Qui est Iggy Azalea, la chanteuse la plus recherchée sur google à l’heure actuelle ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Iggy Azalea.
Iggy Azalea.
©Reuters

Success story

Australienne, blanche, provocante... Iggy Azalea est le nouvel ovni de la planète rap. Arrivée aux États-Unis à 16 ans, elle s’épanouit dans un milieu où il n'est pas facile de s'imposer en tant que femme.

Talia Soghomonian

Talia Soghomonian

Talia Soghomonian est une journaliste américaine basée à Paris, ex-Metro et New-York Times, aujourd'hui freelance. Elle écrit sur le cinéma, la mode et la musique, et a été publiée dans Rolling Stone, InStyle, Marie Claire.

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Atlantico : Bien qu'elle ne soit pas classée dans les meilleures ventes d'album de rap, Iggy Azalea est ce mois-ci la chanteuse la plus recherchée sur Google. Qui est cette chanteuse ? Quel est son parcours ?

Talia Soghomonian : Il y a encore plusieurs mois, personne n’avait entendu parler d’Iggy Azalea. Ou peut-être on avait entendu trainer son nom et on avait pense à Iggy Pop sans chercher à en savoir plus. Aujourd’hui, à 24 ans elle est googlisée toutes les secondes ou presque par des internautes curieux d’en savoir plus sur cette chanteuse australienne controversée qui a signe le tube de l’été, “Fancy”, dont le clip compte plus de 160 million de vues sur YouTube.

De son vrai nom Amethyst Amelia Kelly, Iggy Azalea - un pseudo inspiré de son animal, Iggy, et du nom de la rue, Azalea, où habite sa mère - est une rappeuse originaire de Mullumbimby, en Australie, et dont le trait marquant est… sa peau blanche.

A 16 ans, Iggy Azalea se rend à Miami pour 15 jours et décide d'y rester pour percer dans la musique. Cinq années et quelques villes plus tard - dont Los Angeles, Houston et Atlanta, le fief de la culture hip-hop - elle investit le peu d’argent qu’il lui reste pour le tournage du clip de son single “Pu$$y” où, avec ses danseuses, elle mange des glaces de façon provocantes. Rien de tel que l’érotisme pour garantir un succès viral. Apres des millions de vues, son ascension spectaculaire a débuté.

Comment cette Australienne blanche de 16 ans a-t-elle réussi à s'imposer dans le monde du rap ? Cela a-t-il été difficile ?

Cela aide d’avoir le rappeur et producteur T.I. (Pharrell Williams, Nelly, Lil Wayne, Young Jeezy…) comme mentor ! Et en 2013, elle signe chez Def Jam, qui a sorti son premier album, The New Classic, en avril dernier. Mais le terrain se préparait bien avant. Elle a assuré la première partie de la tournée de Beyoncé et Nas en Australie l’an passé. Mais pour arriver là, il a fallu qu’elle se différencie. Déjà que ce n’est pas évident pour une femme noire de s’imposer dans le rap, un genre essentiellement masculin, mais quand on est une jeune femme blanche, il faut se démarquer du lot. Alors qu’elle parle avec un accent australien, mais son flow est livré dans un accent du sud américain. Imaginez une chanteuse country qui fait du rap… Et puis il y a eu les controverses. C’est toujours bon pour une carrière en musique...

Iggy Azalea a également subi de nombreuses critiques. Elle aurait notamment été qualifiée de raciste. Quel est son rapport à la culture noire ? Comment vit-elle le rap ?

Le label raciste lui a colle à la peau lorsque la rappeuse grande-gueule Azalea Banks l’a traitée de raciste, sans aucun fondement. De nombreux blogs Tumblr l’accusent de prétendre être noire. Son accent est souvent critiqué aussi. On lui reproche de tenter de s’approprier une culture à laquelle elle ne veut pas rendre hommage, et de le détourner. On y voit presque comme une atteinte à la culture afro-américaine et l’histoire de la population noire aux Etats-Unis. Pas parce qu’elle rap, mais parce qu’elle imiterait des rappeurs ou rappeuses noires.

Mais de nombreux artistes de couleur prennent aussi sa défense, dont récemment Questlove. Dans une interview accordée au magazine Time, le batteur des Roots rappelle que la culture hip-hop et rap est en train de se démocratiser : "Vous savez, nous, les Noirs devons accepter que le hip-hop est une culture contagieuse. Si vous aimez quelque chose, il faut le laisser libre. Je dirai que "Fancy", plus que n'importe quelle autre chanson que je n'ai jamais entendu ou travaillé dessus, est un indicateur de ce changement et nous devons vraiment accepter le fait que le hip-hop vole de ses propres ailes."

Et Iggy Azalea, lors d’une interview en 2013 sur la chaîne BET, a parlé de ségrégation : "Je pense que cette idée que le rap doit être noir ou que le rap doit être ceci ou cela est inquiétant pour moi parce que c’est de la ségrégation.... Si nous avons quelque chose dans la musique qui est fédérateur, que d'autres cultures sont attirés... alors cela devrait être considérée comme une chose positive."

A l'instar de Beyoncé, peut-on dire qu'elle représente une certaine forme d'indépendance féminine ?

Dans les années 90, on avait la Girl Power grâce au Spice Girls. Puis, en 2001, Beyoncé chantait “I’m a survivor” (sur le single “Survivor”) avec ses comparses de Destiny’s Child. La girl power devenait alors roman power… Aujourd’hui, c’est l’independent woman. Iggy Azalea a su s’imposer en se démarquant des autres, comme Beyoncé, Lady Gaga et, bien sûr, Madonna. C’est la femme grande-gueule, qui dit ce qu’elle pense et qui se réclame féministe sans autant le dire haut et fort. Et comme les trois autres chanteuses, elle est devenue un phénomène de la culture populaire. Mais aura-t-elle le pouvoir de s’y imposer à long terme ? On attend de voir : elle travaille actuellement sur son deuxième album.

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