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Pourquoi les Français qui travaillent en Grande-Bretagne ne devraient pas tellement souffrir du Brexit (contrairement à d’autres Européens...)
©Reuters

Banquier ou plombier ?

Alors que le vote des Britanniques en faveur du Brexit a ouvert une période d'incertitude sur le volet de l'immigration intra-européenne, les ressortissants européens qualifiés (dont font partie les Français) n'ont a priori pas d'inquiétudes à avoir.

Bruno Bernard

Bruno Bernard

Anciennement Arthur Young.
Ancien conseiller politique à l'Ambassade de Grande-Bretagne à Paris, Bruno Bernard est aujourd'hui directeur-adjoint de cabinet à la mairie du IXème arrondissement de Paris.

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Atlantico : Le vote des Britanniques en faveur du Brexit a ouvert une période d'incertitude sur un certain nombre de sujets dont l'immigration intra-européenne. Quelles garanties ont été données aux ressortissants de l'Union européenne vivant et travaillant sur le sol britannique ? Comment ont notamment réagi les Français qui vivent et travaillent au Royaume-Uni ? Quel est le sentiment qui domine actuellement chez ces travailleurs venus d'autres pays européens ?

Bruno Bernard : Comme dans tout changement politique, il y a une période d'incertitude et d'inquiétude, ce qui est normal. Il est un peu tôt pour parler de conséquentes immédiates du Brexit sur la situation des travailleurs européens ou extra-européens. Le message de Boris Johnson dans le Telegraph ce lundi visait à rassurer les Britanniques mais aussi les étrangers qui travaillent au Royaume-Uni. 

Des accords d'accès au marché du travail britannique dans un sens et européen dans l'autre sont à prévoir. Il n'y a pas d'inquiétude à avoir pour les travailleurs européens à forte valeur ajoutée. En revanche, ce sera plus difficile pour les travailleurs en provenance d'Europe de l'est (et notamment de Pologne) mais c'était déjà plus compliqué pour eux comme le montre la négociation qu'avait menée David Cameron avec l'Union européenne sur le versement des droits.  

En ce qui concerne les Français qui travaillent à Londres, il me semble qu'un échange donnant-donnant entre Paris et Londres aura lieu. Ces accords seront trouvés assez facilement. A moins que Londres ne perde son statut de centre financier mondial, on a du mal  à imaginer un rapatriement des travailleurs français à Francfort ou à Paris. 

Le processus visant à rassurer les gens suite au Brexit prendra plusieurs semaines voire plusieurs mois. Tout le monde est sous le choc et on devine la volonté de Boris Johnson - qui envisage de se présenter au poste de Premier ministre -, de rassurer et de renouer des liens entre les partisans du leave et ceux du remain

Au terme des deux années de négociation entre le Royaume-Uni et l'UE, quelles pourraient être les nouvelles conditions d'entrée au RU pour les ressortissants européens ?  

Les conditions d'entrée pour les travailleurs qualifiés seront très certainement similaires à celles qui sont offertes aux ressortissants américains : permis de travail allongé. Londres va mener une politique extrêmement attractive vis-à-vis des travailleurs étrangers car ils sont absolument essentiels notamment dans le secteur financier. Il est difficilement imaginable que le Brexit amène des règles plus strictes pour les travailleurs qualifiés. En revanche, les règles seront plus strictes pour l'immigration familiale et pour l'immigration peu qualifiée. 

Montée du nationalisme, conditions d'entrée et de séjour plus contraignantes… le Royaume-Uni sera-t-il toujours aussi attractif ? Vers quels pays pourraient se replier les ressortissants européens (et notamment les Français) actuellement installés au Royaume-Uni ? Dans quelle proportion ?

Je ne vois pas d'autres pays vers lesquels pourraient se replier les travailleurs européens pour deux raisons : d'une part, l'importance du secteur financier et de la City de Londres et d'autre part, la langue anglaise. La France ne pourra pas attirer autant que Londres a pu attirer du fait de son droit du travail, quant à l'Allemagne du fait de sa langue et de sa culture, elle restera moins attractive que le Royaume-Uni. Londres et la Grande-Bretagne gardent un avantage structurel sur les autres pays européens. Par ailleurs, l'économie britannique est suffisamment forte et dynamique pour continuer à attirer des travailleurs. 

Je ne parle pas des destinations telles que les Etats-Unis ou Singapour qui à mon sens ne rentrent pas dans l'équation. 

Pour ce qui est des travailleurs non qualifiées des pays de l'est, le Brexit ne provoquera pas de vague de départs car ils sont plutôt bien insérés dans la société britannique. Par ailleurs, un certain nombre de Polonais, après avoir réussi à Londres, sont déjà retournés en Pologne. En revanche, il sera plus dur de venir en Grande Bretagne de ces pays-là sans travail.

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