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Petit cours d'Histoire : quel a été le dernier acte de Jean Moulin avant de mourir ?
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Bonnes feuilles

2000 ans d’Histoire de France, de Vercingétorix à François Hollande. "Ce classique pour tous" est réédité et augmenté d’un prolongement de l’historien Dimitri Casali, qui reprend là où Ernest Lavisse s’est arrêté, de 1939 à 2012, avec 25 illustrations nouvelles. Extrait de "Histoire de France, De la Gaule à nos jours" (1/2).

Dimitri  Casali

Dimitri Casali

Dimitri Casali est Historien, spécialiste du 1er Empire et ancien professeur d’Histoire en ZEP, il collabore régulièrement avec la presse écrite, la radio et la télévision. Il est auteur d’une quarantaine d’ouvrages notamment : La France Napoléonienne (Albin Michel 2021), le Grand Procès de l’Histoire de France, lauréat du prix des écrivains combattants 2020 (Robert Laffont 2019), du Nouveau Manuel d’Histoire préface de J-P Chevènement (La Martinière 2016), de l'Altermanuel d'Histoire de France (Perrin), lauréat du prix du Guesclin 2011 ; l'Histoire de France Interdite (Lattès 2012). Par ailleurs, il est le compositeur du « Napoléon l’Opéra rock » et de l’« l’Histoire de France l’Opéra rock », spectacles musicaux historiques et éducatifs.

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Hitler, le chef de l’Allemagne voulait que son pays fût le plus puissant du monde. Il pensait aussi que les Allemands faisaient partie de la race supérieure et qu’ils devaient commander les autres peuples, jugés inférieurs. Avec de telles idées, il entraîna le monde dans la guerre. De 1939 à 1945 se déroula un deuxième conflit mondial comme on n’en avait jamais vu. Il allait causer la mort de 52 millions de personnes.

1. Hitler déchaîne la guerre.

Le 1er septembre 1939, Hitler attaqua la Pologne. Le surlendemain, la France et l’Angleterre lui déclarèrent la guerre. D’octobre 1939 jusqu’au printemps 1940, les armées adverses s’observèrent derrière leurs lignes retranchées. C’était ce que l’on a appelé la « drôle de guerre ». Soudain, le 10 mai 1940, Hitler ordonna l’offensive générale. La « guerre éclair », la blitzkrieg, commença ! Des colonnes impressionnantes de chars, d’avions, de fantassins regroupés au sein de divisions blindées fondèrent d’un seul coup sur leur adversaire. Les défenses françaises furent pulvérisées. La résistance de notre armée fut acharnée : plus de 100 000 soldats français furent tués en un mois. Ils prouvèrent qu’ils étaient toujours dignes de l’héroïsme de leurs ancêtres. Mais ils ne pouvaient rien faire contre la supériorité allemande. Le 14 juin, les Allemands pénétrèrent dans Paris : la France était vaincue ! L’invasion du territoire provoqua la fuite vers le sud de huit millions de civils affolés : c’était l’exode. Dans un désordre indescriptible des familles entières se lancèrent sur les routes sous le feu des avions allemands qui les mitraillèrent afin de semer la terreur. Des vieillards sur des charrettes à cheval, juchés sur un inconcevable amas de meubles, des mères poussant leur landau au côté d’hommes chargés de valises, ce fut le spectacle tragique qu’offraient les routes de France en ce mois de juin 1940.

2. Pétain signe l’armistice.

Le 25 juin, le maréchal Pétain, un vieillard de 83 ans, devenu chef du gouvernement, signa l’armistice aux conditions très dures. La France n’existait plus comme grande puissance. Elle était un pays occupé et pillé par les Allemands. Deux millions de soldats français étaient retenus prisonniers dans des camps en Allemagne. Hitler dominait toute l’Europe, sauf la Grande- Bretagne. Les deux tiers de la France allaient rester occupés pendant quatre ans. Le reste du pays était dirigé par un nouveau régime politique établi à Vichy « l’État français » dont le chef était Pétain. Le Maréchal restait à ce jour le chef d’État le plus âgé de toute l’histoire de notre pays. Il supprima la République, et son gouvernement collabora avec les Allemands. Le régime de Vichy fut au service de la politique allemande. Cependant, certains Français courageux voulaient continuer la lutte. Le général de Gaulle, qui avait réussi à rejoindre l’Angleterre, était l’un deux.

3. Le général de Gaulle appelle à continuer la lutte. 

Depuis le 6 juin 1940, le général Charles de Gaulle était membre du gouvernement comme sous-secrétaire d’État à la Défense. Au soir du dimanche 16 juin, à Bordeaux, de Gaulle apprenait la signature de l’armistice avec l’Allemagne. Nullement abattu, il prit la décision de continuer la guerre contre l’Allemagne et d’appeler à la Résistance, depuis Londres, avec le soutien de l’Angleterre. Le lundi 17 juin, à 9 heures du matin, le général se rendit à l’aérodrome de Bordeaux- Mérignac, accompagné de quelques amis. Ils se serrèrent la main, se dirent au revoir, puis, dès que l’appareil commença à rouler, de Gaulle sautadedans et fit claquer la porte. L’avion s’enleva dans les airs, tandis que les policiers et les officiers restèrent bouche bée. De Gaulle, dans ce petit avion, emportait avec lui l’honneur de la France… Dès le début d’après-midi, il obtint du Premier ministre anglais, Churchill, l’autorisation d’utiliser la radio anglaise, la BBC. Le mardi 18 juin, à 17 h 30, il arriva à la BBC et vêtu de son uniforme, d’un képi rouge orné de feuilles de chêne et ganté de blanc, le général fut escorté jusqu’au studio. Calme mais tendu, il s’asseya à la table située au centre de la pièce, déplia les deux feuillets de papier et regarda fixement le micro. C’est alors que sa voix, devenue célèbre depuis lors, s’envola vers la France : « Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. »

4. La Résistance s’organise.

L’ennemi était maître chez nous, si quelqu’un résistait, il était aussitôt arrêté et exécuté. Tout cela dura quatre années, quatre années de misère, de privation, de souffrance mais aussi de résistance. Le général de Gaulle reconstitua une armée française : les forces françaises libres (FFL). De France et des colonies, des soldats et des officiers rejoignirent le général de Gaulle en Angleterre. En territoire occupé, la Résistance s’organisait. Des Français audacieux poursuivaient le combat secrètement contre l’occupant. Ils attaquaient les convois allemands et faisaient sauter des ponts. Des réseaux cachés de combattants étaient créés et regroupaient des Français de toutes origines sociales et de toutes tendances politiques. À partir de 1943, beaucoup de jeunes refusant d’aller travailler de force en Allemagne gagnèrent les maquis (lieux où se cachaient les résistants). Certains, comme Jean Moulin, le paieront de leur vie. Plus jeune préfet de France, il fut le seul à refuser d’obéir aux Allemands qui avaient envahi la France. Il entra immédiatement dans la Résistance. Après avoir rencontré le général de Gaulle, il remplit de nombreuses missions. Le chef de la résistance en fit son représentant en France. Une telle responsabilité comportait d’immenses risques. Il vécut dans la clandestinité et se fit tantôt appeler « Max », tantôt « Rex ». Jean Moulin parcourait le pays pour convaincre différents mouvements de résistance de travailler ensemble. Mais beaucoup ne voulaient pas reconnaître l’autorité du général de Gaulle. Il fallut beaucoup de conviction à Jean Moulin pour créer le Conseil national de la Résistance (CNR) en mai 1943. Le général de Gaulle fut reconnu comme son chef politique. Trahi, Jean Moulin fut arrêté par la Gestapo de Lyon et torturé pendant des jours par l’officier SS Klaus Barbie pour connaître ses secrets. Un des Allemands qui l’interrogea lui donna de quoi écrire car il n’avait plus la force de parler. Jean Moulin, qui aimait le dessin et la peinture depuis son plus jeune âge, dessina alors la caricature de son bourreau, dernier acte de résistance de « Max » qui mourra sans avoir donné un seul de ses camarades.

Résumé

1. Hitler réussit par ses paroles à conquérir la population allemande. Il s’empara du pouvoir en 1933 et institua, dans la terreur, une dictature. Sa politique de domination européenne déclencha la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945).

2. Pour la France la guerre fut une guerre éclair, son armée fut vaincue en quelques semaines.

3. La France était alors un pays occupé. Le maréchal Pétain devint « chef de l’État français » et accepta de collaborer avec l’ennemi.

4. Depuis Londres, le général de Gaulle prit la tête de la France libre et continua, presque seul, le combat contre les Allemands.

5. De Gaulle chargea le jeune préfet, Jean Moulin, d’unifier les différents mouvements de résistance qui avaient surgi en France. Trahi, il fut arrêté par la Gestapo de Lyon et torturé pendant des jours par Klaus Barbie. Il mourut sans avoir parlé.

Questionnaire

Quand et pourquoi la France déclare-t-elle la guerre à l’Allemagne ?

Comment les soldats français se sont-ils comportés durant les combats ?

À quelle date le maréchal Pétain demande-til aux Allemands l’armistice ?

Qui a lancé l’appel du 18 juin 1940 ? Comment les résistants agissent-ils ?

Qui est le chef de la résistance française ?

Quelle fut son action principale ?

Dans quelles conditions est-il mort ?

Pourquoi a-t-il refusé de parler ?

Que pensez vous d’une telle fin ?

D’après l’image, page de droite, dites ce qu’exprime le regard de Jean Moulin ?

Extrait de "Histoire de France, De la Gaule à nos jours", Ernest Lavisse, Dimitri Casali, (Editions Armand Colin), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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