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Pourquoi la popularité d’Emmanuel Macron a beaucoup à voir avec celle de Kim Kardashian (mais saura-t-il construire un empire aussi solide qu’elle?)
©RTL

Dynamique pour la dynamique

Dans un monde politique ultra-concurrentiel, certains empruntent aux codes du luxe l’art de la mise en scène pour se distinguer et offrir quelque chose de différent, de plus virtuel et de plus légendaire que leurs concurrents souvent plus mass-market.

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Benoît de Valicourt

Benoît de Valicourt s’inscrit dans la tradition du verbe et de l'image. Il travaille sur le sens des mots et y associe l'image réelle ou virtuelle qui les illustre. Il accompagne les acteurs du monde économique et politique en travaillant leur stratégie et leur story-telling et en les invitant à engager leur probité et leurs valeurs sur tous les territoires. 
 
Observateur de la vie politique, non aligné et esprit libre, parfois provocateur mais profondément respectueux, il décrypte la singularité de la classe politique pour atlantico.fr et est éditorialiste à lyonmag.fr
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Emmanuel Macron a parfaitement compris qu’il faut donner à ses électeurs potentiels l’impression qu’ils vont vivre une grande aventure, En Marche ! Et voilà notre jeune et beau ancien ministre de l’Economie lancé dans la course à la présidentielle avec comme seul bagage, l’émotion. Il a bien compris qu’il faut surprendre l’électeur et les émotions représentent un moyen de véhiculer l’engagement, bien plus fort que le savoir et les idées.

Le beau jeune homme insolent offre aux caméras de télévision son plus beau sourire laissant découvrir ses dents du bonheur ; voilà un homme qui bouscule les codes d’un establishment plus prompt à flinguer pour survivre qu’à séduire. Macron est un pure produit de sa génération, un homme qui a compris que la société s’est peopolisée, que l’image est plus importante que le fond, que la beauté est une promesse du bonheur et que la liberté est synonyme de respect. Macron parle aux désirs des Français, il est en affinité avec eux, ni de gauche, ni de droite ou plus exactement de droite et de gauche ! Inutile d’avoir des idées, il suffit de piocher dans les deux camps qui s’opposent et de faire la synthèse des contradictions sous couvert d’un mode de vie plus aspirationnel, plus neutre, moins logotypé, davantage axé sur les valeurs.

Et quelles sont cas valeurs ? Celles d’un monde en pleine mutation, où les repères conservateurs sont balayés par plus de mobilité, par le mélange des cultures, par notre approche plus intimiste de vivre, par l’instruction, bref par des valeurs inspirationnelles et Macron s’inscrit dans cette mouvance en pur produit marketing du storytelling.

Et c’est en cela que celui qui ne marche plus seul est passé du statut d’énarque à celui de star comme Kim Kardashian est passée du statut de bimbo à celui d’égérie. La comparaison est osée, me direz-vous, mais pas tant que cela. Ces deux individus ont en commun l’ultra médiatisation de leur personne, de leurs atouts, de leur égo. Ils ont compris que pour exister les idées n’ont pas d’intérêt, seule l’image et le buzz comptent.

Quand Manuel Valls peine réunir 200 personnes en Bretagne, Emmanuel Macron est obligé d’aller à la rencontre d’un millier de fans qui n’ont pas pu rejoindre les 2000 déjà présents dans une salle trop petite. L’un assène un discours d’ordre et de rigueur, l’autre s’enflamme en prônant la liberté. Vaste idée que la liberté, cela n’en fait pas un programme, pas plus que l’idée de Révolution mais cela fait rêver et le rêve nous invite au voyage, En Marche ! Macron l’étudiant qui épouse sa prof, Macron le banquier qui s’affranchit des codes du costume croisé en arborant fièrement une bague à chaque main, Macron le ministre qui quand on le croise à Bercy semble d’avantage sortir du palais omnisports que de la citadelle des finances, Macron l’enfant terrible de la gauche qui revendique ne pas être socialiste alors que sans le parti il ne serait rien.

Comment cet homme, comme Kim Kardashian, arrive à remplir des salles sans être porteur d’un message ? Parce qu’il est un phénomène, un produit qui fait rêver. Kardashian non plus n’a rien à dire mais quand elle soulève son auguste popotin, elle déchaine les passions au point que de nombreuses jeunes filles aiment s’identifier à celle qui aurait pu être un personnage de la mythologie, une déesse mi-blanche, mi-noire, envoutante comme l’Orient sans jamais avoir quelque chose à dire, le silence étant d’or.

Macron lui est le bad boy de la politique française, le beau gosse qui aime les cougars entrainant dans son sillon les MILF de la République !

Dans ce monde virtuel où les frontières n’existent plus, où chacun devient acteur, où le selfie à remplacer le photomaton, où le tweet est le digne héritier de l’haïku, où la recherche du plaisir a plus de sens que la quête spirituelle, Emmanuel a un parfum de scandale, son scénario suggère, il ne dit rien, la vacuité du message est compensée par la sublimation du rôle, par le décor, il raconte la belle histoire à laquelle nous avons envie de croire, celle du héros qui gagne contre les méchants !

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