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Shocking ! Consett, la petite ville anglaise devenue capitale du porno et du poker en ligne
©Reuters

Magouilles

L'homme d'affaires Simon Dawson a profité de la misère économique des habitants en utilisant leurs noms et adresses contre paiement, dans le but de créer un réseau de sociétés écrans lui permettant d'empocher les bénéfices de ses activités pas toujours légales.

C'est une obscure affaire qui secoue la petite ville britannique de Consett et ses quelques 25 000 habitants. En effet, plusieurs centaines d'entre eux se seraient fait manipuler par l'homme d'affaire Simon Dawson durant de nombreuses années. Contre l'autorisation d'utiliser leurs noms et adresses à des fins fiscales, ces hommes et femmes dans le besoin recevaient de quoi arrondir leurs fins de mois. Mais ignoraient tout des activités de ces sociétés. L'agence de presse Reuters a mené l'enquête.

C'est dans une ville austère que prend place cette sombre histoire. Austère, comme la politique économique de Margaret Tchatcher, alors Premier ministre du Royaume-Uni. Les usines ferment et plongent ceux qui en dépendaient dans la misère. Consett, dans le nord-est de l'Angleterre, ne fait pas figure d'exception. La fermeture de l'usine d'acier a conduit quelque 4 500 ouvriers à se retrouver sans emploi. Depuis, le temps s'est arrêté.

Argent facile

Autant dire que la proposition de Simon Dawson, un homme d'affaires de la région, faite à 429 de ces habitants, était alléchante : 50 livres (59 euros) comptant pour accepter d'être propriétaire d'une société, et 150 pounds (177 euros) par an pour simplement faire suivre à Dawson les mails liés aux activités de l'entreprise. Tout ce qu'ils avaient à faire était d'autoriser Dawson à utiliser leurs noms et adresses. De quoi arrondir les fins de mois. Les activités de ces entreprises les regardaient peu, après tout.

Jusqu'au jour où l'un des habitants, un sexagénaire du nom de John Mawson, a décidé de s'intéresser de plus près à cette entreprise dont il était l'heureux propriétaire. La surprise fut grande, quand il découvrit que Thunder Flash Entertainment, le nom de la société, était le nom d'un réseau de sites pornographiques. La nouvelle se répandit vite, et chaque habitant mouillé dans l'affaire découvrit être le directeur, au choix, d'entreprises de jeux d'argent en ligne, d'annonces publicitaires mensongères ou bien de services à système d'abonnement abusif (type "essai gratuit pendant trois jours", suivi d'une mention illisible tant elle est petite de "suivi de 40 euros par mois"). "Tout ce que nous avions à faire, c'était de faire suivre les mails. Niveau argent, ce n'était pas facile tous les jours. Tout ce qu'on voulait, c'était un petit coup de pouce financier", témoigne Mawson après de la BBC. Une version démentie par Dawson, qui explique les avoir averti de ses agissements : "Tout le monde était au courant", explique-t-il.

Réseau de sociétés-écrans

Il faut dire que Simon Dawson a pris le soin de faire les choses bien. Tous ces sites dont il est le véritable propriétaire concentrent leur activité dans d'autres zones du globe. Mais afin de pouvoir empocher l'argent, l'homme d'affaires devait faire en sorte que les adresses des sièges de toutes ces sociétés soient situées au Royaume-Uni. Grâce au profil a priori "banal" des habitants qu'il manipulait, il pouvait à coup sûr obtenir l'autorisation administrative permettant d'effectuer tous ces paiements résultant de l'utilisation de ces sites par-delà le monde, dans un foyer fiscal, en Grande-Bretagne.

Bien sûr, ces sites parfois illégaux étaient fermés les uns après les autres par The Insolvency Service, qui fait maintenant partie du ministère du travail, de l'énergie et de la stratégie industrielle. Mais chaque site dépendant d'une entreprise indépendante, la justice ne pouvait faire son travail que très lentement. Dawson empochait entre 2 900 et 3 500 euros par société-écrans. Il en aurait contrôlé jusqu'à 1 200 simultanément au cours de ces années. Le principal intéressé dit quant à lui que le chiffre d'affaires était d'un peu plus d'un million d'euros par an, indique The Guardian.

Une histoire qui se solde par une justice incapable d'opérer dans ce flou juridique et d'embêter le moins du monde ce Simon Dawson, car rien ne prouve que ce business soit illégal. Comme bon nombre d'affaires liées à des sociétés-écrans. Dawson a simplement accepté de fermer les sociétés liées à des pratiques illégales, et a arrêté de recruter les habitants de Consett en tant que directeurs de ces entreprises.

Jusqu'à ce qu'il le refasse à nouveau.

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