Université catholique de Lille. Il est également auteur de notes et rapports pour le think-tank GénérationLibre.

 

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Atlantico : Après le cuisant échec à l'élection présidentielle, celui des législatives et un été de silence médiatique, l'heure est à la refondation au Front National. Mais comment pourrait se traduire cette refondation selon vous ? Quel avenir pour le parti ?

Raul Magni-Berton : C'est difficile appeler le score du Front national un échec cuisant. C'est la première élection présidentielle où il dépasse 20%. Il a quasiment doublé le nombre de ses votants au deuxième tour par rapport à 2002. Même si aux élections législatives son score a été moins flamboyant, le FN a aussi doublé son nombre d'électeurs au second tour par rapport à 2012. Il s'agit donc d'un parti qui a certes perdu, mais dont le score a été historiquement haut. 

Le défi du FN n'est plus d'obtenir des électeurs fidèles et nombreux, mais de réussir à obtenir l'assentiment de ceux qui votent pour les autres partis, assentiment qui lui permettrait de gagner le second tour. Le FN est encore un parti pour qui une large majorité des électeurs français ne voterait jamais. Il a désormais les armes pour se qualifier au second tour, mais pas pour le gagner. 

Du coup l'enjeu central est celui-ci: devenir plus sympathique en quelque sorte, sans pour autant perdre son bassin électoral. 

Il y a deux stratégies: la première est de suivre la ligne protection sociale, ni gauche ni droite, anti-système. C'est une ligne qui a eu un certain succès dans les pays du sud. La deuxième est de s'ancrer à droite, avec une ligne conservatrice et plus libérale économiquement, en espérant de profiter de la crise des républicains pour s'affirmer comme parti de droite officiel. C'est la ligne de l'ancien parti d'extrême droite en Italie. D'un certain coté, la compétition avec les autres partis de droite est plus naturelle, puisque ce sont les électeurs des républicains qui sont le moins hostiles à voter pour le FN. De l'autre coté, si la bataille du parti respectable de droite échoue, le FN va perdre beaucoup plus. Dans tous les cas, de fait, c'est avec la première ligne qu'il a élargit son électorat et c'est celle qui me semble va continuer à s'imposer. 

En regardant ailleurs en Europe, quel est le modèle que le Front National pourrait importer ? De quel parti étranger pourrait s’inspirer Marine Le Pen pour sauver le FN ?

Il y a beaucoup de partis européens avec le vent en poupe qui fonctionnent sur la critique des élites, mais le FN est sans doute l'un de ceux qui se porte le mieux. Et je dirais même, le parti d'extrême droite le plus fort d'Europe aujourd'hui, depuis que le FPO autrichien décline un peu. Il est donc difficile qu'il prenne son inspiration de quelqu'un d'autre. Il y a des exemples négatifs: le FPO, précisement, a connu un déclin important en acceptant de gouverner dans une coalition de droite. Depuis qu'il est solidement à l'opposition, il a récupéré du soutien. Mais dans l'ensemble, aucun des partis anti-élite n'a gagné en Europe occidentale. Et il est difficile de de s'inspirer de la Grèce ou de la Hongrie parce que la situation est trop différente. Et il y aurait bien sur Trump, mai, là aussi, il faudrait un millionaire dans le parti... En fait, le Front National est un cas assez rare. 

Lors de son discours de rentrée, Marine Le Pen a promis une "grande refondation" et un fonctionnement "renouvelé" et plus "décentralisé" du parti. Les attaques franches sur le terrorisme ont fusé laissant peu de place à l'économie et la sortie de l'euro n'a pas été mentionnée. Faut-il s'attendre à un "retour au source" pour le Front National ? 

Le FN n'a jamais abandonné ses sources: le nationalisme et l'hostilité à l'immigration. Mais ces dernières années, tout cela a pris une coloration sociale. Si donc la question est de savoir si la question sociale va être abandonnée par le FN, il me semble assez clair que cela ne sera pas le cas. Par exemple, j'ai pu voir que Le Pen a critiqué la précarisation des emplois menée par Macron et l'abandon des prolétaires dont Mélenchon se serait rendu coupable. Après, bien sur, quand il s'agit de recompacter et motiver son propre parti, on ne commence jamais par les sujets qui fâchent. L'accent est donc mis sur ce que les frontistes ont en commun. 

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