Restons calmes : Les fondamentaux qu’il faut observer pour investir en bourse dans un climat aussi agité<!-- --> | Atlantico.fr
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Des traders à la Bourse de New York. Les marchés financiers sont perturbés dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Des traders à la Bourse de New York. Les marchés financiers sont perturbés dans le contexte de la guerre en Ukraine.
©Johannes EISELE / AFP

Atlantico Business

Entre la guerre en Ukraine, les promesses déçues du digital et les incertitudes de la mutation énergétique, tous les investisseurs ont plutôt tendance à se mettre aux abris aujourd’hui. Il y a pourtant des fondamentaux positifs qui ne mentent pas.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Depuis un mois, tous les gérants de fortune et conseil en patrimoine se sont mis sur le pied de guerre pour essayer dy voir clair sur les marchés financiers. Parce que tout le monde a fait ses comptes et quon sest aperçu, quau-delà des variations quotidiennes, la valorisation de tous les marchés dans le monde avait baissé de 15 à 20 % depuis le début de lannée.

Ce semestre devrait donc se terminer dans le rouge et surtout dans lebrouillard quant à lavenir proche.

Tous les professionnels du placement nous inondent de leurs conseils. Beaucoup sont intéressés par vendre leur propres produits (et cest logique) mais tous disposent d’à peu près les mêmes données pour étayer leurs analyses et forger leurs prévisions.

1ère certitude, la crise que nous traversons ne ressemble à aucune autre.La crise du Covid a déjà été exceptionnelle, mais elle a détruit assez peu dactifs. Elle était principalement sanitaire et les gouvernements ont tous peu ou prou fait ce quil fallait pour mettre à labri les systèmes de production de richesses. Et ça a marché parce que, dès que le virus sest éteint, la croissance économique a rebondi dans des conditions que beaucoup nespéraient pas. Le problème, cest quà peine sorti du Covid, le monde occidental est tombé dans la guerre en Ukraine dont limpact économique est international, avec cette fois-ci des destructions humaines insupportables, des destructions dactifs de production considérables, et surtout l’annonce dune opposition durable dans des systèmes idéologiques antagonistes. Linflation importée par la hausse des prix de l’énergie fossile, des biens alimentaires et du transport international est en train de dérégler tous les systèmes dont la productivité était fondée en grande partie sur la sécurité des échanges.

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Le contrat de confiance est à nouveaux entamé. Entre les agents, les acteurs et les pays. Les producteurs et les consommateurs, les épargnants et les investisseurs. Résultat : tout se braque, tout se bloque et tout sarrête.

2e certitude, en dépit de toutes ces incertitudes, le monde occidental na pas le droit d’être pessimiste. Les chefs dentreprise qui sont les principaux moteurs de la production de richesses et de la croissance ne le sont pas, par définition. Pour les chefs dentreprises, les crises sont des opportunités de changement positif. Leur métier est fondé sur leur capacité à sadapter. Et nous étions entrés avant le Covid dans une période de mutations spectaculaires comme le monde nen connait quune par siècle. La révolution digitale et la contrainte climatique nous obligeaient à changer de vie et dorganisation, et c’était possible grâce à lintelligence des hommes, leurs expertises et leurs investissements. Ce qui était possible avant le Covid le reste encore plus après le Covid. Et ça nest pas la folie de la guerre en Ukraine qui pourrait supprimer les envies de progrès et de liberté.

Les facteurs d’évolution restent d’actualité seulement il va falloir accepter le changement : l’énergie, lalimentation, les logements, les moyens de transports etc.Tout est en train de changer. Tout sauf les fondamentaux de la vie.

3e certitude : il est évident quavec les risques nouveaux et les mutations qui simposent, les investisseurs font preuve de la plus grande prudence. Mais ils ne craquent pas. Ce qui peut paraître étonnant. Les marchés sont restés solides depuis les premières alertes du Covid en 2019. Le problème, cest que depuis le début de lannée, les radars sont beaucoup plus flous. Ils scrutent et ils cherchent.

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- La tech, par exemple est désormais lobjet dinquiétudes quant à son rôle de locomotive. Il faut dire que la tech a été tellement entourée et investie par les investisseurs que beaucoup de valeurs ont été trop gâtées. D’où les corrections assez violentes auxquelles on a assisté, la semaine dernière par exemple.

- les politiques publiques inquiètent également dans le contexte actuel. Trop de dépenses publiques et sociales qui pouvaient être justifiées face à la crise sanitaire, ne peuvent plus l’être aujourdhui. Si loccident veut (avec raison) protéger le fonctionnement des économies de marché, et notamment la liberté, il va falloir, se mettre pour un temps en mode d’économie de guerre, ce qui implique un effort de guerre. Linflation perçue sur le prix des carburants (gaz et pétrole) nest rien dautre quun des moyens de paiement à leffort de guerre.

- La grande majorité des banques et des grandes entreprises résistent bien aux difficultés. Les géants européens ont certes été touchés par la crise, mais les publications de résultats montrent que ni le Covid avec les confinements extravagants en Chine notamment, ni les sanctions contre la Russie, ni la guerre en Ukraine n’ont ébranlé leur modèle fondé par l’innovation, la transformation digitale et énergétique, ainsi que sur la nécessité de moindre dépendance à l’égard de pays à risques. Le consensus des marchés anticipe un ralentissement de la croissance lié aux difficultés d’approvisionnement et à l’inflation, mais en aucun cas une récession.

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- On nassiste pas à la prise en compte de scénario du pire même sils sont parfois envisagés. La majorité des acteurs du monde des affaires ont vécu les grandes crises énergétiques de 1973/74, de la guerre au Koweït ou même la crise des subprimes. La volatilité et lindice de la peur étaient, à l’époque, beaucoup plus mal orientés que maintenant.

Reste le risque géopolitique, dans la mesure où personne ne sait ce qui se passe dans la tête de Vladimir Poutine, mais là encore, on a plus tôt tendance à penser que les guerres à lancienne comme celle de Napoléon, ou des catastrophes épouvantables comme la deuxième guerre mondiale sont très peu probables. Même si le risque nucléaire est toujours brandi par la Russie. Loccident craint davantage les risques cyber que les risques nucléaires.

- Cette prudence généralisée explique le calme relatif qui existe sur les valeurs refuges. Lor par exemple est très recherché certes, mais il vaut moins de 2000 dollars lonce (une once cest 31 grammes). Alors ça reste une valeur refuge très prisée et si la guerre en Ukraine a provoqué une pousse de fièvre, le métal jaune ne sest pas pour autant enflammé. Sur le pétrole, on reste aux environ de 100 dollars le baril. Le marché mondial a compris que les forces de rappel, liées à la montée des énergies renouvelables et naturelles et même à la reprise des investissements nucléaires pouvaient inciter les pays producteurs à gérer leur prix doffre. En modérant leur prix doffre, les pays producteurs de pétrole savent bien qu’ils nencouragent pas les investissements en énergies naturelles. En 1973/74, lintérêt des pays producteurs était daugmenter leur prix assez violemment. Aujourd’hui, leur intérêt est de modérer les hausses pour allonger leur espérance de vie en tant que pétrolier.

Quant à limmobilier, autre valeur refuge, son prix est plus lié au déséquilibre entre loffre et la demande de logement quà des impératifs de spéculation. La spéculation existe certes, mais les besoins en m2 aussi. Notamment dans les grandes villes du monde entier. Le prix de limmobilier sera encore et toujours fixé en fonction dun critère incontournable : emplacement, emplacement, emplacement. Cest la localisation du bien qui commande sa valeur.

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