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Pourquoi le Venezuela fait flamber les névroses de l’extrême-gauche française
©Yuri CORTEZ

Répression

Au Venezuela Juan Guaido à l'occasion du premier mai avait appelé à la « plus grande manifestation de l’histoire du Venezuela » pour déloger Nicolas Maduro du pouvoir.

Jacobo Machover

Jacobo Machover

Jacobo Machover est un écrivain cubain exilé en France. Il a publié en 2019 aux éditions Buchet Castel Mon oncle David. D'Auschwitz à Cuba, une famille dans les tourments de l'Histoire. Il est également l'auteur de : La face cachée du Che (Armand Colin), Castro est mort ! Cuba libre !? (Éditions François Bourin) et Cuba de Batista à Castro - Une contre histoire (éditions Buchet - Chastel).

 

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Atlantico : Alors que la situation semble dégénérer au Venezuela, La France insoumise, contrairement aux autres partis français, refuse de soutenir Guaido tout en se défendant d’être pro-Maduro. Raquel Garrido, ex porte parole du parti défend pour sa part en un professeur immigré en France enseignant à Science Po comme l’alternative démocratique, renvoyant dos à dos Guaido et Maduro. Que pensez-vous de ce positionnement singulier de la France Insoumise et de ses proches ? 

Jacobo Machover : Il y a toujours eu une complicité de La France insoumise et du chavisme. Jean-Luc Mélenchon est un propagandiste du chavisme depuis fort longtemps. Il s’est rendu à d’innombrables reprises au Venezuela, ainsi qu’à Cuba, là où les chavistes vont prendre leurs ordres. Les réactions de la France insoumise face à l’horreur de la répression au Venezuela, je pense notamment à ces images qui ont été diffusées partout de la tankette qui écrase des manifestants pro-démocratie sont une preuve de la sauvagerie de la répression de Maduro. Les leaders de La France insoumise, notamment son ex-porte parole Raquel Garrido, par ailleurs compagne d’Alexis Corbière, quand elle fait une comparaison entre ce qui se passe au ministère de l’Intérieur en France et dans une dictature telle que le Venezuela est absolument ignoble. 

Cette comparaison n’est-elle pas surtout une preuve du manque sérieux de perspective sur la situation ?

Toute comparaison est sujette à caution, mais dans ce cas précis, elle est tout simplement grotesque. Nous sommes en France, en démocratie, ce qui fait que tout le monde peut s’exprimer. Cela fait des années que je le fais contre la dictature castriste et ses avatars vénézuéliens ou nicaraguayens, et je peux m’exprimer librement en France. Ce ne serait absolument pas possible à Cuba ou Caracas. Les opposants vénézuéliens sont depuis longtemps mis en prison, torturés et soumis à des traitements dégradants pour reprendre le vocabulaire des organisations humanitaires. 

Les opposants vénézuéliens méritent la solidarité de tous les démocrates, ce qui m’amène à dire que les gens qui soutiennent de tels régimes ne sont pas de véritables démocrates. Ce sont des gens qui n’ont pour horizon et point de vue que leur idéologie. Si ces gens viennent un jour au pouvoir - ce qu’à Dieu ne plaise - ils ne seront absolument pas garants du respect de la démocratie en France. 

Vous qui connaissez bien la répression castriste mais aussi le cas vénézuélien, que vous qualifiez d’avatar du Cuba castriste, comment jugez-vous l’état actuel du Venezuela ?

Si le régime de Maduro, que beaucoup appellent la narco-dictature, venait à ne pas céder, ce serait du fait de leurs appuis, d’une part les Russes et les Chinois, mais surtout les Castristes, qui ont noyauté les forces armées vénézuéliennes, les services de répression et la sécurité même du président en fonction Maduro et de ses proches. Le contrôle par la force des différents corps armés vénézuéliens fait que la situation n’a pour l’instant pas encore basculé dans le sens de l’opposition. Mais de toute façon, le changement ne se fera pas en un jour. 

Il faut comprendre que l’initiative de Juan Guaido est absolument extraordinaire. Faire libérer les principaux opposants politiques qui étaient en résidence surveillée et appeler au soulèvement des forces armées et du peuple était ce qu’il fallait faire. Il n’y a pas de coup d’Etat. Les militants d’extrême gauche utilisent ce terme pour discréditer l’action de Guaido. Mais on a affaire à une tentative de soulèvement populaire, très loin de tous les coups d’Etat qu’a pu mener à bien Chavez dans les années 1990… 

J’ai aujourd’hui beaucoup d’espoir que ce mouvement aille au bout, même si c’est encore soumis à la possibilité d'une répression sauvage, brutale du régime chaviste. Je pense qu’il risque d’y avoir un certain nombre de péripéties. C’est pourquoi il est très important que les dirigeants européens, sud-américains et nord américains marquent massivement leur soutien à Guaido et aux forces populaires. Il faut absolument isoler ce régime pour le faire tomber. 

C’est un régime qui a amené son peuple à la catastrophe, qui délibérément l’a affamé, l’a empêché de s’exprimer et de vivre décemment. Il est temps que cela termine, n’en déplaise à ceux qui ont de la complaisance pour Chavez et Maduro.

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