Pas besoin d’en faire toute la semaine, faire du sport le week-end peut suffire pour maintenir sa forme physique<!-- --> | Atlantico.fr
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Selon une étude publiée dans le JAMA Internal Medicine, le fait de pratiquer les niveaux recommandés d'activité physique hebdomadaire en 1 ou 2 séances le week-end n’influence pas les risques de mortalité.
Selon une étude publiée dans le JAMA Internal Medicine, le fait de pratiquer les niveaux recommandés d'activité physique hebdomadaire en 1 ou 2 séances le week-end n’influence pas les risques de mortalité.
©AL BELLO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Bienfaits pour le métabolisme

C’est ce que montre une nouvelle étude publiée dans le JAMA Internal Medicine par des chercheurs américains.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Selon une étude publiée dans le JAMA Internal Medicine, le fait de pratiquer les niveaux recommandés d'activité physique hebdomadaire en 1 ou 2 séances le week-end ou en plusieurs séances réparties sur l’ensemble des jours de la semaine n’influence pas les risques de mortalité. Alors qu’on nous répète régulièrement qu’il faut pratiquer une activité physique régulière, que nous apprend cette étude ?

Christophe De Jaeger : Dans toutes les recommandations « santé », l’activité physique a une place importante. En effet, le corps humain n’a pas été conçu pour la sédentarité et de nombreuses maladies y sont associées : maladies cardio-vasculaires, maladies métaboliques, cancers… 

Mais autant il est facile de prendre un médicament en cas de maladie, autant il est difficile de pratiquer une activité physique régulière, si on n’aime pas le sport.

Faire de l’exercice physique a deux défauts majeurs, du moins pour les personnes qui ne prennent pas de plaisir à en faire. Suivre les recommandations en vigueur demande beaucoup de temps et génère de la fatigue. Nous avons donc une multitude de « bonnes raisons » pour ne pas bouger ou juste se donner l’illusion de bouger. Tout, dans notre vie quotidienne, nous mène à la sédentarité et il est difficile de pratiquer une activité régulière.  

Cette étude va donc faire plaisir à de très nombreuses personnes, car elle semble montrer qu’il est inutile de « s’embêter » à faire du sport régulièrement puisque les résultats sont les mêmes si on pratique une activité de la même durée uniquement le week-end. En médecine, on a toujours été attaché au fait qu’il fallait répéter un entraînement régulièrement, par exemple trois fois par semaine pour avoir de bons résultats plutôt qu’une fois. On considère également que le « sportif du week-end » n’est pas un vrai sportif. 

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De nombreuses expériences ont été menées pour minimiser ce temps d’activité physique. Dans cette étude, il ressort qu’il n’y a pas de vraies différences de mortalité entre les groupes qui s’entraînent régulièrement et ceux qui s’entraînent le week-end. Cet élément est donc très rassurant pour toutes les personnes qui n’ont pas le temps de s’entraîner en semaine. En fait les choses ne sont pas si simples. 

150 minutes par semaine d'exercice d'intensité modérée a-t-il vraiment les mêmes bénéfices que 75 minutes d'activité physique intense ?

C’est très compliqué à démontrer avec une étude de ce type, dont les biais sont nombreux. Pour arriver à une telle conclusion, il faudrait faire une étude très poussée en mesurant la masse musculaire des personnes avant et après des types d’exercices parfaitement définis et contrôlés. De plus tous les individus sont différents fonction de leur morphologie, de leur sexe, de leur âge, de leur statut hormonal, etc… Certains ont besoin de plus ou moins de sport pour conserver leur masse musculaire, ou arriver à certains résultats.  

Cependant, cette étude à été réalisée sur près de 350 000 individus, nous permet de dégager une certaine tendance. On sait parfaitement que les gens sédentaires ont plus de risques de maladies cardio vasculaires, métaboliques et cancéreuses, que s’ils font une activité modérée ou intense, ils seront protégés. Finalement, peu importe si un individu bouge beaucoup ou peu, tant qu’il bouge. 

Quelles sont les limites de cette étude ? 

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Cette étude se heurte à plusieurs problématiques.

La première problématique majeure est l’âge moyen de la population : 40 ans !

Ce n’est pas un âge où l’on meurt de maladies cardio vasculaires ou de cancer. Il aurait été beaucoup plus intéressant de regarder une population plus âgée. Par exemple de 50 ou 60, ou même de 70 ans, où justement surviennent toutes les pathologies. Je pense donc qu’il s’agit là d’un premier biais majeur qui limite l’intérêt de cette étude. 

L’autre biais majeur est que cette étude est basée sur l’autoévaluation. L’autoévaluation est extrêmement trompeuse. Certains vont considérer que les 30 minutes de bicyclette qu’ils font est « intense », alors que d’autres considéreront l’exercice en question comme « minable ». Il existe donc des écarts parfois considérables entre le ressenti des gens et la réalité de ce qu’ils font. Nous voyons cela quotidiennement à ma consultation. 

Enfin, à bien regarder les chiffres, on voit qu’il est tout de même plus intéressant en termes de mortalité de faire de l’exercice en plusieurs fois qu’en une, même si cette différence est peu ou pas significative. 

Il faut également toujours garder à l’esprit face à ce type d’étude de population qui travaille sur des moyennes, que cela n’est qu’une vision de la réalité et que la vraie réalité de l’individu peut ne pas correspondre à la « réalité » moyenne, ce que l’on oublie souvent. L’important n’est pas tant la moyenne, qui sert néanmoins à nous guider, mais la personne en face de nous. Par exemple, il est évident que si vous êtes une personne stressée et plutôt mince, il y a un bénéfice par rapport à la détente que va apporter une activité physique régulière. La sécrétion d’hormones joue également un rôle primordial pour notre bien-être. À l’inverse, si vous êtes en surpoids, courir sur de longues périodes n’est pas anodin pour les articulations. En somme, ce genre d'étude, basée sur des statistiques, sert à dégager une moyenne, mais ne peut pas représenter tous les individus. Appliquer les résultats de l’étude d’une population à un sujet A peut être très bien, mais devenir délétère pour un sujet B. 

Quels sont les meilleurs exercices à effectuer pour arriver à ce résultat ? Quels sont les avantages à faire ce type d’exercices ?

Deux types d’exercices sont très importants. Le premier est le cardio-training. C’est un exercice qui vise à conserver une certaine fréquence cardiaque pendant un temps donné. Le facteur d’intensité est donc primordial. Vient ensuite la durée de la séance et enfin le nombre de séances par semaine, idéalement 3 par semaine. Des  sports comme le vélo, la bicyclette elliptique, le rameur ou la natation sont très efficaces et ont des effets positifs pour le cœur, les poumons et le fonctionnement du cerveau. Mais les activités physiques de type cardio-training ne contribuent pas de façon significative à l’augmentation de notre masse musculaire. Pour cela, il faut recourir à la musculation qui peut prendre de multiples aspects. Les muscles sont un éléments très important de notre santé que l’on néglige trop souvent. Ils sont toujours en activité et l’augmentation de leur masse permet d’augmenter le métabolisme de base de notre organisme, permettant ainsi une augmentation de notre consommation de calories et permettent ainsi de diminuer notre masse grasse.

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