Rentrée scolaire et Covid : tout ce qu’il faut savoir si vous êtes un parent d’élève à risque <!-- --> | Atlantico.fr
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école rentrée des classes masques contaminations parents élèves
école rentrée des classes masques contaminations parents élèves
©MARTIN BUREAU / AFP

Protocole sanitaire

En ce mardi 1er septembre, 12,4 millions d’élèves français retrouvent le chemin de l'école en ce jour de rentrée. Les annonces de Jean-Michel Blanquer n'ont pas forcément rassuré les parents. Quels sont les bons gestes et les conseils à suivre afin d'éviter la transmission du virus à la maison ou à la sortie des écoles ?

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet est médecin des hôpitaux au CHU (Hôpitaux universitaires) de Strasbourg, chargé d'enseignement à l'Université de Strasbourg et conférencier.

 

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Atlantico.fr : C'est le grand retour à l'école après de longs mois passés à la maison. Le risque de propagation est donc plus intense : faut-il que parents et enfants portent le masque à la maison pour éviter toute contamination ?

Stéphane Gayet : On a appris à nuancer le degré de contagiosité d’une personne infectée par le SARS-CoV-2 ainsi que le niveau de risque de développer une infection symptomatique pour une personne contaminée (venant de recevoir un inoculum viral, c’est-à-dire une charge virale de contamination). Car ni la contagiosité ni le risque infectieux ne sont binaires : ces deux risques varient beaucoup en réalité ; ils évoluent en quelque sorte selon des gradients.

En effet, les schémas que nous avions en mars au sujet de la CoVid-19 ont beaucoup évolué au fur et à mesure de la progression de nos connaissances médicales et scientifiques sur cette maladie et son virus.

Le degré de contagiosité d’une personne infectée par le SARS-CoV-2

On sait que toutes les personnes infectées par le virus ne sont pas contagieuses d’égale façon. Le degré de contagiosité d’une personne infectée est corrélé à la densité de ses aérosols (soit humides : microgouttelettes ; soit secs : particules aéroportées) en particules virales. C’est l’occasion de préciser que les microorganismes (bactéries, virus) ne sont jamais isolés et libres dans les aérosols, mais toujours véhiculés par des particules biologiques de différentes tailles.

Ce degré de contagiosité est fonction de la sévérité de la maladie et de la phase de la maladie. Les personnes les plus contagieuses sont celles qui ont une forme sévère avec toux et lors de la phase d’invasion et du début de la phase d’état de leur maladie.

Les personnes les moins contagieuses sont celles qui sont asymptomatiques (ni symptômes ni signes).

Le niveau de risque de développer une infection symptomatique après contamination virale

Il est fonction de la taille de l’inoculum (l’importance de la charge virale reçue lors de la contamination), de l’âge (civil), de l’immunité et du « terrain » (âge physiologique et pathologies chroniques).

On peut schématiquement distinguer cinq catégories d’individus qui correspondent à cinq classes de risque de développer une infection symptomatique.

Principe de la circulation « douce » du virus favorisant le processus d’immunisation collective

La diffusion « douce » d’un virus dans une population est sa propagation freinée par les mesures préventives (masque, distance, décontamination des mains), sachant que ces mesures ne peuvent pas bloquer sa diffusion, mais seulement la freiner. C'est ce qui s'est produit pendant le confinement en France du 17 mars au 11 mai. En réalité, l'observance du confinement n'a pas été de 100 %, bien sûr, mais peut-être de 85 %. Les 15 % d'entorses au confinement ont permis une diffusion douce du virus, ce qui a contribué à l'immunisation passive. Cela apparaît sur les courbes de morbidité et de mortalité en France : le confinement a été très efficace sur la morbidité et la mortalité, tout en permettant cette diffusion douce du virus. Résultat : lors du déconfinement, il n'y a eu qu'un léger sursaut, sans plus. En revanche, les pays qui ont appliqué un confinement très strict, draconien, se sont privés de cette diffusion douce et ont eu un important sursaut épidémique lors du déconfinement.

Lors d’une diffusion douce, les inoculums sont discrets, comme c’est le cas lorsqu’un individu infecté asymptomatique contamine un individu « naïf » sur le plan infectieux. On comprend que tout se situe dans le bon dosage des mesures préventives (mais ceci est vrai pour la CoVid-19 qui est une maladie immunisante avec de fréquentes formes asymptomatiques : attention à ne pas généraliser ce principe à toutes les maladies infectieuses, ce serait une erreur préjudiciable).

Pour répondre à la question posée : je ne suis pas d’avis que les parents et les enfants portent le masque à la maison pour éviter toute contamination ; je pense en effet qu’à ce stade de l’épidémie en France, ce serait une mesure excessive, peu rentable. Il faut toujours garder à l’esprit la recherche du niveau optimal du rapport « sécurité microbienne effective sur inconvénients liés au port du masque dans un contexte donné ». C’est pour justifier cette position que j’ai développé les arguments précédents.

Les diverses annonces de Jean-Michel Blanquer n'ont pas forcément rassuré les parents. Quels conseils donneriez-vous afin d'éviter la transmission du virus à la maison ?

Comme je l’ai dit en première partie, je ne suis pas favorable au port du masque au sein du domicile, sauf bien sûr dans le cas où il y aurait une personne à risque élevé de forme sévère.

C’est l’occasion d’anticiper l’après-CoVid-19. Dans quelques semaines ou probablement mois, lorsque tout ira bien sur le plan épidémique, on commencera à alléger les obligations de port du masque. De mon point de vue, une société qui resterait durablement masquée serait une société déshumanisée : la voix est feutrée, on ne voit plus les mouvements de lèvres ni les dents, la mimique est imperceptible et les traits du visage sont dissimulés ; c’est comme une anonymisation générale associée à une cassure de la communication non verbale ainsi qu’à un appauvrissement de voix parlée (et chantée).

Et comment réagirait-on s’il advenait une obligation de se tondre les cheveux au cas où surviendrait une épidémie de poux particulièrement tenaces et même pathogènes ?

À la maison, il faut adopter des règles d’hygiène (la prévention, pas la propreté) de base et les conserver après la CoVid-19. Il faut prendre l’habitude de contrôler ses mains : se serrer le moins possible les mains, les décontaminer après un contact suspect et surtout avant de porter les doigts à sa bouche et avant de toucher de la nourriture ; c’est essentiel. Il faut prendre l’habitude de se tenir à une distance raisonnable des personnes d’une façon générale, ce qui n’exclut pas les contacts quand on en éprouve le besoin, bien sûr. On a dit au cours de la campagne de recommandations : « Lavez-vous les mains toutes les heures » (mars), puis : « Lavez-vous les mains régulièrement » (avril et mai). Ce ne sont pas des messages responsabilisants ni vraiment efficaces : il faut expliquer comment les mains nous contaminent et comment gérer les risques microbiens liés aux mains ; ce n’est pas très compliqué.

À la maison, les essuie-mains en tissu à utilisateurs multiples sont les pires vecteurs qui soient. Il faut absolument gérer correctement ce risque (il existe plusieurs solutions, dont celle qui consiste à individualiser les essuie-mains : chacun le sien).

Selon le Premier ministre Jean Castex, les grands-parents devraient éviter d'aller chercher leurs petits-enfants après l'école. Les sorties de l'école vont-elles devenir un foyer de contamination potentiel ?

C’est une recommandation qui paraît logique au demeurant ; toutefois, au stade où en est l’épidémie en France, on peut s’interroger sur sa pertinence. Quel est le niveau d’immunité anti-SARS-CoV-2 de la population de séniors en France ? Nous n’en savons rien. On peut supposer, qu’étant donné la circulation douce du virus en France depuis le début du confinement et son intensification depuis le début du déconfinement, qu’il est de niveau moyen.

Il ne faut pas systématiquement voir les collégiens et les lycéens comme de grands disséminateurs de virus SARS-CoV-2 : on l’a pensé, on l’a dit et écrit ; mais aujourd’hui, on estime qu’ils ont un faible niveau de contagiosité eu égard au fait que leur éventuelle CoVid-19 est souvent asymptomatique ou paucisymptomatique (peu de symptômes et de signes).

L’inquiétude des pouvoirs publics – réelle ou feinte – vis-à-vis d’une hypothétique reprise épidémique ne doit pas générer une obsession virale. Apprenons à nous protéger et à protéger les autres ; mais n’entretenons pas une phobie du coronavirus.

Pour répondre à la question posée : les sorties d’école constituent probablement des événements qui regroupent plus de sujets porteurs excréteurs de SARS-CoV-2 qu’ailleurs. Il faut le savoir et en tenir compte. Mais nous sommes en plein air et de ce fait, le risque de contamination virale par les aérosols humides ou secs est beaucoup plus faible qu’à l’intérieur des locaux. Donc, n’exagérons pas.

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