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Premier pas hors de France, la respiration d’un entrepreneur !
©REUTERS/Wolfgang Rattay

Les entrepreneurs parlent aux Français

Depuis le départ de Paris lundi dernier, je respire. L’éloignement contribue à la sérénité et la réflexion.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Tout ce que l’on s’interdit de trop près reprend de la valeur avec la distance. Et la comparaison est plus facile quand on sait de quoi on parle, plutôt que de lire des courbes statistiques, comme en raffolent nombre de soi-disant économistes. Le pied hors sol garantit la légèreté du point de vue et son objectivité.

Quitter la France c’est aussi s’intéresser au monde, car tout à coup votre monde n’est plus constitué de votre simple territoire. La petitesse n’est plus de mise, car le paysage s’élargit singulièrement, le nombril cesse d’être la partie du corps que l’on observe le plus et l’on s’intéresse à nombre d’autres nombrils présents dans un monde qui est tellement plus grand que notre belle France. C’est finalement un voyage Apollo que l’on s’offre à bas coût, qui permet de voir le monde de plus haut, dans ses forces globales, sa géographie pleine et non plus dans le détail qui obscurcit la forêt.

Israël a ceci de particulier que ce petit Etat, de 6 à 7million d’individus, est un monde en lui même et ne pense qu’au monde. Les innovations sont destinées à un marché mondial faute de marché intérieur. Quand nous nous plaignons de l’étroitesse de notre marché, je vous laisse imaginer l’hilarité d’un Israélien quand je lui explique que nos marchés publics représentent « seulement » 100 milliards par an !! Ici l’obsession c’est le monde, des innovations dotées d’une validité planétaire, sinon rien. Et cela marche. La nécessité fait loi et ici la nécessité est forte. La 1ère leçon à retenir c’est que nous ne savons vraiment pas en France, mettre à profit cet énorme marché que représentent les grands groupes et l’état, ce qui représenterait déjà un monde pour nos PME et start-up. L’équivalent (ou presque) d’un marché mondial pour un Israélien. Dommage non ?

Autre particularité c’est l’ouverture. Oui l’ouverture, un mot que l’on refuse toujours d’associer à ce pays. L’utiliser, c’est contrarier le politiquement accepté et la paresse intellectuelle qui consiste à confronter ses idées à la réalité. Ici les Druzes, peuple musulman, qui a bâtit sa religion sur un détail des textes religieux et ainsi quitté la doxa sunnite, sont protégés par les Israéliens. D’ailleurs je vous conseille les galettes qu’ils font sur une drôle de poêle en cône, qui est ce que mon fils appellerait une « tuerie ». Ici ils sont protégés alors qu’ils sont et ont toujours été pourchassés partout ailleurs. Liban, Syrie, notamment. Certains sont même des généraux hauts placés de l’armée israélienne. Cela me fait penser que dans notre pays de bonne conscience et de perfection, un homme comme Tidjane Thiam, brillant major des Mines, a fini par quitter la France dégouté, car sa couleur de peau l’a toujours exclu des postes habituellement promis à nos élites blanches. Il a du coup brillamment restructuré Prudential et en fait de même à la tête du Crédit Suisse désormais. Il est considéré comme une star par Christine Lagarde, mais nous l’avons exclu pour délit de couleur. Nous sommes plus forts pour donner des leçons que pour appliquer nos principes de démocratie et d’ouverture.

Je pourrais aussi vous parler de l’expérience vécue en allant au marché et au McDo (ce que je ne fais jamais normalement mais les enfants d’amis ont insisté pour goûter un succulent nugget d’authentique poulet de laboratoire). Quelle surprise qu’un marchand sur deux au marché de Tel Aviv soit Arabe Israélien. Quelle double surprise que plusieurs des serveuses du McDo étaient coiffées d’un foulard en servant leurs clients Juifs et Arabes ! Et pas dans des files séparées ! No comment. Que nos donneurs de leçons viennent donc mettre leurs déclarations sur une ségrégation de chaque instant à l’épreuve des faits.

Mais le fait d’être à l’étranger vous ouvre surtout aux autres et leur actualité. Je l’avais déjà vécu en passant 10 ans à l’étranger, et je retrouve ce bain de jouvence qui mène à l’universalité. Tout à coup plus de TF1, de France TV comme seule bible de la température du monde, qui d’ailleurs se focalise à 99% sur la France et son microcosme. Vous vous retrouvez tout à coup dans une actualité mondiale, où les chaînes d’infos vous font faire le tour du monde toutes les 10 minutes.

Cela permet aussi de relativiser notre médiocrité. Quand je me compare…disait Talleyrand. Il est vrai que la politique Américaine… Russe…. Italienne…Anglaise… ce n’est pas brillant non plus. Trump se trompe et trompe, mais agit. Poutine bâtît un empire politique qui cache la misère économique de son pays qui régresse chaque jour sur les tablettes de la croissance et de la démographie. Depuis Renzi l’Italie retourne à ses vieux démons et Thérésa nous fait du Brexit dur pour un résultat qui sera bien mou. Donc la France, finalement, n’est pas la pire. Mais les USA ont la puissance, les Russes la reprenne, et la Chine malgré ses chiffres de croissance en baisse investissent dans l’avenir comme personne. 100 milliards investis dans l’IA (Intelligence Artificielle) à titre d’exemple. La seconde leçon à retenir c’est donc le retard que nous prenons en matière de technologie, et que les autres pays ne sont pas autant sous le joug ou la lenteur de nos technocrates adorés et politiciens déconnectés qui n’en parlent pas. Quand ils n’en parlent pas aux USA ce n’est pas grave car le privé le fait. Chez nous on en parle pas, mais peu ou pas ne le font. Pourtant nous en avons la capacité et le talent. Conclusion, le pouvoir a trop de…pouvoir.

Au final, cette première semaine est enrichissante. Grâce à CNN, Forbes, et même TV5 Monde, je vois l’Afrique, l’Asie et les USA et à travers Israël je les vois tous également car le monde entier a les yeux rivés sur l’innovation Israélienne. L’une des 3 plus puissantes au monde. Pour moi qui couve SOS SAHEL, les technologies développées par Israël sur l’irrigation, la captation de l’eau dans l’air, sont juste un rêve. J’ai raté le débat ou plutôt l’élevage de politiques en batterie sur BFM et mon sommeil a gagné en qualité. J’ai raté les derniers détournements de Lepen, Fillon ou autre Leroux. Je passe à côté de la question existentielle de savoir si Macron est ou non l’hériter de Hollande, et bizarrement, mon cholestérol et ma fréquence cardiaque sont restés identiques. Mais je rentrerait voter, hanté par cette même question que nous sommes si nombreux à nous poser. Pour qui ? Lundi prochain, je serai sur le point de partir au Maroc, pays passionnant également, pour d’autres raisons. A suivre donc.

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