Retraite : Les assureurs privés en embuscade toucheront le jackpot si la réforme casse. Sinon…<!-- --> | Atlantico.fr
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Les assureurs pourraient proposer des produits de capitalisation pour remplacer la retraite par répartition si le régime ne se redresse pas.
Les assureurs pourraient proposer des produits de capitalisation pour remplacer la retraite par répartition si le régime ne se redresse pas.
©ERIC PIERMONT / AFP

Atlantico Business

Les assureurs privés attendent avec gourmandise la fin du feuilleton retraite. Ils ont tous les outils et les moyens de proposer des produits de capitalisation qui viendraient remplacer la retraite par répartition si le régime ne se redresse pas.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Voilà plus vingt ans maintenant que les grandes sociétés d’assurance privée regardent à la loupe l’évolution des régimes par répartition, ils regardent les courbes démographiques et les indices de croissance ou de chômage qui servent de fondement à l’équilibre entre les actifs (qui paient) et les inactifs (qui touchent les pensions).

En fait, ils regardent le système mis en place il y a plus de 50 ans et qui se dégrade progressivement, comme l’ensemble du modèle social.  Ces grandes sociétés d’assurance ont déjà débarqué avec gourmandise dans le système de l’assurance maladie avec des mutuelles complémentaires qui sont très vite devenues obligatoires dans les entreprises.

Mais le système des retraites est resté globalement verrouillé entre l’assurance vieillesse et les complémentaires de l’AGIRC et de l’Arco dans le giron du paritarisme.

Cela dit, le système se fissurant sous les effets de la modernité, on a vu apparaitre à la marge des complémentaires d’assurance retraite par capitalisation dans certaines grandes entreprises (système réservé aux grands dirigeants) ou alors réservé à certaines professions (les plan Madelin et autres plans d’épargne retraite).

Le plus cocasse dans ce domaine, c’est que le premier fonds de retraite par capitalisation a été créé pour et par les fonctionnaires ou les personnels d’entreprises publiques en complément du système par répartition.  La Prefon continue d’être très prisée dans la fonction publique.

Tous ces produits sont vendus comme des plans d’épargne qui peuvent servir à compléter une retraite et offrent en prime, une carotte fiscale, preuve que tous les gouvernements qui se sont succédé avaient parfaitement conscience des difficultés du système général et qu’ils pouvaient faciliter l’offre de solutions alternatives. Ces produits avaient un autre avantage, ils permettaient de flécher une épargne en direction de l’économie qui manque de fonds propres. L’épargne retraite est par définition une épargne à long terme. L’investissement dans l’économie permettait d’apporter des fonds propres qui lui manquent.

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Les grandes sociétés d’assurance ont donc le savoir-faire en produits d’épargne retraite et en gestion de la capitalisation. Mais elles ont surtout les moyens financiers qui prouvent le potentiel possible de ce qui pourrait être une retraite par capitalisation.

L’épargne française volontaire est considérable. Elle est investie en assurance vie, les avoirs dépassent les 4000 milliards d’euros. Cette épargne sert principalement à financer le déficit budgétaire de l’État avec la bénédiction fiscale de tous les gouvernements qui peuvent ainsi raconter aux épargnants qu’ils ont une sorte de garantie d’État. S’ajoutent à ce pactole de l’assurance vie en France, toute l’épargne de précaution stockée dans les comptes courants, les comptes à terme ou les livrets A. Cette épargne liquide et disponible a gonflé pendant et après le Covid de plus de 200 milliards, marqueur évident d’inquiétude pour l’avenir.

Cette économie financière est évidemment prête à financer, à grande échelle, un système par capitalisation qui pourrait offrir une alternative à la retraite par répartition en cas de défaillance.

La réforme actuelle du système de retraite est donc regardée avec beaucoup d’attention et de gourmandise. Si les pouvoirs publics ne réussissaient pas à consolider le système actuel, les particuliers répondraient à l’inquiétude en s’aménageant à titre individuel des dispositions particulières. Du moins ceux qui en ont les moyens.

D’ores et déjà, les placements long terme, en immobilier et en assurance vie jouent ce rôle de compléments pour les ménages les plus aisés. Les grandes sociétés d’assurance, y compris les mutuelles, sont évidemment prêtes à industrialiser les produits pour répondre à ce besoin.

Les syndicats le savent. Leur intérêt est donc aussi de participer au sauvetage. L’échec des mesures de protection du système par répartition les écarteraient de fait et a tout jamais de la gestion des retraites. 

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