Semaine capitale pour l’euro : la BCE fera-t-elle un pas décisif vers la monétisation de la dette ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La dégradation de la situation en Espagne et en Italie pourrait pousser la BCE à avancer vers la monétisation de la dette.
La dégradation de la situation en Espagne et en Italie pourrait pousser la BCE à avancer vers la monétisation de la dette.
©Reuters

Dernière chance (encore)

La dégradation de la situation économique de l'Espagne et de l'Italie a fait prendre conscience à la BCE de la nécessité d'une petite dose de monétisation pour permettre aux pays de la zone euro de rester solvables. Mais cette monétisation doit être soumise à des conditions drastiques.

L’attentisme de certains opérateurs vis-à-vis de l’annonce d’une intervention massive de monétisation (d’achats d’obligations souveraines) par la BCE ressemble a l’état d’excitation de ce jeune homme assis face a une star du grand écran. Celle-ci lui parle d’une boisson gazeuse lorsque celui-ci comprend autre chose... La chute est intéressante “A quoi vous vous attendiez ?”

La monétisation de la dette est sur toutes les lèvres, comme la potion magique qui permet a Asterix et Obelix de réussir leurs grands travaux et de devenir des dieux. Bien entendu, personne ne parle des contre-effets de ce produit dopant. Les contre-effets s’appellent l’inflation, l’immobilisme, la poursuite de la fuite en avant... et finalement un mariage digne de Dostoïevski dans la construction de la zone euro.

Les problèmes des pays du Sud ne sont pas dus uniquement à la spéculation. Ils sont fondamentaux et sont le résultat de plusieurs années de finances publiques mal gérées, de compétitivité perdue, et de reformes reportées compte tenu d’une disponibilité du crédit peu cher. L’intervention illimitée de la BCE permettrait de pousser encore plus les problèmes (ou de les cacher sous le tapis) jusqu'au jour où l’inflation explosera en Allemagne et que les électeurs allemands se rendront compte que leurs impôts et leurs cotisations retraite permettent de financer des départs en retraite plus tôt dans les pays du Sud ou des prestations sociales trop importantes. Imaginez la réaction des Allemands. Nous serons face, ce jour-là, à des déferlements de plaintes auprès de la Cour de justice européenne, puisque la BCE n’aura pas respecté son mandat (celui de préserver la stabilité économique dans les pays de la zone).

Pendant ce temps, les pays du Sud auront oublié de faire les efforts et devront vivre sans leur généreux créancier. Le mariage Dostoïevski se transformera en un divorce douloureux hollywoodien. Il suffit de voir ce qui se passe en Grèce pour se faire une idée de ce que pourrait être une convergence européenne plus importante, sans convergence du contrat social.

Mais la dégradation de la situation économique de l'Espagne et de l'Italie (qui tardent a mettre en œuvre les reformes structurelles) a fait prendre conscience aux fonctionnaires de la BCE et de Bruxelles de la nécessite d'une petite dose de monétisation pour permettre aux pays de la zone euro de rester solvables et de ne pas jeter l'éponge en déclarant la sortie de l'euro. Cette monétisation sera soumise a des conditions drastiques, auquel cas les pays "sauvés" choisiront la stratégie d'évitement des reformes.

Par conséquent, les opérateurs et les politiques utilisent cet argument de monétisation de la dette pour éviter de parler des vrais sujets. Ils évitent de parler des ajustements nécessaires. Ces ajustements, dont la presse française a mis en avant la nécessité depuis des mois, sont la raison qui justifie le titre d’un hebdomadaire : "Cocus". Certains de nos concitoyens ont entendu dans le discours du candidat Hollande, ce qu’ils espéraient et le Président Hollande leur rappellera leur incompréhension le moment voulu (comme dans la pub). Le candidat a été petit prometteur et il est petit faiseur. Il a parlé d’efforts, ce sera la rigueur. Nous retrouvons toujours ce problème du jeune homme et de l’actrice “ A quoi vous vous attendiez?”.

La BCE et Draghi savent qu’une monétisation trop forte permettra de réduire l'étau autour des pays périphériques (y compris la France) pour ne pas conduire les reformes qui permettent de solvabiliser la dette et d’éviter les scénarios du pire. Ils devront par conséquent faire juste le minimum pour permettre à la zone euro de survivre (ou d’être anesthésiée) le temps de faire les reformes tant nécessaires pour construire la zone euro ou les Etats-Unis d’Europe.

Pour comprendre ce qui se joue, il suffit de lire les arguments des uns et des autres. La revue des positions de tous les bords sans prendre parti permet de se mettre dans la peau du téléspectateur qui jubile en attendant la chute : “ A quoi vous vous attendez ?”.

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