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Pourquoi un entrepreneur pourrait-il avoir envie de rester en France d’ici à 2022 ? (s'il a le choix !)
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Les Entrepreneurs parlent aux Français

Malgré les efforts des entrepreneurs, l'environnement économique en France a peu changé parce que trop de forces s'opposent à notre réussite.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Ce matin en rentrant de Côte d’Ivoire (8% de croissance chaque année depuis 6 ans), je me prenais à rêver à repartir à l’étranger. J’y ai passé 10 ans, très heureux, puis suis revenu en France, pour donner un second souffle à mes entreprises en exploitant un  marché français qui avait mis 8 ans à découvrir la formation online, et surtout en apprenant qu’il fallait se battre chaque jour pour servir ses « semblables », les entrepreneurs. Assez contre intuitif quand on sait qu’ils sont le sel de l’économie (et son sucre aussi).

Nous en avons aidé des tonnes, avec Parrainer la Croissance, y compris en leur donnant accès aux seniors des grands groupes, que nous sortions au passage d’une amertume et d’une déception d’un système qui les ostracise après les avoir « starifié », avons bataillé contre des gouvernements notamment pendant l’épisode des pigeons, travaillé avec eux (Assises de l’Entrepreneuriat), proposé, sans cesse des mesures, jusqu’à la loi Pacte, qui a marqué un échec cinglant de tous nos réseaux qui ont assisté à une loi vide de sens et de vision.

Nous avons déployé, réseaux Parisiens et régionaux, une énergie folle, pour déplacer de quelques millimètres une machine qui ne nous aime pas ou pire, ne nous comprend pas.

Avec l’Observatoire de l’Ubérisation, nous avons essayé d’éveiller chacun au digital, avec ses dangers et surtout ses opportunités, en construisant un espace où l’équilibre des positions et l’ouverture d’esprit l’emportait sur le dogmatisme de tant de soit disant « experts ».

La réalité est, que pour quelques mesures capables de passer, chez nos politiques, qu’ils acceptaient souvent, pour des raisons marketing, nous avons au final, toujours la même déception face à la puissance publique. Désormais,  avec l’échec possible annoncé de Macron, à qui il ne reste que trop peu de temps pour produire des effets qui puissent se traduire dans les urnes, la question de rester en France, se pose. Plus que jamais. Par anticipation, car pour un entrepreneur, la réussite est dans la préparation et l’anticipation. Un plan B et 2 ou 3 plans C.

Question : Quels seraient les paramètres de notre décision ?

Tout d’abord, ils sont politiques.  Quel entrepreneur aurait envie de vivre dans un pays gouverné par Marine ou un autre tortionnaire de la démocratie ? Ignare des questions économiques. Certes, on pourrait lui prêter une sympathie pour les « affaires patrimoniales », « familiales », car elle connaît… !! Mais je n’arrive même pas à en rire. Si culturellement elle est à droite, la politique économique et sociale du FN, ne ferait pas rougir Mélenchon.

Macron ne pourra pas reconnecter à temps avec la « base » des ronds-points. Il n’aura pas le temps de remettre la courbe du chômage dans le bon sens, comme son « mentor ». Et il pourrait subir de plein fouet une crise internationale, dont on sait qu’elle se prépare depuis un long moment et peut surgir à tout moment. Les ingrédients sont là, il manque encore le déclencheur.

Economique, ensuite. A moins d’une Loi Pacte 2, doté d’un véritable contenu, et d’une vision, notamment sur l’IA, les digital et l’amélioration de la puissance publique grâce à ces technologies. Sans une réforme profonde du mode de fonctionnement de l’Etat et de ses hommes (de gauche à une TRES large majorité, notamment dans les couloirs de Bercy). Sans un nombre de réformes liées aux PME, qui passeraient dans l’opinion publique aveugle et sourde, relayée par une presse souvent inculte sur les questions d’entrepreneuriat, pour une nouvelle salve de cadeaux « aux riches ». Sans tant de réformes utiles à faire encore, en si peu de temps, Macron n’aura pas d’impact sur notre santé économique, ni à court terme, ni, surtout, à long terme. Empêtré dans un présent qu’ils ne comprennent plus et sans perspectives d’avenir, les Français voteront de façon stupide en 2022 et personne n’a envie de voir cela, sauf à ne pas en avoir le choix. J’ai la chance de l’avoir. Ou plutôt, je me la suis donnée…

La France est un pays fantastique dans une assez large majorité, mais ses éléments perturbateurs, tendent à l’emporter sur les autres. La « base » totalement larguée, notamment  en région, n’est plus en état d’entendre, de comprendre ou de se mobiliser positivement. Elle est en repli et en guerre. La fonction publique, au plus haut niveau reste nocive et autocentrée, repliée sur sa propre survie. Sa reproduction, jusqu’à ce que mort de la France s’en suive. La Macronie, qui reste encore intéressante, et reste porteuse d’espoir, reste un total produit du système et ne peut la réformer, l’attaquer de front, au risque de bloquer les rouages de l’Etat. Macron aimerait pourtant, certainement, mais plutôt dans un second mandat, qu’il risque de ne pas faire.

Le talent que nous avons déployé, tous, n’a rien changé à la France. Nous pouvons tous nous vanter d’un changement ou d’un autre, d’une réussite complète. Mais la réalité c’est que le panorama et l’environnement des PME n’a pas substantiellement changé, que le numérique n’est qu’un vœu pieux, et que malgré les efforts magnifiques de Niel et de quelques rares entrepreneurs suffisamment passionnés, pour ne pas investir uniquement dans des fondations qui protègent fiscalement leurs œuvres artistiques et leurs collections personnelles, la réalité c’est que derrière la Station F c’est le désert et qu’il n’y a pas de plages numériques sous ses pavés.

Donc il faut malheureusement se préparer au pire. En agissant jusqu’au bout, pour que cela n’arrive pas. Mais que pèsent 2M d’entrepreneurs ? Moins de 3% de la population ! Et malgré notre capacité à créer plus d’emplois que l’on occupe de rondpoints, notre incapacité à occuper le débat public aussi efficacement que des casseurs de vitrine, à qui la presse TV accorde l’exclusivité de son intérêt, nous n’avons que peu de moyens d’action. Peu de moyens de peser. Peu de moyens d’être écoutés et entendus.

Si nous vivons en 2022 la conjonction de l’écroulement mondial, de mouvements souhaitant la fin de l’Europe, une faible croissance, et une victoire populiste, il faudra être loin des éclaboussures. Sans parler des entrepreneurs juifs, qui assistent avec atterrement à la montée de la volonté de leur remettre des étoiles jaunes, et pas pour les féliciter de leur réussite. La France est assaillie par la montée d’une partie de population que nous avons nourrie et avons été incapable de contrôler sous prétexte d’échapper aux accusations de racisme et qui prépare notre destruction, comme dans tant de pays, au nom d’un intégrisme que nous faisons semblant de découvrir. La gauche cherchait des votes, elle a eu des morts et des attentats. Et la leçon n’a pas suffit. Bref, lundi matin déprime. Et pas envie de prendre des hallucinogènes pour oublier la réalité !!

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