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Zut alors, Paris est la 4e ville la plus compétitive au monde !
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Zone franche

La capitale française reste l’une des métropoles économiquement les plus attractives au monde. Mais tout espoir de glissement dans le classement n’est pas perdu.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Figurez-vous (j’espère que vous êtes assis et que vous ne prenez pas connaissance de cette information sur un quai de métro bondé, au risque d’être déstabilisé et de finir en « incident grave de voyageur ») que Paris est « la quatrième ville la plus compétitive au monde », ex-æquo avec Hong-Kong et juste derrière New-York, Londres et Singapour !

Absolument. La capitale du pays le plus flippé de la planète, dont les habitants se traînent comme des âmes en peine du matin au soir et observent la débâcle athénienne à la télé en se demandant s’il s’agit de la bande annonce de leur propre film catastrophe, est en réalité l’une des métropoles économiquement et culturellement les plus dynamiques qui soient. Mieux, son « attractivé globale » arrive carrément seconde, juste derrière celle de Londres mais des kilomètres devant le reste du gang (120 villes comparées entre elles, dont Tokyo, Shanghai, Francfort, etc.).

Mais qui raconte ça, enfin ? Un communiqué mythomane de l’office du tourisme ? Une obscure étude tripatouillée par la chambre de Commerce ? Point du tout. C’est l’Economist Intelligence Unit ― une structure d’analyse statistique dépendant de l’organe central de l’ultranéolibéarisme mondialisé The Economist ­― qui en atteste et ça n’est pas exactement d’un antre de la francophilie délirante qu’il est question.

De fait, les « numbers crunchers » du capitalisme triomphant l’ont tellement en travers de la gorge, ce podium inattendu, que l’illustration de couverture de leur rapport fait l’impasse sur la tour Eiffel (voir ci-contre). Bon, on ne va pas se mettre en rogne pour si peu. Qu’importe le flacon, hein…

Je ne vous fais pas le détail du document, intégralement accessible ici, mais en gros, c’est un mix de ressources humaines, de qualité des infrastructures, d’environnement réglementaire, de dynamisme du monde des affaires, de potentiel de recherche et de « qualité de la vie » en général qui fait qu’une ville est plus ou moins bien située dans le classement. Imaginez un peu où nous en serions si nous avions des taxis dans les rues, une vie nocturne digne de ce nom et des banques capables de prêter l’argent fourni de l’État aux entreprises au lieur de l’entasser dans leurs sous-sols : même New-York devrait aller se rhabiller !

Paris, OK, mais et Marseille alors ?

C’est d’ailleurs intrigant, cette capacité de Paris ― et de la France d’une manière générale, qui est toujours, assez miraculeusement, la cinquième puissance mondiale ― de tenir son rang quoi qu’il arrive, ni sa légendaire neurasthénie ni son art consommé de se mettre elle-même des bâtons dans les roues ne parvenant à la faire couler pour de bon.

Ça viendra peut-être un jour mais, pour le moment encore, tous nos efforts en ce sens ont l’air de rester vains.

Remarquez, si l’on cherche la petite bête et que ce genre d’info encourageante clashe un peu trop avec le désir de déclin qui fonde notre caractère national, on peut trouver de quoi se trouver moche dans l’étude : Paris est la quatrième ville la plus compétitive au monde, la quatrième meilleure ville au monde, n’ayons pas peur des mots, mais c’est aussi la seule ville française à être mentionnée. Les Britanniques, de leur côté, ont aussi Birmingham en magasin (37e position), les Allemands casent Francfort, Berlin et Hambourg dans la liste (11e, 31, 35e), l’Espagne se débrouille pour faire citer Madrid et Barcelone (28e, 41e), l’Italie Milan et Rome (47e, 50e)et même la petite Suisse assure avec Zurich et Genève (7e et 13e).

Hum, il est vrai que trouver Marseille dans le lot aurait pas mal décrédibilisé le boulot, même au niveau de la voiture-balai (pour le coup, c’est Téhéran qui s’y colle).

Mais bon, je suis là, en train de trouver ça formidable, Paris en quatrième position des villes qui touchent encore vraiment leur bille sur cette vieille terre quand d’autres y verront la marque de la victoire des méchants sur les gentils (une capitale économiquement dynamique ? Et encensée par The Economist par dessus le marché ? Mais c’est affreux !). Allez, courage, avec un peu de chance, ça ne durera plus très longtemps.

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